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Energie

Le baril de pétrole à plus de 100 dollars

par Myriam Berber

Article publié le 20/02/2008 Dernière mise à jour le 20/02/2008 à 22:00 TU

Une plate-forme appartenant à la Société nationale vénézuélienne de pétrole (PDVSA) sur les côtes de Maracaibo, au Vénézuela. (Photo : AFP)

Une plate-forme appartenant à la Société nationale vénézuélienne de pétrole (PDVSA) sur les côtes de Maracaibo, au Vénézuela.
(Photo : AFP)

La crainte de voir baisser les approvisionnements pétroliers ont propulsé les cours du brut à des niveaux jamais atteints. Le baril a inscrit deux records historiques de suite à New York : 100,10 dollars mardi et 100,74 dollars mercredi. Les marchés s’inquiètent des projets prêtés à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole de vouloir réduire sa production lors de sa prochaine réunion le 5 mars. Autres sujets d’inquiétude : l’explosion d’une raffinerie au Texas et le conflit qui oppose le groupe pétrolier américain Exxon Mobil au Venezuela.

Pour la première fois, le prix du baril est monté à 100,10 dollars mardi à New York, effaçant le dernier record enregistré le 2 janvier, date à laquelle il avait déjà dépassé cette barre symbolique des 100 dollars. Même frénésie à Londres où le prix du pétrole brent de la Mer du Nord a atteint un record à 98,70 dollars le baril. Les cours de l’or noir oscillaient mercredi à New York autour de la barre des 100 dollars. Plusieurs raisons sont à l’origine de cette flambée de l’or noir. Le marché craint que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui assure 40% de la production mondiale, ne décide, lors de sa prochaine réunion prévue le 5 mars à Vienne, de réduire l’offre.

Ces derniers jours, plusieurs pays membres de l’Opep, dont l’Iran, se sont en effet déclarés favorables à « une baisse de la production de pétrole » pour éviter une chute trop marquée des prix à la fin de l’hiver. Ces déclarations ont alimenté la spéculation sur les marchés financiers. Mais au sein de l’Opep, les positions sont divergentes. Plusieurs pays ont sous-entendu que « la logique voudrait qu'il n'y ait pas de modification des quotas ». Pour sa part, le président du cartel, Chakib Khelil, s’est montré plus nuancé dans ses propos : « la production ne va pas augmenter, elle va diminuer ou rester stable ». Lors de ses deux réunions précédentes, en décembre et février, les treize membres du cartel avaient maintenu inchangés leurs quotas au grand dam des pays consommateurs.

Tensions géopolitiques

Spéculation ou offre insuffisante des pays exportateurs par rapport à une demande mondiale toujours en augmentation: producteurs et consommateurs se renvoient la responsabilité de la flambée des prix de l’or noir. Pour les grands consommateurs comme les Etats-Unis, l’Opep devrait augmenter sa production face aux besoins des grandes économies industrialisées et celles des pays émergents comme la Chine et l'Inde. De son côté, l’Opep renvoie la responsabilité de l’envolée de l’or noir vers les spéculateurs.

La spéculation est d’autant plus vive qu’une explosion d’une raffinerie au Texas limitera au moins pendant deux mois la production de carburant aux Etats-Unis. Les tensions géopolitiques au Nigeria pourraient encore réduire l’offre sur les marchés. Depuis février 2006, l’offre du huitième exportateur mondial a, en effet, diminué en raison d’actes de sabotages du Mouvement d’émancipation du delta du Niger (Mend) contre les sociétés pétrolières.

Faiblesse du dollar

Le contentieux entre l'Etat vénézuélien et le géant pétrolier américain Exxon Mobil continue également d’inquiéter les marchés. Le Venezuela menace de suspendre ses livraisons aux Etats-Unis depuis que la justice a gelé 12 milliards de dollars d’actifs appartenant à la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA pour compenser son départ du pays après la nationalisation du secteur des hydrocarbures. Le géant pétrolier américain a en effet déposé plusieurs recours auprès de tribunaux de New York contre le Venezuela pour avoir nationalisé l’une de ses concessions. Le conflit s’était durci ces derniers jours, mais Caracas a cherché mardi à calmer le jeu en proposant l’arbitrage de la Banque mondiale. Le ministre vénézuélien de l’Energie, Rafael Ramirez, demande précisément l’arbitrage du Centre de règlement des différents relatifs aux investissements (Ciadi) de la Banque mondiale.

La faiblesse continue du dollar a aussi contribué à orienter les investisseurs vers le pétrole. Pour bon nombre d’analystes, la baisse du dollar américain encourage en effet les investisseurs à miser sur les matières premières dont les transactions sont libellées en dollar.