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Japon

La crise financière au menu du G7

par Myriam Berber

Article publié le 08/02/2008 Dernière mise à jour le 09/02/2008 à 08:44 TU

Le ministre japonais des Finances, Fukushiro Nukaga, au Parlement le 8 février 2008.(Photo : AFP)

Le ministre japonais des Finances, Fukushiro Nukaga, au Parlement le 8 février 2008.
(Photo : AFP)

Le G7 Finances qui rassemble les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des sept pays les plus industrialisés (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Italie) se tient, samedi 9 février 2008, à Tokyo au Japon. Une rencontre à laquelle participeront des responsables chinois, indonésiens, sud-coréens et russes. La crise financière et son impact sur l’économie mondiale sera l’un des dossiers forts de cette réunion. Les grands argentiers débattront également de la question de la régulation des marchés financiers, revenue au premier plan avec la crise des prêts immobiliers à risque (« subprimes »).

La crise financière et les moyens de s’en sortir devraient occuper la majeure partie des débats mais la coopération sera difficile à mettre en place entre les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des sept pays les plus industrialisés (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Italie) réunis, samedi 9 févier 2008, à Tokyo. En effet, les sujets de dissension entre les participants ne manquent pas. Pour les Américains, les turbulences sur les marchés financiers sont un sujet de préoccupation majeure. Pour preuve, le plan de relance de l'économie de 150 milliards de dollars a définitivement été adopté par le Congrès et la banque centrale américaine (Fed) a maintenu ses baisses agressives de taux. La réponse américaine à cette crise a fortement surpris les Européens. Bon nombre d’argentiers sur le Vieux Continent dénoncent aujourd’hui ouvertement cette politique offensive.

Dans ce contexte, les appels de Washington à des mesures de relance partout dans le monde seront vraisemblablement ignorés. « Une croissance de la demande plus forte à l’étranger aiderait à s’assurer que l’économie mondiale soit à la fois robuste et mieux équilibrée », a ainsi indiqué le sous-secrétaire au Trésor américain, David McCormick. Mais son appel n’a aucune chance d’être entendu par ses partenaires du G7. Responsables japonais et européens ne voient pas la nécessité d’un plan de relance chez eux. « Les Etats-Unis, l’Europe et le Japon ont des fondamentaux économiques différents », a indiqué le ministre japonais des Finances, Fukushiro Nukaga. « L’Europe reste sur le chemin de la croissance et ses fondamentaux sont solides », a commenté, pour sa part, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Régulation des marchés financiers

Autre sujet de dissension à l’ordre du jour de cette réunion du G7 : la question de la régulation des marchés financiers, revenue au premier plan avec la crise des prêts immobiliers à risque (« subprimes »). Beaucoup en Europe réclament un durcissement des règles comptables. L’Allemagne et la France veulent imposer des règles plus strictes aux fonds spéculatifs (« hedge funds ») pour assurer la sécurité des investisseurs, mais se heurtent aux réticences des Etats-Unis et du Royaume-Uni, puisque c’est là qu’opèrent la grande majorité de ces firmes. Egalement mis en cause dans la crise des « subprimes », les agences de notation, soupçonnées d’avoir évalué avec trop de complaisance le profil financier d’établissements spécialisés dans les prêts immobiliers. Si la réforme des agences de notation est une priorité pour les Européens, la réponse américaine est plus mesurée. Le sous-secrétaire au Trésor américain, David McCormick, a insisté contre toute « précipitation » dans les enseignements à tirer de la crise.

Des mesures sur les règles de comptabilité seront aussi présentées par les Européens. L’Allemagne souhaite notamment faire des propositions pour améliorer la transparence sur les obligations de liquidité liées à l’émission de produits financiers titrisés. En effet, les crédits hypothécaires aux Etats-Unis sont en majorité titrisés. Autrement dit, au lieu de rester dans le bilan des banques, ils sont le plus souvent vendus à un organisme financier qui émet en contrepartie des dettes négociables sur les marchés financiers. A terme, ces opérations de titrisation transfèrent des risques bancaires sur de très nombreux acteurs économiques. Un système né aux Etats-Unis dont la confusion est apparue au grand jour avec la crise des « subprimes » de cet été.

Proposition d’un fonds climatique

Les ministres des Finances du G7 vont également s’intéresser aux fonds souverains, ces fonds d’investissements contrôlés par les Etats. Ces investisseurs publics de Chine, du Qatar, de Dubaï ou de Russie ne sont pas nouveaux mais, depuis plusieurs mois, ils se sont attaqués aux emblèmes occidentaux de la finance et de l’industrie : les Bourses, les banques ou les chaînes de grands magasins. Les grands argentiers devraient s’interroger sur l’ambition politique ou économique de ces investisseurs d’Etat des pays émergents.

Les questions environnementales ne seront pas totalement oubliées. Dans le cadre du réchauffement climatique, le Japon, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis vont proposer la création d’un fonds pour les technologies propres qui aiderait à financer les projets d’énergie non polluante dans les pays en développement.

A écouter

Les ministres du G7 pas d’accord sur la meilleure manière de rassurer les marchés financiers

« Pour Christine Lagarde, les Etats-Unis n’encouragent pas les autres pays à adopter un programme de baisse des impôts... Pourtant, hier Henry Paulson appelait les Européens à la relance de la consommation intérieure...»

09/02/2008 par Frédéric Charles