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Finances

Les banques centrales unies pour soutenir les marchés

par Myriam Berber

Article publié le 13/12/2007 Dernière mise à jour le 13/12/2007 à 19:23 TU

L’annonce du plan concerté des banques centrales a, dans un premier temps, soulagé les marchés, puis une certaine dose d’aversion au risque a fait son retour.(Photo : Reuters)

L’annonce du plan concerté des banques centrales a, dans un premier temps, soulagé les marchés, puis une certaine dose d’aversion au risque a fait son retour.
(Photo : Reuters)

Les banques centrales, la Réserve fédérale américaine et ses homologues ont lancé, mercredi 12 décembre, une action concertée pour redonner confiance aux marchés financiers. Une confiance mise à mal par la crise des crédits immobiliers à risque (subprimes). Elles ont injecté des liquidités par milliards dans les circuits financiers. Les investisseurs ont salué ce geste mais s’interrogent sur l’efficacité de ce plan pour sortir de la crise.

Depuis le mois d’août, les bourses sont fébriles. La crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis (subprimes), en gagnant une partie du secteur bancaire dans le monde, a créé un climat de défiance générale. Les établissements bancaires se méfient les uns des autres et refusent de se prêter mutuellement de l’argent. Elles craignent, en effet, d’être contaminées par des institutions mises en difficulté par l’accumulation d’obligations à haut risque. Cette restriction de crédit (credit crunch*), dont la conséquence est une brusque pénurie de liquidités, a des conséquences très graves sur les investisseurs industriels et la consommation des ménages.

Pour surmonter le problème, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE), la Banque nationale suisse (BNS), la Banque d'Angleterre et la Banque du Canada (BOC) ont donc imaginé une opération concertée sans précédent depuis le 11 septembre 2001. Une série de mesures exceptionnelles visant à augmenter les liquidités pour soulager les marchés interbancaires. Ces mesures vont prendre la forme d’un TAF (term auction facility), un système d’attribution de liquidités par enchères impliquant toutes les banques centrales liées à cet accord.

Des accords de swaps de devises

La Réserve fédérale (Fed) injectera deux fois 20 milliards de dollars, à l’occasion d’adjudications qui auront lieu les 17 et 20 décembre prochains. Parallèlement, la Fed a passé des accords de swaps permettant un crédit de devises avec la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque nationale suisse (BNS) pour que celles-ci se refinancent en dollars pour des montants maximum respectifs de 20 milliards et de 4 milliards de dollars.

Aux mêmes dates que la Fed, la BCE mènera des adjudications afin de fournir jusqu’à 20 milliards de dollars. La Banque d’Angleterre va proposer à ses banques commerciales 11,35 milliards de livres sterling, via deux procédures d’enchères les 18 décembre 2007 et 15 janvier 2008. La Banque du Canada va également procéder à des adjudications à la mi-décembre à concurrence de 3 milliards de dollars canadiens. Ses sommes seront avancées aux banques dans des conditions plus souples que d’ordinaire, autrement dit à des taux discount très inférieurs aux taux actuels du marché. Pour leur part, la Banque du Japon (BOJ) et la Banque centrale de Suède ont « salué » ces mesures, tout en précisant qu’elles ne s’y joindraient pas.

La bataille est loin d’être gagnée

Avec ce plan concerté, les banques centrales ont voulu rassurer les investisseurs et cela a fini par payer. Dans les minutes qui ont suivi cette annonce, les places boursières sont reparties, mercredi, à la hausse et ont provoqué une nette remontée des taux d’intérêt américains. Mais jeudi, les principales bourses asiatiques et européennes étaient en net repli, les investisseurs s’interrogeant sur l'efficacité de ce plan pour apaiser la crise.

Pour bon nombre d’analystes financiers, ces mesures sont, en effet, une véritable bouffée d’oxygène et atténuent le risque de credit crunch. Mais la bataille est loin d’être gagnée. Selon eux, « il n’est pas sûr que ces mesures suffisent à ramener la confiance, les racines du mal allant beaucoup plus loin, que ce soit les pratiques de prêt peu regardantes, l’opacité sur le portefeuille détenu par les banques ou l’aveuglement des investissements devant la montée des risques ». Un marché d’autant plus nerveux qu’est attendue à partir de jeudi une nouvelle salve de résultats de banques américaines.

*crise de liquidité