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Finance

Les Etats-Unis s’enfoncent dans la crise

par Myriam Berber

Article publié le 14/03/2008 Dernière mise à jour le 08/05/2008 à 10:26 TU

La crise des crédits hypothécaires à risque (« subprime») continue d’alimenter les pires inquiétudes. La faillite d'un des fonds du géant américain de l’investissement Carlyle a affolé les marchés. Ceux-ci ont cru voir le signe d’une aggravation de la crise financière mondiale. La crainte de la récession se renforce aux Etats-Unis. Ce contexte a incité le président Bush à s’exprimer vendredi à New York.

Peu de surprise sur le fond, si ce n’est que le président Bush a redit «sa confiance dans la résistance de l’économie américaine», même si elle traverse actuellement «une période difficile». Il estime également que «le président de la Réserve Fédérale (Fed) et le secrétaire au Trésor ont les choses en main pour prendre les mesures adéquates pour promouvoir la stabilité sur les marchés». En écho, le président de la Fed, Ben Bernanke, redit son engagement à «amortir les effets de la crise de l’immobilier pour les propriétaires en difficulté». Cela laisse présager une nouvelle baisse des taux directeurs lors de la réunion prévue le mardi 18 mars 2008.

Mais une chose est sûre, le monde de la finance continue à avoir peur. L’annonce vendredi matin du renflouement de la banque d’affaires Bear Stears par le biais de la banque de la Réserve fédérale de New York a créé un nouveau vent de panique sur les marchés. Le dollar n’en finit plus de chuter. Face au yen, d’une part, puisque le billet vert a dérivé en dessous de 100 yens pour la première fois depuis 1995. Face à l’euro, d’autre part, qui s’est envolé pour la première fois au-dessus de 1,56 dollar. Depuis des semaines, cette faiblesse du dollar va de pair avec une flambée du prix des matières premières, qui se négocient dans cette monnaie. Conséquence : un baril de pétrole au-dessus des 110 dollars et l’once d’or au-dessus de la barre symbolique des 1000 dollars.

Inciter le consommateur à dépenser

L’annonce du recul en février des ventes de détail (-0,6%) a fragilisé le billet vert et conforté le scénario d’un effondrement de la conjoncture américaine. Une sérieuse alerte à la récession qui a poussé la Maison Blanche à lancer un appel aux Américains à consommer. « Nous voulons absolument que le consommateur dépense », a affirmé un porte-parole. Ce contexte justifie le plan de relance de relance de la consommation de 152 milliards défendu par le président Bush et voté mi-février.

L’impact a été d’autant plus fort que cette baisse des ventes de détail fait suite à d’autres mauvaises nouvelles, allant du ralentissement de la croissance à un rythme annuel de 0,6% au quatrième trimestre 2007, en passant par la suppression tous secteurs confondus de 17 000 emplois, jusqu’au durcissement généralisé du crédit. La politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a déjà réduit de 125 points de base ses taux directeurs durant le seul mois de janvier, pour ramener le coût de l’argent à 3%, a peu de prise sur les marchés. Les baisses de taux ne se répercutent pas facilement dans une économie américaine où l’inflation grimpe et où les banques à court de fonds propres hésitent à prêter aux particuliers et aux entreprises.

Assainir le marché du crédit

La crise financière s’est accélérée en dépit des mesures annoncées mardi dernier par les grandes banques centrales, Fed en tête. D'ici la fin avril, plusieurs dizaines de milliards de dollars vont ainsi être mis à disposition des marchés nationaux ou régionaux. Ce n’est plus seulement le « subprime » réservé aux Américains les moins solvables qui est en cause, la crise financière va désormais bien au-delà. En témoigne, l’effondrement, mercredi, à la Bourse d’Amsterdam de l’une des branches de l’un des trois plus grands fonds d’investissements au monde. Carlyle Capital Corporation, créée par le géant Carlyle en 2006, est aujourd’hui au bord de la faillite, faute de pouvoir faire face à ses engagements sur 17 milliards de dettes. Ce fonds estampillé Carlyle avait investi massivement et presque exclusivement dans des titres adossés à des prêts immobiliers américains. Bien qu’il ne s’agisse pas de prêts à risque «subprime », leur valeur a récemment chuté en raison de la crise financière.

Pour tenter de ramener la confiance, le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a présenté une vaste réforme de la réglementation du secteur financier aux Etats-Unis « pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent » et « ne provoquent une nouvelle crise ». Henry Paulson propose notamment des mesures pour que les organismes de crédit immobilier dont les licences sont émises au niveau des Etats soient à l’avenir soumis à une réglementation nationale. L'administration veut aussi encourager les institutions financières à créer leurs propres échelles de mesure des risques, indépendantes de celles des agences de notation financière.

A écouter

George W. Bush

Président des Etats-Unis

« La solution viendra du plan de relance initié par le gouvernement. Les remboursements d’impôts arriveront en mai, et la consommation sera dopée ».

14/03/2008 par Donaig Ledu