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Crise financière

Banques françaises : des risques limités ?

par Myriam Berber

Article publié le 01/10/2008 Dernière mise à jour le 01/10/2008 à 19:11 TU

Après une réunion de crise mardi à l’Elysée, c’est au tour du Premier ministre français François Fillon de prendre la parole sur la crise financière. Le chef du gouvernement reconnaît que les banques françaises sont potentiellement vulnérables mais assure que l'Etat mettra tout en œuvre pour les préserver de la faillite. En Europe, les dirigeants se veulent rassurants. Le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, a indiqué que les pays de l’Union envisageaient « une action commune pour garantir les dépôts bancaires des particuliers sur le continent ».
La Caisse nationale des Caisses d'épargne (CNCE) a fait son apparition mercredi parmi les victimes potentielles de la crise financière, selon l’hebdomadaire <i>Le Canard enchaîné, </i>le 1<sup>er</sup>&nbsp;octobre 2008.(Photo : AFP)

La Caisse nationale des Caisses d'épargne (CNCE) a fait son apparition mercredi parmi les victimes potentielles de la crise financière, selon l’hebdomadaire Le Canard enchaîné, le 1er octobre 2008.
(Photo : AFP)

Dans un entretien au quotidien économique Les Echos, le Premier ministre français, François Fillon, a modéré l'optimisme affiché mardi à la sortie de l'Elysée par les dirigeants des principales banques et compagnies d’assurance françaises. « Les risques de propagation de la crise à l'ensemble du système financier sont réels », selon François Fillon qui évoque un scénario équivalent à la crise de 1929 couplé à un choc pétrolier proche de celui de 1973. « Les banques françaises ne sont pas à l'abri de difficultés si une grande banque européenne défaillait. S'il devait y avoir un incident sur un établissement français, on le traite là maintenant, tout de suite », a-t-il promis.

De fait, le gouvernement ne s’interdit « aucune solution ». « Si une banque française a des difficultés, l'Etat peut faciliter son adossement, prendre une participation comme nous l'avons fait avec Alstom et avec Dexia. Nous nous donnerons les moyens d'empêcher un sinistre financier majeur. Il n'y aura pas de faillite », a indiqué François Fillon. Pour aider les petites et moyennes entreprises qui auraient des difficultés à obtenir des crédits, le ministère des Finances envisage un renforcement des dispositifs d’aide via Oséo, le plan de soutien aux PME innovantes. Par ailleurs, le chef du gouvernement envisage de réaffecter des excédents de la collecte du Livret A au financement de l’économie. Pour les particuliers, le gouvernement étudie des solutions pour mieux garantir l’accession sociale à la propriété.

Des rumeurs sur les Caisses d’épargne

Après les déclarations de François Fillon qui assure que l'Etat viendra au secours de tout établissement bancaire en difficulté, l’information rapportée par l’hebdomadaire Le Canard enchaîné, selon laquelle la Caisse nationale des Caisses d'épargne (CNCE) serait à la recherche de 6,5 milliards d'euros pour consolider sa situation financière, a fait l’effet d’une bombe. Le journal évoque les déboires du groupe avec sa filiale immobilière Nexity ainsi qu'avec sa banque d'investissement Natixis.

La direction du groupe a démenti « catégoriquement » l'ensemble des informations publiées par le journal. La CNCE est « solide » au regard des résultats trimestriels, en ce qui concerne les comptes au « 31 décembre 2008 », en revanche « nous ne préjugeons pas de ce qui peut se passer », a précisé un porte-parole de la direction de la CNCE. La banque détient, avec le groupe Banques populaires, la filiale Natixis dont l'action est au plus bas : 70% de baisse depuis le début de l'année. L’Autorité des marchés financiers (AMF) vient d'ouvrir une enquête sur la chute de ce titre.

Alors faut-il redouter une mauvaise surprise du côté des banques françaises ? Globalement, les établissements français sont moins exposés aux crédits immobiliers à risques américains (« subprimes »), même si cette crise leur a coûté 17 milliards d'euros à ce jour. Pourquoi une telle résistance ? Le marché bancaire français se distingue en effet par la quasi-absence de banques d'investissement, principales victimes de la tourmente financière. Le modèle de banque en France est celui de la banque dite « universelle », qui regroupe plusieurs activités :octroi de crédits aux ménages et aux PME, gestion de fortune ou bien encore conseil en fusion-acquisition. Par ailleurs, les banques françaises disposent de réserves abondantes. Le taux d'épargne des ménages est, en effet, élevé en France – environ 15% de leurs revenus , ce qui constitue pour les banques une source sûre de financement.

Une limite de 70 000 euros par déposant

Les banques françaises sont également étroitement surveillées par la Banque de France, qui vérifie leur taux de solvabilité. Si malgré tout, un établissement français – directement ou indirectement via ses filiales – ne pouvait pas faire face à ses engagements, l’Etat le sauverait de la faillite comme l’ont indiqué Nicolas Sarkozy et François Fillon. En cas de faillite d’un établissement, le Fonds de garantie des dépôts, auquel les banques françaises et filiales de banques étrangères présentes en France sont tenues d'adhérer, indemniserait la plupart des dépôts en espèces (comptes courants, livrets, plan épargne-logement, etc.) dans une limite de 70 000 euros par déposant.

Face à l’augmentation de l’exposition des banques européennes, les appels en faveur d’une action concertée sur le Vieux Continent se font de plus en plus nombreux. Pas question toutefois de recourir à un plan de sauvetage comme aux Etats-Unis, l’hypothèse retenue pourrait être la mise en place d’«une action commune pour garantir les dépôts bancaires des particuliers sur le continent », selon le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, qui souhaite « une coopération plus étroite entre les Vingt-Sept ». Cette idée est l’une des questions qui sera abordée samedi à Paris lors d’une réunion convoquée par le président Nicolas Sarkozy, à laquelle devraient participer les dirigeants des quatre pays européens du G8 (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, France) et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet et le patron de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker.

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