par Myriam Berber
Article publié le 06/02/2008 Dernière mise à jour le 06/02/2008 à 18:51 TU
Aux Etats-Unis, l’activité dans les services a baissé en janvier 2007, enregistrant sa plus forte chute depuis octobre 2001.
(Photo : AFP)
Journée noire mardi sur les places boursières. Les indices européens se sont mis dans le rouge, suivis par Wall Street et les places asiatiques mercredi. L’annonce de mauvais chiffres aux Etats-Unis a semé la confusion parmi les investisseurs. L’activité dans les services qui représentent près de 90% de la production de richesse dans le pays, a enregistré en janvier sa première contraction depuis cinq ans. L’indicateur des directeurs d’achats américains des services (ISM services) est, en effet, tombé de 54,4 à 41,9. Il faut remonter à octobre 2001, période de récession pour retrouver un niveau aussi bas de production de services, nettement sous la barre des 50.
L’impact a été d’autant plus fort que cette chute d’activité fait suite à une série de mauvaises nouvelles, allant du ralentissement de la croissance au quatrième trimestre, en passant par la suppression, tous secteurs confondus, de 17 000 emplois jusqu’au durcissement généralisé du crédit. Plus de 50% des banques ont indiqué qu’elles avaient durci les conditions pour les prêts hypothécaires classiques depuis trois mois, contre 40% en octobre et 15% seulement en juillet. Par ailleurs, la consommation montre des signes d’essoufflement.
La menace inflationniste
La crainte d'une récession économique aux Etats-Unis se renforce. Pour beaucoup d’analystes, cette mauvaise conjoncture et la chute de la Bourse pourrait même inciter la Banque centrale américaine (Fed) à intervenir, avant sa prochaine réunion, prévue en mars. La Fed a déjà réduit sans préavis ses taux de trois-quarts de point le 22 janvier dernier, avant d’enfoncer le clou le 30 janvier avec une baisse d’un demi-point, assortie de la promesse d’en faire plus en cas de besoin. Le taux directeur de la Fed est actuellement fixé à 3%. Les opérateurs parient désormais sur une baisse des taux des fonds fédéraux sous la barre des 2%.
L’affaiblissement de la croissance met la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) pour qu’elle emboîte le pas à la Fed. Mais la BCE qui doit se réunir jeudi, devrait laisser ses taux inchangés : des risques inflationnistes demeurent et son président Jean-Claude Trichet garde pour priorité de veiller à la stabilité des prix. L’inflation dans la zone euro a atteint 3,2% en janvier, très au-dessus du plafond de 2% fixé par la BCE. Mais bon nombre d’économistes estiment que la BCE va modérer son discours et ouvrir prochainement les vannes de sa politique monétaire. La plupart d’entre eux tablent sur une baisse des taux dans les prochains mois.
La politique monétaire au G7 Finances
Ce contexte ne fait qu’illustrer les profondes divergences entre Européens et Américains. En privé, certains responsables européens ont critiqué la politique offensive des Etats-Unis en matière de taux et l’annonce faite par George Bush d’un train de mesures pour relancer l’économie. Le Sénat devrait adopter rapidement le plan de relance de 150 milliards de dollars déjà voté par la Chambre des représentants. Les Etats-Unis, pour leur part, déplorent l’immobilisme des autres pays.
Un sujet qui sera également abordé, samedi 9 février 2008 à Tokyo, lors du G7 Finances qui réunit les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des sept pays les plus industrialisés. La baisse des taux sera l’un des dossiers forts de cette rencontre. Les ministres des Finances du G7 vont aussi plancher sur des propositions pour améliorer le fonctionnement des marchés financiers. Européens et Américains divergent aussi sur cette question. Les Européens qui souhaitent plus de transparence, ont fait du contrôle des « hedge funds » (fonds spéculatifs), une priorité. Ils veulent notamment imposer des règles plus strictes à ces fonds pour assurer la sécurité des investisseurs, mais se heurte aux réticences des Etats-Unis et du Royaume-Uni, puisque c’est là qu’opèrent la grande majorité de ces firmes.