Economie
Le commerce mondial ralentit
(Photo: AFP)
La croissance du commerce mondial de marchandises devrait ralentir aux alentours de 6% en 2007, a annoncé, jeudi 12 avril, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui identifie «des risques liés aux marchés financiers et immobiliers et de grands déséquilibres commerciaux pesant sur l’économie». Les économistes de l’OMC s’appuient, pour leur première grande prévision pour 2007, sur une hypothèse de croissance mondiale de 3% cette année contre 3,7% enregistrés en 2006.
Si l’avenir n’est pas sans risques, les échanges ont été vigoureux en 2006. Au total, les exportations mondiales de marchandises ont augmenté de 15% pour atteindre 11 760 milliards de dollars en 2006 et celles de services de 11% pour s’établir à 2 710 milliards de dollars. «Cette croissance est alimentée par une progression du produit intérieur brut (PIB) plus forte que prévue en Europe et au Japon, mais aussi par une forte croissance des économies chinoises et indiennes», expliquent les économistes dans un rapport sur les chiffres 2006 des échanges internationaux.
Pékin en passe de doubler les Etats-Unis
La part des pays en développement dans le commerce mondial a atteint en 2006 un record de 36%. On enregistre des progrès dans les grands pays émergents que sont la Chine, l’Inde et la Communauté des Etats Indépendants (CEI), issue de l’Union soviétique. Avec 27%, la croissance des exportations de la Chine a continué à dominer celles des autres puissances commerciales. Les exportations chinoises de marchandises ont même commencé à dépasser celles des Etats-Unis au deuxième semestre 2006. Leurs points forts : l’équipement de bureau, les télécommunications, les produits traditionnels tels que les vêtements et de nouvelles productions telles que le fer et l’acier.
L’Allemagne est restée en 2006 le premier exportateur mondial de marchandises avec une valeur de 1 112 milliards de dollars, soit une part du marché planétaire de 9,2%. Les Etats-Unis, qui ont connu l'an dernier une progression de 14% de leurs exportations de marchandises, leur meilleur score depuis 10 ans, suivent avec 1 037 milliards de dollars, devant la Chine, le Japon et la France. Commentant ces chiffres, Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC, a estimé que «les incertitudes qui pèsent sur l'avenir sont une mise en garde». Et d’ajouter que «le succès des négociations commerciales du cycle de Doha pourrait faire beaucoup pour encourager la croissance». Selon Pascal Lamy, la suspension des négociations, en juillet dernier, ne signifie pas l'arrêt définitif du processus. Les discussions ont été interrompues en juillet 2006, à la suite de l’incapacité des Américains, des Européens et des pays en développement (Brésil, Inde, Chine en tête) à se mettre d’accord notamment sur la question des subventions agricoles.
Le cycle de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar pour mettre la libéralisation des échanges au service du développement, aurait dû être conclu à la fin 2004, mais les discussions ont achoppé sur un conflit Nord-Sud à propos des subventions agricoles, compliqué par un affrontement euro-américain sur les droits de douane appliqués à l’agriculture. Depuis, les discussions interrompues l’année dernière ont repris en janvier pour relancer la négociation. Des réunions se sont déroulées mercredi et jeudi à New Delhi pour sortir de l’impasse entre le négociateur européen Peter Mandelson, le ministre indien du commerce Kamal Nath, la représentante américaine Susan Schwab, le ministre brésilien des Affaires Etrangères Celso Amorim, ainsi que des représentants de l'Australie et du Japon.
L'Inde et le Brésil demandent la fin des subventions versées par les Etats-Unis et l'Union européenne à leurs agriculteurs et un abaissement des droits de douane. De leur côté, les deux premières puissances économiques de la planète réclament aux pays du Sud des concessions en matière de services et de produits industriels. A l'issue de ces deux jours de travaux, à New Delhi, les six grands acteurs du commerce mondial ont déclaré qu'ils allient eouvrer pour faire aboutir les pourparlers du cycle de Doha d'ici la fin de l'année.Mais il semble qu’un accord soit peu probable en Inde : lors d’une conférence de presse, Susan Schwab a exclu toute «percée» et simplement reconnu que les discussions allaient dans le bon sens.
par Myriam Berber
Article publié le 12/04/2007 Dernière mise à jour le 12/04/2007 à 15:03 TU