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Conjoncture

La France est en «récession technique »

par Myriam Berber

Article publié le 03/10/2008 Dernière mise à jour le 03/10/2008 à 17:45 TU

Eric Woerth, ministre français du Budget.(Photo : Reuters)

Eric Woerth, ministre français du Budget.
(Photo : Reuters)

La crise internationale pèse sur la croissance française. La France devrait entrer en récession. Dans son dernier point de conjoncture, l’Institut de la statistique (Insee) constate que l’activité devrait continuer à reculer pour les troisième et quatrième trimestres 2008, à cause de la faible consommation des ménages.

Jusque-là, le gouvernement n’avait jamais prononcé le mot de « récession » préférant tempérer et utiliser les termes de « croissance négative » ou de « croissance faible ». Mais, ce vendredi, le gouvernement l’a enfin reconnu, par la voix de son ministre du Budget. Venu aux journées parlementaires de l’UMP à Antibes, Eric Woerth a prononcé les mots de « récession technique » après l’annonce de prévisions pessimistes publiées par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Eric Woerth

Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique

« La solution est au niveau mondial pour rénover les structures du capitalisme ».

03/10/2008 par Véronique Rigolet

Dans leur dernier point de conjoncture, les économistes de l’Insee font état d’un recul de 0,3% de l’activité en France pour le deuxième trimestre et ils prévoient que la tendance va se poursuive aux troisième et quatrième trimestres. Le PIB devrait baisser de 0,1%, selon l’Insee. Une première depuis 1993. Selon la définition technique, un pays entre en récession quand son PIB se replie pendant au moins deux trimestres consécutifs.

Le chômage revu à la hausse

Pour autant, sur son point de conjoncture, l’Insee n’emploie pas le mot de « récession » et préfère dire que « la croissance cale ». La raison invoquée par Eric Dubois, le chef du département de la conjoncture, « c’est qu’il existe plusieurs définitions de la récession ». Ainsi, aux Etats-Unis, on définit la récession comme une baisse significative répandue dans l’ensemble de l’économie qui dure plus que quelques mois et qui affecte à la fois le PIB, les revenus, la production industrielle, l’emploi, les revenus et le commerce de gros et de détail. 

Dans un contexte international plutôt difficile, tous les moteurs potentiels de la croissance se sont dégradés au printemps. Ce recul a conduit l'Insee à réviser à la baisse ses prévisions de croissance en France sur l'ensemble de 2008 : de 1,6 % à  0,9 %, contre 2,1% en 2007 et 2,4% en 2006. Un coup de frein qui s’explique par un ralentissement de la consommation des ménages. Plus précisément, le pouvoir d’achat des ménages a enregistré une baisse de 0,4% au deuxième semestre. Au total, il ne progresserait que de 0,7% cette année contre 3,3% en 2007. Le pouvoir d’achat est également pénalisé par la faiblesse du marché du travail. Le chômage a, lui, été revu à la hausse à 7,4% eu lieu de 7,1%. L’investissement des entreprises a sérieusement ralenti avec une hausse de 2,4% contre 7,3% en 2007. Les échanges extérieurs ont également manqué de dynamisme. Les exportations ont diminué de 0,9% au deuxième trimestre 2008. Les importations ont également diminué de 0,3%.

François Fillon exclut de « renoncer à maîtriser la dépense »

L’économie française fait les frais d’un environnement international en crise. Selon l'Insee, trois chocs expliquent le ralentissement de l'économie mondiale. D’abord, la correction de la bulle immobilière qui suscite dans de nombreux pays une baisse de l'investissement des ménages. Ensuite, l'envolée des prix des matières premières jusqu'à l’été qui a amputé le pouvoir d'achat. Enfin, les perturbations des marchés financiers dues à la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes ») qui entraînent un durcissement du marché du crédit.

Malgré une conjoncture guère favorable, le Premier ministre français maintient l’objectif d’un déficit proche de zéro en 2012. François Fillon exclut de « renoncer à maîtriser la dépense ». «Ce serait trahir non seulement nos engagements européens, ce serait aussi alourdir encore davantage le fardeau de la dette que nous léguons à nos enfants », a-t-il expliqué, ce vendredi, devant les députés et sénateurs UMP réunis à Antibes (sud-est) pour leurs journées parlementaires. Des propos contraires à ceux d’Henri Guaino, l'un des plus proches conseillers du président Sarkozy, qui avait plaidé, la veille, pour un assouplissement des règles européennes sur le déficit budgétaire, en indiquant que les critères de Maastricht « ne sont pas la priorité des priorités ». En France, le déficit public pour 2007 a déjà atteint 2,7% du PIB. Or le Pacte de stabilité et de croissance européen prévoit des critères stricts de dette publique et de déficit que les Etats membres ne doivent pas dépasser. Il fixe à 3% du produit intérieur brut la limite pour le déficit.

A écouter

Philippe Chalmin

Professeur à l'Université de Paris Dauphine

« Une économie en récession, c’est une économie qui ne crée plus d’emplois, et là où il y a un lien avec la crise financière, c'est que les banques sont dans un tel état, qu’aujourd’hui les cordons de la bourse se referment pour les particuliers et plus grave encore, pour les entreprises ».

03/10/2008