par Myriam Berber
Article publié le 12/09/2008 Dernière mise à jour le 12/09/2008 à 15:20 TU
En début de semaine, la mise sous tutelle des deux agences du refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freedie Mac avait redonné espoir aux marchés financiers. Mais la crise des « subprimes » semble de nouveau gagner du terrain. Lehman Brothers, la quatrième banque d’affaires de Wall Street, a publié, cette semaine, des comptes préliminaires en perte de 3,9 milliards de dollars au troisième trimestre 2008, des résultats encore plus mauvais que prévu. Mercredi, le titre a plongé en bourse de plus de 40%, pour tomber à 4,22 dollars. En une semaine, l’action de la banque s’est effondrée de 75%.
Face à cette situation, un plan de restructuration a été présenté mercredi par son directeur général Richard Fuld. Il prévoyait notamment un transfert d’une grosse partie de ses actifs dans l’immobilier à une société indépendante et la mise en vente d’une partie de la gestion d’actifs. Ce plan de la dernière chance n’a pas convaincu les marchés qui ont poussé le titre à la baisse. La décision de la banque publique coréenne KDP, perçue comme le seul « chevalier blanc » prévu sérieux de Lehman, de ne finalement pas entrer dans le capital de la banque, a également précipité la chute de l’action.
Bank of America : un repreneur potentiel
Pour enrayer cette déroute, le Trésor et la Banque centrale américaine, la Fed, ont donc décidé de s’occuper du dossier Lehman Brothers. Selon le Washington Post et le Wall Street journal, les deux institutions ont engagé des négociations avec des investisseurs privés pour une reprise de la banque d'affaires. Les détails de l’opération sont loin d’être finalisés, mais l’objectif est d’arriver à un accord dimanche soir, avant l’ouverture des marchés asiatiques.
Parmi les repreneurs potentiels, les médias américains citent le plus souvent la première banque américaine, Bank of America, mais celle-ci doit encore mener à bien la délicate intégration du spécialiste du crédit hypothécaire Country Wide. Parmi les nombreux établissements étrangers évoqués, seule la piste du britannique Barclays semble avoir conservé une certaine crédibilité. Des fonds d’investissement pourraient également être intéressés, mais une telle solution ferait tiquer la Fed.
Des garanties des pouvoirs publics
A l’origine de la crise de Lehman Brothers, on trouve encore la titrisation des produits immobiliers. La quatrième banque d’investissement du pays s’est retrouvée dans son bilan avec un portefeuille de 32,6 milliards de dollars de produits titrisés liés à l’immobilier commercial et 17,2 milliards de dollars liés à l’immobilier résidentiel. Avec un tel bilan, les éventuels repreneurs attendent certaines garanties des pouvoirs publics. Mais selon des informations rapportées par le Wall Street Journal, le gouvernement fédéral n’est pas disposé cette fois-ci à faire un geste, comme ce fut le cas avec la banque d’investissement Bear Stearns en mars 2008 et avec les deux géants du refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, le week-end dernier.
L’opération de sauvetage de la Bear Stearns a couté 30 milliards de dollars à la Fed et le Trésor s’est engagé à verser jusqu’à 200 milliards de dollars pour garantir le fonctionnement des agences Freddie et Fannie. Cette fois-ci, Washington paraît déterminé à laisser jouer le marché. « Les candidats à une reprise de la banque d'affaires Lehman Brothers ne doivent pas compter sur une aide de l'Etat comparable à celle qui avait facilité en mars le rachat de Bear Stearns par JPMorgan Chase », a affirmé vendredi la chaîne de télévision CNBC qui estime, pour l’heure, que « Bank of America est perçue comme le sauveur le plus probable pour Lehman Brothers ».
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