par Myriam Berber
Article publié le 15/09/2008 Dernière mise à jour le 16/09/2008 à 12:11 TU
Contrairement à Merrill Lynch, autre banque d’affaires en difficulté, Lehman Brothers n’a pas trouvé de repreneur et a annoncé, lundi 15 septembre 2008, son dépôt de bilan auprès de la Cour des faillites des Etats-Unis. La banque, qui a perdu 3,9 milliards de dollars au troisième trimestre 2008, s’est placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, ce qui lui permet d’être protégée contre la saisie de ses biens par ses créditeurs. Faute de repreneur, la banque a, en effet, dû se mettre en faillite.
Sans garantie de l’Etat, les éventuels repreneurs ont, tous ce week-end, passé leur tour. Après la banque publique coréenne KDP, la banque britannique Barclays a préféré se retirer du jeu estimant que cela « n’aurait pas été dans l’intérêt des actionnaires ». Egalement évoquée, Bank of America (BoA), la deuxième banque de dépôt des Etats-Unis, a préféré mettre la main sur sa concurrente, le numéro trois de Wall Street, Merrill Lynch, pour 50 milliards de dollars. Le rachat de Merrill devrait permettre à la BoA de devenir l’une des toutes premières banques au monde. La transaction, qui se fera tout en actions, devrait être finalisée d'ici la fin du premier trimestre 2009.
Le risque de contagion
N’étant pas une banque de dépôt, Lehman Brothers se finance en empruntant de l’argent à d’autres banques et à des investisseurs, sa mise en faillite pourrait provoquer des risques majeurs à l’ensemble du système bancaire mondial. Pour éviter un risque de contagion, la Réserve fédérale américaine, la Fed, et la Banque centrale européenne (BCE) ont injecté, lundi 15 septembre 2008, respectivement 29 milliards de dollars et 30 milliards d’euros qui ont d’ores et déjà été engloutis par les banques commerciales, clientes de Lehman.
Dans ce contexte, un nombre croissant d’institutions pourrait se retrouver à cours de fonds. Parmi les plus vulnérables, l’assureur américain, American International Group (AIG). La société, qui a perdu plus de 30% de sa valeur vendredi en raison de ses pertes liées à la crise des «subprimes », s’apprête à annoncer la vente de 20 milliards de dollars d’actifs. La première caisse d’épargne américaine, Washington Mutual (WMU), est également menacée.
Un fonds bancaire d’entraide
Pour éviter un effondrement général, la Réserve fédérale américaine a décidé, dimanche, d’abaisser les conditions d’octroi des crédits aux banques, qu’elles soient d’affaires ou commerciales. A cela s’ajoute une action coordonnée de dix grandes banques internationales qui ont mis en place un fonds doté de 70 milliards de dollars dans lequel elles pourront puiser si elles sont à cours de liquidités. Ce consortium devrait réunir des banques américaines (Bank of America, Citibank, Morgan Stanley) et européennes (la Britannique Barclays, l’Allemande Deutsche Bank et les Suisses UBS et Crédit Suisse).
C’est Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, qui a encouragé la création de ce fonds d’urgence mis en place par les banques. Désormais, le gouvernement fédéral américain veut être un moteur dans la mise au point d’une solution, mais ne veut plus intervenir directement comme ce fut le cas avec la banque d’investissement Bear Stearns en mars 2008 et avec les deux géants du refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, le week-end dernier. L’opération de sauvetage de la Bear Stearns a coûté 30 milliards de dollars à la Fed et le Trésor s’est engagé à verser jusqu’à 200 milliards de dollars pour garantir le fonctionnement des agences Freddie et Fannie. Cette fois-ci, pas question de faire appel à l’argent du contribuable américain, Washington a décidé de laisser le marché prendre ses responsabilités.