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Energie

Le pétrole poursuit sa course

Il y a un an, le prix du pétrole avait déjà atteint un niveau que les spécialistes pensaient à l’époque exceptionnel.(Photo : AFP)
Il y a un an, le prix du pétrole avait déjà atteint un niveau que les spécialistes pensaient à l’époque exceptionnel.
(Photo : AFP)
Les prix du pétrole flambent. Les marchés pétroliers sont légèrement redescendus dans la journée du mardi 16 août, mais ils restent à un niveau historiquement élevé, aux alentours des 67 dollars le baril. Les tensions internationales alimentent la spéculation. En France, le Premier ministre a répondu, mardi 16 août, à ceux, dans les rangs de l'opposition, comme d ailleurs dans la majorité, qui réclamaient un geste pour limiter les effets de la flambée du prix de l'essence. Dominique de Villepin s'est engagé à redistribuer l'éventuel surplus de recettes fiscales issues des taxes sur les carburants.

Les cours du pétrole continuent de monter pour atteindre des sommets historiques. A Londres, mardi 16 août, le brent de la mer du Nord qui alimente essentiellement le marché européen, a franchi un pic historique à 66,85 dollars. A New York, le baril de brut s’est échangé mardi soir à 66,27. Depuis le début de l’année, le brut à New York a enregistré une hausse de 61%. Sur les marchés asiatiques, le baril se situait également au delà de la barre des 66 dollars mardi.

Le baril de pétrole à 70 dollars est en vue, si l’on en croit bon nombre d’analystes. «Maintenant que les cours ont surpassé le seuil psychologique de 65 dollars, il nous semble fortement probable que ces cours atteignent 70 dollars d'ici la fin de l'année», résume Deborah White, expert à la Société Générale. Les motifs d’une nouvelle hausse de l’or noir ne manquent pas. Outre la demande mondiale qui ne fléchit pas et de nombreuses pannes dans une douzaine de raffineries américaines (ConocoPhillips dans l’Illinois, Sunoco au Texas…), les fortes tensions dans les pays producteurs comme l’Iran, le Venezuela et l’Arabie saoudite sont également un sujet d’inquiétude. Le ton s’est durci entre l’Iran et les Etats-Unis avec notamment le programme nucléaire pour lequel Téhéran a redémarré la semaine dernière son usine d’Ispahan. L’Iran est le deuxième plus gros producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) derrière l’Arabie saoudite, avec une offre de brut approchant les 4 millions de barils par jour.

Des mesures gouvernementales

A cela s’ajoute les récentes menaces du président vénézuélien. Hugo Chavez a averti dimanche que si les attaques américaines contre son gouvernement se poursuivaient, les livraisons vénézuéliennes de pétrole brut aux Etats-Unis, qui s'élèvent actuellement à 1,5 million de barils par jour pourraient en pâtir. En toile de fond, des menaces d’attaques terroristes dont pourrait être l’objet le premier producteur mondial de pétrole l’Arabie saoudite. Des tensions dans toutes ces parties du monde auraient pour conséquence de réduire l’offre mondiale et de pousser les cours de l’or noir.

La hausse du pétrole retient également toute l’attention du gouvernement français. Les carburants ont, en effet, augmenté de 16% en an. Cette envolée commence à inquiéter la classe politique. Faut-il amortir l’effet de la hausse du pétrole sur les Français en diminuant la fiscalité sur les carburants ? Comme lors des précédentes hausses du pétrole, le débat revient sur la table. De nombreuses voix s'élèvent pour demander du gouvernement des mesures sur la fiscalité du pétrole. Le prix de l’essence est, en effet, composé à 70% de taxes. Il y a la fameuse TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) sur les volumes consommés et la TVA basée sur le prix des carburants. Soit au total, quelques 31 milliards d’euros, selon les prévisions de la loi de finances 2005.

Le Premier ministre a présidé, mardi à Paris, une réunion interministérielle pour «évaluer la situation du marché pétrolier» et «les conséquences à en tirer sur la politique énergétique de la France». Dominique de Villepin a répondu à ceux, dans les rangs de l'opposition, comme d'ailleurs dans la majorité, qui réclamaient un geste pour limiter les effets de la flambée du prix de l'essence. Dominique de Villepin s'est engagé à redistribuer l'éventuel surplus de recettes fiscales issues des taxes sur les carburants.Le Parti socialiste, l’UDF, certains membres de l’UMP et les syndicats de transporteurs routiers réclament d’autres mesures gouvernementales.

Les responsables politiques s’interrogent sur les mécanismes qui pourraient être mis en place. Le Parti socialiste réclame «le rétablissement de la TIPP flottante», ce dispositif, supprimé par Jean-Pierre Raffarin, avait permis d’atténuer la taxation de l’essence en cas d’augmentations brutales du prix du carburant. A gauche toujours, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale demande au gouvernement d’utiliser «une part des recettes supplémentaires» pour des investissements dans les transports publics, ce que réclame également la Fédération nationale des associations d'usagers de transports (FNAUT). A droite, Gilles Carrez, le rapporteur UMP du budget à l’Assemblée nationale, propose de «restituer une partie des surplus fiscaux aux foyers à faibles revenus». D'autres voix du côté des Verts demandent au gouvernement d’accélérer le développement des énergies alternatives, et notamment des biocarburants, c’est-à-dire les mélanges essence ou diesel avec des huiles végétales.


par Myriam  Berber

Article publié le 16/08/2005 Dernière mise à jour le 16/08/2005 à 16:35 TU

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Olivier Rech

Directeur des études économiques à l'Institut français du pétrole (IFP)

«Aujourd’hui les grands pays producteurs de l’OPEP même l’Arabie Saoudite, sont quasiment arrivés à 100% de leur capacité.»

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