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Etats-Unis

700 milliards pour sauver les banques

par Myriam Berber

Article publié le 22/09/2008 Dernière mise à jour le 25/09/2008 à 07:05 TU

Une salle des marchés à Wall Street. (Photo : Reuters)

Une salle des marchés à Wall Street.
(Photo : Reuters)

Le plan décidé par le président Bush prévoit le déblocage de 700 milliards d'euros pour racheter les créances douteuses des banques américaines. Dans la foulée, les deux dernières grandes banques d'affaires américaines, Goldman Sachs et Morgan Stanley, vont changer de statut pour devenir de simples holdings bancaires. Elles seront désormais davantage contrôlées par la Réserve fédérale américaine.

Sept cent milliards de dollars. La somme demandée est sans précédent. Les pouvoirs discrétionnaires exigés par l’Administration Bush également. Le secrétaire américain au Trésor a détaillé, ce week-end, son programme de sauvetage des banques américaines. Ce plan de la dernière chance consiste à octroyer au Trésor des pouvoirs exceptionnels lui permettant, en concertation avec le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, de racheter, pendant deux ans, jusqu'à 700 milliards de dollars de crédits « toxiques », à l'origine de la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »).

Ces créances douteuses seront placées sous l’égide d’une structure à part. Les filiales américaines des banques étrangères pourraient bénéficier du dispositif, mais pas les fonds spéculatifs (« hedge funds »). Outre le rachat des créances douteuses, le plan Paulson prévoit d’interdire la vente à découvert de quelque 800 titres jusqu’au 2 octobre, ce qui interdit a priori de faire de la spéculation. Henry Paulson invite également ses homologues étrangers à « mettre en œuvre des programmes similaires pour leurs banques quand c’est nécessaire ». 

Un vote avant la fin de la semaine

Pour financer ce plan, l’administration prévoit de porter le plafond de la dette nationale à 11 300 milliards de dollars contre 10 600 milliards actuellement. « Je ne peux pas dire quel sera le coût du processus. Le coût final sera déterminé par la vitesse à laquelle l'économie se stabilisera et par ce qui se passe sur les marchés immobiliers », a affirmé Henry Paulson. Avant de préciser qu' « il escomptait à terme revendre les actifs douteux, ce qui devrait faire baisser la facture finale pour le contribuable américain ». Selon une étude de Barclays Capital, le gouvernement américain risque d’emprunter jusqu’à 1 000 milliards de dollars pour financer ce plan. L’équivalent du coût total de l’intervention en Irak.

Le projet a été transmis samedi au Congrès, dont les deux Chambres sont dominées par les démocrates. Le secrétaire au Trésor a insisté pour que le plan soit voté rapidement. « Il est urgent que nous réglions cela », a-t-il affirmé. L'opposition démocrate dit espérer aboutir rapidement à un vote favorable mais elle souhaite quand même modifier le texte pour y ajouter notamment des mesures en faveur des propriétaires touchés par la crise. Pour cause d’élection présidentielle le 4 novembre prochain, un vote pourrait intervenir avant la fin de la semaine au Congrès.

Goldman Sachs et Morgan Stanley sous contrôle de la Fed

Dans la foulée, Goldman Sachs et Morgan Stanley, seules survivantes face la crise des «subprimes » après le dépôt de bilan de Lehman Brothers et le rachat de Merril Lynch par Bank of America, renoncent à leur statut de banque d’affaires pour celui de holding. Cette nouvelle structure juridique pourrait les aider à mieux surmonter la crise financière.  Elles seront notamment habilitées à recevoir des prêts d’urgence de la Réserve fédérale. En contrepartie, Goldman Sachs et Morgan Stanley devront se soumettre à un contrôle plus strict de la part des autorités. Comme le soulignait le Wall Street Journal, « ces mesures marquent la fin du Wall Street tel qu'on le connaissait depuis des décennies ».

Le plan de sauvetage annoncé par le Trésor américain pourrait faciliter certaines opérations de fusion. Après son changement de statut, Morgan Stanley a suspendu les négociations avec la quatrième banque commerciale américaine, Wachovia. Les deux parties estiment désormais  «leur rapprochement moins nécessaire ». En attendant, le Japon a déjà mis un pied dans la porte. Le premier groupe bancaire japonais, Mitsubishi UFJ Financial Group, a annoncé lundi son intention d'acquérir entre 10 % et 20 % de Morgan Stanley, pour un montant qui pourrait atteindre 5,8 milliards d’euros. Par ailleurs, le groupe japonais de services financiers Nomura Holdings a annoncé, ce lundi, qu’il allait reprendre la totalité des actifs de la banque d’affaires américaine en dépôt de bilan, Lehman Brothers, en Asie-Pacifique. Les quelque 3 000 employés de Lehman Brothers dans la région se verront tous offrir un travail chez Nomura.

D'autres opérations similaires sont aussi en préparation sur le Vieux continent. Après le rachat de HBOS par Lloyds, les autorités britanniques mèneraient des négociations secrètes pour favoriser le rachat de la banque britannique Bradford & Bingley, fragilisée par la crise du crédit. Selon les médias anglo-saxons, l’Autorité britannique des marchés financiers, la FSA, serait entrée en contact avec le groupe espagnol Santander, avec la banque néerlandaise ING, et avec la National Australia Bank, pour savoir s’ils étaient éventuellement intéressés par le rachat de Bradford & Bingley. Le groupe espagnol Santander est aussi présenté comme un acquéreur potentiel de Bank of Ireland et de Washington Mutual, le premier réseau des caisses d’épargne aux Etats-Unis.