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Marchés financiers

Les perspectives d’une récession américaine renforcent l’euro

par Myriam Berber

Article publié le 29/02/2008 Dernière mise à jour le 01/03/2008 à 02:34 TU

Ben Bernanke, directeur de La Réserve fédérale américaine (Federal Reserve System)(Photo : Reuters)

Ben Bernanke, directeur de La Réserve fédérale américaine (Federal Reserve System)
(Photo : Reuters)

Le dollar a été victime d’une nouvelle dégringolade qui a propulsé l’euro au-delà du seuil de 1,52 dollar. Les déclarations du gouverneur de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke et les mauvais chiffres américains ont plombé le billet vert. La situation économique américaine laisse présager une nouvelle baisse des taux de la Fed en mars.

La devise américaine n’en finit plus de chuter, propulsant la monnaie européenne vers un nouveau record historique. L'euro a battu vendredi matin son record absolu établi la veille en s'échangeant à 1,5239 dollar. L’annonce de mauvais chiffres a davantage fragilisé la devise américaine et conforté le scénario d’une récession économique. Le ministère américain du Commerce a confirmé une faible croissance au quatrième trimestre 2007. Elle a atteint 0,6% en rythme annuel. Plombé par le secteur de l’immobilier, l'année 2007 se termine avec une croissance ne dépassant pas 2,2%, contre 2,9% en 2006, ce qui est le rythme le plus faible en cinq ans.

La dégradation de l'immobilier s’est également traduite par une pression à la baisse sur le pouvoir d'achat des ménages, et donc sur la consommation, premier moteur de la croissance. Autres mauvais chiffres ceux du chômage, les demandes d’allocations chômage ont augmenté de 19 000, selon les comptes arrêtés le 23 février 2008.

Vers une nouvelle baisse des taux aux USA

Par ailleurs, les déclarations du gouverneur de la Réserve fédérale (Fed), la Banque centrale américaine, devant le Sénat américain, n’ont pas rassuré les opérateurs. Tout en excluant une période de stagflation similaire à celle des années 1970, Ben Bernanke a souligné que la Fed devrait traiter une situation délicate, avec « simultanément un ralentissement de l’économie, des tensions sur les marchés financiers et des pressions inflationnistes ». Le président de la Fed a, en effet, jugé que la crise du marché du crédit était « loin d’être terminée» et allait «probablement entrainer certaines défaillances parmi les petites banques ».

Des propos qui, selon les analystes, laissent présager une nouvelle baisse des taux directeurs de la Fed qui sont aujourd’hui à 3%. Les opérateurs tablent sur une baisse d’un demi-point du principal taux d’intérêt en mars. Pour les Etats-Unis, il s’agit de relancer la croissance. Plus préoccupée par les risques pesant sur la croissance que sur l’inflation, l’administration Bush estime qu’elle a plus à gagner d’un recul que d’une hausse de sa devise. Les exportations qui représentent un peu plus de 10% du PIB américain constituent un facteur pour soutenir l’économie. George Bush a répété lors d’une conférence de presse, jeudi 28 février 2008 à Washington, qu’il misait sur l’augmentation des exportations dues à la faiblesse du dollar pour relancer l’économie. Une fois que celle-ci aura retrouvé sa santé, espère-t-il, le billet vert redeviendra une monnaie forte.

Pressions sur la BCE

En attendant, l’écart ne cesse de se creuser avec la monnaie européenne. Sur le Vieux Continent, les records de l’euro suscitent l’inquiétude des industriels qui voient leur compétitivité mise à mal. Ce n'est pas pour autant que la Banque centrale européenne (BCE) va décider de changer de politique monétaire. Son président, Jean-Claude Trichet, campe sur ses positions. Il a répété, jeudi 28 février 2008, que « la stabilité des prix est la condition nécessaire à une croissance soutenue ». Reste que l’ascension de l’euro met la BCE sous pression pour baisser ses taux. Elle pourrait donc réduire son principal taux pour le faire tomber à 3% à la fin 2008, contre 4% actuellement, estiment bon nombre d’économistes.