par Myriam Berber
Article publié le 10/01/2008 Dernière mise à jour le 10/01/2008 à 22:55 TU
Turbulences des marchés financiers, éclatement de la crise immobilière, affaiblissement du dollar, hausse des prix de l’énergie et des matières premières : l’économie mondiale a subi récemment plusieurs chocs. Conséquence, une croissance mondiale revue à la baisse. Selon le rapport sur « les perspectives économiques mondiales 2008 » de la Banque mondiale, la croissance devrait s’établir à 3,3% en 2008, légèrement ralentie par rapport à son estimation de 3,6% pour 2007. « Globalement, la croissance des pays ne devrait que modérément se ralentir au cours des deux prochaines années. Une décélération beaucoup plus marquée de l’activité aux Etats-Unis constitue toutefois un risque réel qui pourrait assombrir les perspectives à moyen terme des pays en développement », estime Uri Dadush, directeur du groupe des perspectives économiques à la Banque mondiale. Les auteurs du rapport de la Banque mondiale posent comme hypothèse que les turbulences persisteront sur le marché du crédit jusque vers la fin 2008, mais que les grandes institutions financières continueront de pouvoir en supporter le coût.
Les experts de l’ONU et du Forum économique mondial sont plus pessimistes. Pour l’ONU, le risque de récession aux Etats-Unis menace les perspectives mondiales en 2008. Les risques majeurs proviennent des Etats-Unis où l’intensification de la crise immobilière et une baisse du dollar pourraient induire une récession mondiale », estime l'organisation. L’ONU prévoit une croissance de 3,4% pour 2008, contre 3,7% pour 2007. Pour les Etats-Unis, l’ONU prévoit une croissance de 2 % de l'économie américaine cette année, contre 2,2 % estimé pour 2007.
Le risque financier est le plus sévère
Le Forum économique mondial (WEF), organisateur du Forum de Davos en Suisse ne cache pas également pas sa préoccupation pour l’économie américaine et mondiale. Né de la crise du marché américain des crédits immobiliers à risque (subprimes), le risque financier est « le plus immédiat, et du point de vue économique, le plus sévère pour l’économie mondiale », souligne le rapport sur « les risques mondiaux 2008 » du WEF qui estime que le dollar n’est pas à l’abri d’une baisse supplémentaire.
Le Japon et l’Europe occidentale devraient assumer le rôle de locomotive tenu jusqu’à présent par les Etats-Unis. Les turbulences sur les places financières internationales auront probablement des effets limités sur la plupart des économies de la région Asie de l’Est et Pacifique. La croissance dans cette région du monde devrait s’établir à 9,7% en 2008 et à 11% en Chine. Quant aux grands pays émergents que sont la Chine et l’Inde, leur situation reste stable. Selon les experts de la Banque mondiale, la croissance en Chine devrait passer de 11% à 10% en 2008 et les économies en développement maintenir une croissance de 7,4%, pour la troisième année consécutive.
Une croissance de 6,2% pour l’Afrique en 2008
L’ ONU se dit également optimiste pour les pays émergents et les pays en développement dont la part du commerce international a beaucoup progressé, passant de 35% en 2000 à 40% en 2007. Le rapport onusien prévoit une croissance de 6,2% pour l'Afrique en 2008, tendance inverse de celle de l'économie mondiale. L'Afrique dans son ensemble a connu une croissance relativement stable depuis plusieurs années, avec un taux de +5,7% en 2006 et +5,8% en 2007. « La croissance forte et impressionnante en Afrique est due à une demande interne importante, aux productions minières et pétrolières en hausse et à la reprise économique dans un certain nombre de pays, notamment ceux qui étaient en situation de conflit », explique le rapport.
Les experts s’entendent sur deux risques particuliers : l’énergie et la sécurité alimentaire. Si l’économie mondiale a fait preuve d’une résistance remarquable aux hausses du prix du pétrole depuis 2004, « les limites de cette résistance sont plutôt proches », selon eux. Pour le Forum économique mondial, cette question doit être repensée en tenant compte des tensions géopolitiques en Irak et en Afghanistan et du réchauffement climatique. Les prix de nombreuses denrées alimentaires sont à leur plus haut, alors que les réserves sont au plus bas depuis 25 ans. Les prix du maïs et du blé ont doublé en 2007 et les biocarburants pourraient faire basculer le monde dans une période de prix plus élevés. « Cette évolution a profité à de nombreux exportateurs de produits de base, d’où la forte progression de la demande dans certains pays pauvres », explique la Banque mondiale.