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Finance

La vente de Bear Stearns provoque la panique des marchés

par Myriam Berber

Article publié le 17/03/2008 Dernière mise à jour le 18/03/2008 à 03:06 TU

Le siége social de la banque Bear Stearns à New York.(Photo : Reuters)

Le siége social de la banque Bear Stearns à New York.
(Photo : Reuters)

Dans le sillage des bourses asiatiques, le dollar a continué de chuter face à l’euro et au yen sur les places européennes. L’annonce de la débâcle de la cinquième banque d’affaires américaine Bear Stearns a affolé les marchés. Après l’intervention en urgence de la Réserve fédérale américaine (Fed), une autre institution financière, JM Morgan, a accepté le rachat de Bear Stearns à très bas prix pour la sauver de la faillite.

Environ 236 millions de dollars. C’est la somme que JP Morgan Chase va débourser pour racheter Bear Stearns, la cinquième banque d’investissement de Wall Street. Vendredi, cette dernière avait été sauvée de justesse de la faillite, suite à une intervention de la branche new-yorkaise de la Fed (la banque de Réserve fédérale de New York) pour la renflouer. Les conseils d’administrations des deux banques se sont accordés, dimanche, sur la transaction. Bear Stearns, à cours de liquidités, abandonnée de ses clients et prêteurs, n’a eu d’autre choix que d’accepter l’offre de sa rivale JP Morgan Chase, à un prix dérisoire de 236 millions de dollars, soit deux dollars par action. Bear Stearns valait encore 3,54 milliards de dollars vendredi à la Bourse.

L’opération, déjà approuvée par la Fed, devrait s’achever à la fin du deuxième trimestre 2008. Cette transaction express, supervisée par la Fed, a pour but d’éviter que la faillite de l’une des grandes banques d’affaires américaine n’entraîne le reste du marché dans un effet domino. Bear Stearns est, en effet, un partenaire essentiel d’une multitude d’institutions financières. « Le gouvernement est prêt à faire ce qu'il faut pour assurer la stabilité du système financier » a prévenu, dimanche, Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor.

Une baisse attendue des taux

Dans le même temps, sans même attendre sa réunion du mardi 18 mars 2008, la Fed a baissé, dimanche soir, d’un quart de point son taux d’escompte – le taux de ses prêts aux banques commerciales – à 3,25% contre 3,50%. Elle a aussi annoncé la création d’une nouvelle facilité de crédit pour aider les grandes banques à garantir leurs emprunts. La Fed, qui se réunit mardi, devrait également décider, pour desserrer le marché du crédit, une nouvelle baisse de son principal taux directeur, qu’elle a déjà ramené de 5,25% l’été dernier à 3% à la fin janvier. Les analystes s’attendent à une réduction de 0,75%, voire 1%.

La baisse attendue du taux directeur de la Fed devrait encore accentuer la pression sur les places boursières. Aux yeux des opérateurs, l’intervention des autorités monétaires américaines est une preuve supplémentaire que l’économie de la première puissance mondiale va très mal. L'ancien président de la Fed, Alan Greenspan, a ajouté sa pierre au pessimisme ambiant en affirmant au Financial Times que la crise actuelle pourrait être « la plus grave » depuis la Seconde Guerre mondiale.

600 milliards de dollars

Les monnaies ne vont pas mieux. La défiance des investisseurs a fait tomber le billet vert. Face à l’euro, d’une part, qui a atteint un nouveau pic historique de 1,59 dollar lundi dans les échanges asiatiques. Face à la devise japonaise, d’autre part, puisque le billet vert a dérivé en dessous de 95 yens. Depuis des semaines, cette faiblesse du dollar va de pair avec une flambée du prix des matières premières, qui se négocient dans cette monnaie. Conséquence : une once d’or est passée au-dessus de la barre symbolique des 1 000 dollars et le baril de pétrole au-dessus des 111 dollars. Même si lundi, les cours de l’or noir accusaient une baisse sur les marchés.

A l’origine de cette crise financière mondiale : un assèchement du crédit imputé toujours et encore aux « subprimes ». Ces fameux crédits immobiliers à risque accordés aux ménages américains les moins solvables étaient encore inconnus jusqu’à l’été dernier. Mais depuis l’an dernier, la hausse des taux d’intérêt, sur lesquels sont indexés les remboursements dus par ces emprunteurs, combinée au ralentissement du marché de l’immobilier a rendu bon nombre de ces foyers incapables de payer ce qu’ils devaient.

Ces défauts de paiement se répercutent sur les entreprises spécialisées dans le refinancement hypothécaire. Ces firmes spécialisées ont plongé les unes après les autres. La faillite de ces fonds spéculatifs a eu un effet domino sur l’ensemble du système financier via un assèchement des liquidités sur le marché des crédits. Aux Etats-Unis, plus de 50% des banques ont indiqué qu’elles avaient durci les conditions pour les prêts hypothécaires classiques depuis trois mois, contre 40% en octobre et 15% seulement en juillet.

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