Etats-Unis

Washington Mutual, une banqueroute historique

par Myriam Berber

Article publié le 26/09/2008 Dernière mise à jour le 26/09/2008 à 16:15 TU

Les autorités américaines ont prononcé, jeudi 25 septembre 2008, la faillite du premier réseau de caisses d’épargne du pays, Washington Mutual, plombé par des pertes liées à la crise des crédits hypothécaires à risque (« subprimes »). Il s’agit de la plus grosse faillite jamais enregistrée dans le secteur bancaire américain. L'ensemble des activités de Washington Mutual a été repris par la banque JPMorgan Chase qui devrait lever 8 milliards de dollars pour réaliser cet achat.

La fermeture de la banque américaine Washington Mutual donne aux investisseurs de nouvelles raisons d'inquiétude.
( Photo : Reuters )

Washington Mutual (WaMu) est la nouvelle victime de la tornade financière qui s’est abattue sur Wall Street. La caisse d’épargne américaine a été fermée, jeudi soir, par les autorités fédérales. Cette décision était attendue par les marchés financiers. Le groupe très exposé au marché immobilier a, en effet, perdu 6 milliards de dollars au cours des trois derniers trimestres suite à la crise des crédits hypothécaires à risque (« subprimes »). Et depuis le 15 septembre, les clients de WaMu ont procédé à 16,7 milliards de dollars de retraits. Avant l’annonce, Washington Mutual valait encore 2,9 milliards de dollars en Bourse, en dépit de la chute de son cours de 90% en un an.

Cette faillite intervient le jour de l’anniversaire de la fondation de l’établissement, il y a 119 ans à Seattle, dans l’Etat de Washington. Dans le paysage bancaire, Washington Mutual est une institution. L’établissement a été créé en 1889 pour venir en aide aux habitants de Seattle après l’incendie qui a ravagé le quartier d’affaires de la ville. La compagnie fait sa première acquisition en 1930 après la grande crise. Elle rachète alors la banque en difficulté Continental Mutual Savings Bank. D’autres acquisitions suivront ensuite. 

« Une opération sans conséquences pour les clients »

Washington Mutual, doté de 2 239 agences, compte plus de 43 000 employés. A l’origine simple caisse d’épargne, l’établissement s’est peu à peu transformé en banque commerciale en ajoutant des activités comme les prêts aux petites et moyennes entreprises et la distribution de crédits immobiliers aux particuliers. Mais le retournement du marché du logement a laissé l'institution avec plusieurs dizaines de milliards de dollars de crédits risqués dans son bilan.

Après avoir longtemps résisté, Washington Mutual a accepté la semaine dernière de rechercher un repreneur, mais aucune des banques initialement intéressées - la première banque du pays Citigroup, le groupe financier Wells Fargo et la banque espagnole Santander - n’a déposé d’offre sur l’ensemble du groupe. C’est la banque américaine JPMorgan Chase qui a décidé de reprendre les actifs et les engagements des deux filiales du groupe, Washington Mutual Bank et Washington Mutual FSB. Washington assure que « l’opération sera sans conséquences pour les clients de WaMu ».

900 milliards de dépôts

Cette acquisition constitue un pas important dans la procédure d’assainissement du système financier. Elle répond en outre à la stratégie du directeur général de JPMorgan Chase, Jaimie Dimon, qui souhaite faire de son groupe un poids lourd de la banque de détail dans l’ouest des Etats-Unis. C’est une bonne affaire pour la banque américaine qui avait déjà repris au mois de mars la banque d’affaires Bear Stearns, avec l’aide financière de la Réserve fédérale.

JPMorgan Chase a décidé de passer par pertes et profits les 31 milliards de créances immobilières détenues par sa nouvelle filiale, ce qui devrait permettre, selon elle, de nettoyer complètement ses comptes. Actionnaires et créanciers du groupe devraient donc perdre la totalité de leur mise. Cette opération de rachat nécessitera toutefois que JP Morgan Chase lève 8 milliards de dollars pour réaliser cet achat. Après cette acquisition, JPMorgan devient la plus importante banque américaine quant au montant de ses dépôts, avec 900 milliards de dollars.