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Khaled Cheikh Mohamed veut être exécuté

Article publié le 09/12/2008 Dernière mise à jour le 09/12/2008 à 12:14 TU

La première audience préliminaire du procès de 5 islamistes accusés d'avoir organisé les attentats du 11-Septembre a eu lieu hier, à Guantanamo, en présence des familles de 5 des 3 000 victimes de ces attaques. Les débats ont été marqués par la prise de position de Khaled Cheikh Mohamed qui veut plaider coupable à condition d’être condamné à mort.

Avec notre envoyée spéciale à Guantanamo, Donaig Le Du

Croquis de l'audience, lundi 08 décembre 2008.(Photo : Reuters)

Croquis de l'audience, lundi 08 décembre 2008.
(Photo : Reuters)

Ce fut une journée surréaliste, dans un lieu qui ne l’est pas moins, des audiences militaires qui se tiennent ici à Guantanamo, à l’intérieur d’un tribunal tout neuf, construit dans un espèce de hangar, entouré de plusieurs clôtures de barbelés, sur cette base militaire de Guantanamo qui est sans doute l’un des endroits les plus sécurisés au monde.

Pour résumer ce qui s’est passé au cours de cette audience, les cinq accusés, qui sont tous considérés comme ayant joué un rôle majeur dans la conception et la préparation des attentats du 11-Septembre, ont décidé qu’ils en avaient assez de tous les points de procédure déposés en leur nom par les avocats commis d’office, et qu’ils voulaient qu’on en vienne au procès. Ils veulent plaider coupable, passer aux aveux, à condition qu’on leur garantisse qu’ils seront condamnés à la peine capitale.

Khaled Cheikh Mohamed, celui que l’on présente comme le cerveau des attentats, a depuis son inculpation clamé qu’il voulait mourir en martyr, il s’est lancé hier dans une longue diatribe, en anglais, en expliquant qu’il en avait assez qu’on lui fasse perdre son temps.

Les avocats, entre le marteau et l’enclume

La journée d'hier a également été marquée par les déclarations offensives des avocats des islamistes. Des avocats qui sont coincés entre une justice qu'ils contestent et des prévenus qui les récusent.

Trois des cinq accusés de ce procès ont obtenu le droit de se défendre eux même. Khaled Cheikh Mohamed l’explique très bien d’ailleurs en disant que de toute façon les avocats qu’on leur a commis d’office, qui sont des militaires, sont payés par Bush, et que de toute façon il ne peut avoir confiance en aucun Américain.

Les deux autres accusés ont demandé eux aussi à se défendre seuls, mais pour le moment il y a des expertises psychiatriques en cours, pour savoir si leur état mental leur permet d’être jugés et de se défendre seuls. En attendant ils refusent de parler à leurs avocats, qui eux tentent désespérément de faire les choses dans l’intérêt de leurs clients.

C’est comme cela que l’on a entendu l’un d’entre eux hier dire, « mais attendez, mon client a des problèmes mentaux, mais demandez-vous pourquoi ? C’est à cause de ce que nous, les Etats-Unis, on lui a fait, c’est parce qu’il a été torturé et nous on ne peut pas accepter que l’on prenne en compte des aveux passés sous la torture ». C’est vrai que l’on ne s’attendrait pas à voir un militaire américain en uniforme tout avocat qu’il soit dire ce genre de choses.

Et les avocats comme les défenseurs des droits de l’homme en viennent à la même conclusion finalement : Barack Obama a promis de fermer Guantanamo et de renoncer à ces procédures d’exception. Ils attendent qu’il tienne sa promesse.

« Il faut qu’ils finissent leurs jours en prison »

Maureen Santoro et son mari ont perdu leur fils, pompier, dans les tours du World Trade Center.(Photo : RFI/Donaig Le Du)

Maureen Santoro et son mari ont perdu leur fils, pompier, dans les tours du World Trade Center.
(Photo : RFI/Donaig Le Du)

Pour la première fois quelques familles des victimes assistent aux audiences préliminaires du procès de Khaled Cheikh Mohamed et de 4 de ses coaccusés.

L’un des avocats de la défense tempête. « Pendant tous ces mois, dit-il, on ne les a pas autorisés à venir ici, et comme par hasard c’est maintenant, maintenant que l’on a un président élu qui veut fermer Guantanamo, que le Pentagone décide de les emmener ici. C’est du chantage politique, rien de moins ».

Et de fait, les représentants des familles ne tarissent pas d’éloge sur la procédure judiciaire ici à Guantanamo. On leur garantit un procès équitable, lance Hamilton Petersen, dont le père est mort dans l’un des avions. « Il ne faut pas fermer Guantnamo, ni les transférer aux Etats-Unis, dit-il. Ça coûterait de l’argent au contribuable, alors qu’on est en crise économique, et en plus, les avoir chez nous, ce serait un danger pour notre pays ».

Alice Hoagland, ici en compagnie de son frère Vaughan, a perdu son fils dans l'un des avions.
(Photo : RFI/Donaig Le Du)

Alice Hoagland, ici en compagnie de son frère Vaughan, a perdu son fils dans l'un des avions.
(Photo : RFI/Donaig Le Du)

Alice Hoagland a perdu son fils le 11-Septembre. Et lorsqu’on lui demande si ces hommes qu’elle a vus pour la première fois doivent être condamnés à mort elle répond : « Il y a des choses pires que la mort, dit-elle, comme d’être pour le restant de ses jours prisonniers de ceux que vous haïssez. En plus, il ne faut jamais exclure qu’ils puissent avoir de remords. Non, rajoute Alice, il faut qu’ils finissent leurs jours en prison ».