par Myriam Berber
Article publié le 28/10/2008 Dernière mise à jour le 29/10/2008 à 08:15 TU
Le président français Nicolas Sarkozy a dévoilé dans les Ardennes les nouvelles mesures de soutien à l’emploi en France.
(Photo : Reuters)
« Après les mesures de sauvegarde des banques et des entreprises, c’est la troisième étape du plan d’action global que nous mettons en œuvre pour sortir de la crise financière », a déclaré le président Nicolas Sarkozy en ouverture de son discours sur l’emploi à Rethel, dans l’est de la France. Ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy a choisi cette petite bourgade dans les Ardennes. Ce bassin d’emploi fut, en effet, l’un des sept à bénéficier d’un dispositif d’accompagnement des chômeurs, mieux encadrés et mieux indemnisés.
Pour soutenir l’emploi, le chef de l’Etat veut créer une véritable « Sécurité sociale professionnelle ». Pour cela, il a dévoilé une série de mesures de soutien à l’emploi, que l’Elysée refuse d’assimiler à un plan, mais qui y ressemble fortement. Une des principales mesures annoncées est la relance des contrats aidés. Le retour de ces contrats, largement financés par l’argent public, devrait permettre de servir d’amortisseurs à la crise. Le nombre de ces emplois aidés pour 2009 sera porté à 330 000, soit 100 000 de plus que prévu, mais cette fois-ci l’accent sera mis sur « l’accompagnement des bénéficiaires ».
Des CDD plus souples
Autre mesure importante : l’extension des contrats de transition professionnelle (CTP) pour les licenciements économiques. Ce dispositif de reclassement mis en place dans sept bassins d’emploi depuis 2006 est déjà prévu pour les salariés des sous-traitants de Renault à Sandouville en Normandie. De même, il a demandé que les petites et moyennes entreprises puissent recruter des contrats à durée déterminée (CDD) sans restriction pendant une période limitée. C'est d'ailleurs une des mesures qui fait bondir l'opposition socialiste :
Ces dernières semaines, de nombreux secteurs industriels ont annoncé des suspensions d’activité dans leurs usines. « Perdre un emploi, ce n’est pas un drame si on est sûr de pouvoir en retrouver un », a argumenté le président qui a plaidé pour que la formation professionnelle soit réorientée vers ceux qui en ont le plus besoin. Autre axe développé par Nicolas Sarkozy : « une indemnisation chômage plus juste et des mesures incitatives à une reprise d’emploi plus rapide ». Dans ce contexte, la fusion entre ANPE et Assedic sera accéléré afin de proposer partout en France dès l’été 2009 des guichets uniques chargés d’accompagner les chômeurs dans leur recherche d’emploi. Cette réforme est, selon lui, « cruciale », pour en finir avec « la course d'obstacles si souvent associée à la recherche d'emploi ».
Fidèle à son slogan « travailler plus pour gagner plus », Nicolas Sarkozy a plaidé pour le travail dominical et demandé aux parlementaires d’examiner « maintenant » et « sans tabous » une proposition de loi déjà prête. Enfin, le chef de l’Etat a mis en garde les entreprises contre « les plans sociaux non justifiés » et «les stratégies cyniques ou opportunistes » de firmes qui profiteraient de la crise pour licencier. « Celles qui essayeront de jouer à ce jeu-là sont prévenues : le gouvernement sera intraitable », a-t-il déclaré sans toutefois donner plus de détail. Par ailleurs, il a sommé les partenaires sociaux de conclure les négociations en cours sur la formation professionnelle et l’assurance-chômage avant la fin de l’année.
Les entreprises touchées par la crise
Il y a, en effet, urgence. Les annonces de plans sociaux ou de périodes de chômage technique se multiplient. Certains secteurs sont particulièrement exposés comme l’automobile. Le groupe Peugeot Citroën a annoncé que la majorité de ses sites de production en Europe seront affectés par des mesures de chômage partiel au quatrième trimestre 2008. Renault a, pour sa part, commencé à arrêter la production de ses usines pour une ou deux semaines. Le groupe automobile a aussi confirmé, en septembre dernier, la suppression de 2 000 emplois en Europe. Ce plan social s’ajoute aux 4 000 départs volontaires annoncés en juillet sur les sites français.
Le secteur du textile est également touché. L'une des marques les plus emblématiques de l’industrie française, Dim, a annoncé l’arrêt début 2009 de sa production de lingerie à Autun, en Saône-et-Loire pour la regrouper en Roumanie. Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis annonce également des dégraissages, et notamment un projet de réorganisation entraînant la suppression de plus de 900 postes dans l'Hexagone, principalement des visiteurs médicaux.
La baisse de la consommation affecte directement les distributeurs. Deux grands spécialistes de la vente à distance ont annoncé des licenciements. Après plus de 60 ans d’activités, la Camif a été placé en liquidation judiciaire et le numéro un du secteur, la Redoute, a annoncé la fermeture de 81 points de contacts en France et la suppression de 600 emplois. Motifs : le retournement de conjoncture et l’essor du commerce en ligne. Le groupe de travail temporaire Adecco envisage également la suppression de postes en France d’ici 2009, en raison de la récession. Pour faire face aux pertes liées à la crise des « subprimes », les banques cherchent également à contrôler au maximum leurs coûts. Le groupe des Caisses d’Epargne prévoit ainsi de supprimer 4 500 postes d’ici 2012.
ll fallait du pragmatisme, il y en a eu, de la détermination... également. Mais le président de la République n'a pas réellement convaincu sur le volet social de sa gestion de la crise.... Comment peut-on trouver 370 milliards d'euros pour soutenir les banques et ne pas trouver 15 à 20 milliards pour relancer le pouvoir d'achat, interroge une partie de l'opposition dont la socialiste Martine Aubry ... Un argument simpliste pour certains, mais qui a le mérite de refléter une véritable interrogation doublée d'inquiétude chez les Français. La promesse faite de créer 100 000 contrats aidés supplémentaires et d'étendre le contrat de transition professionnelle apparaît comme un traitement social du chomage, et non pas comme un plan de relance de l'emploi. Cela au moment où les entreprises - et non des moindres comment Renault, Peugeot, la Redoute- réduisent leurs effectifs et où on attend pour ce jeudi les chiffres du chomage d'octobre qu'on prévoit déjà mauvais. Au final, Nicolas Sarkozy donne l'impression de naviguer entre libéralisme et étatisme, une posture qui a pour le moins l'inconvénient d'attirer un large spectre de critiques. Analyse politique : un plan qui a du mal à convaincre
« Les contrat aidés c'est comme la morphine, cela soulage mais cela ne guérit pas... »
Député socialiste
« Nous ce qu'on attendait, c'était des mesures pour le pouvoir d'achat, l'augmentation du budget logement... Rien de tout cela, uniquement l'explosion du CDD, et le travail le dimanche... »
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« Nous sommes déçus par le caractère assez insuffisant des propositions du président de la République. »
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« Il y a un Etat minimal qui laisse les entreprises procéder aux plans de suppression d'emplois et nous aurons à gérer les conséquences de ceci. »
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« Au Medef, nous sommes attentifs aux difficultés que rencontrent les salariés et les entreprises. »
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« Je dis à toutes les entreprises que je n'accepterai pas les stratégies cyniques ou opportunistes. »
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« Je pense que l'on ne va jamais assez vite parce qu'une personne qui reste au chômage ne pense pas qu'on en fait assez pour elle. Et c'est à elle que l'on doit penser. »
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