Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis

La Chambre des représentants vote le plan de sauvetage de l’automobile

par Murielle Paradon

Article publié le 11/12/2008 Dernière mise à jour le 11/12/2008 à 17:53 TU

Les sénateurs républicains, dont John Ensign (c) et Richard Shelby (g), ont voté contre le projet de loi le 10 décembre 2008.(Photo : AFP)

Les sénateurs républicains, dont John Ensign (c) et Richard Shelby (g), ont voté contre le projet de loi le 10 décembre 2008.
(Photo : AFP)

La Chambre des représentants a voté, le 10 décembre, le plan de sauvetage en faveur des constructeurs automobiles. Le vote au Sénat s'annonce cependant plus délicat, car les démocrates, qui défendent le plan, y disposent d'une courte majorité. Le projet de loi prévoit notamment de débloquer en urgence jusqu'à 14 milliards de prêts.

Il aura fallu cinq jours de négociations entre la Maison Blanche et la majorité démocrate à la Chambre des représentants pour aboutir à un texte de compromis. Le projet de loi sur la restructuration de l’industrie automobile a finalement été soumis au vote mercredi soir, et adopté par 237 députés, en majorité des Démocrates. 170 parlementaires ont voté contre, les Républicains y étaient pour la plupart opposés.

Le plan de sauvetage prévoit d’octroyer jusqu’à 14 milliards de dollars de prêts d’urgence aux constructeurs automobiles américains. Le texte initial parlait de 15 milliards de dollars mais à la dernière minute, les députés ont réservé un milliard pour les petites entreprises. Le gros de la somme devrait, en effet, être alloué aux « Big Three », les trois grands constructeurs de Détroit : General Motors, Chrysler et Ford.

Ce dernier ne devrait toutefois pas solliciter de prêt dans l’immédiat, il a fait savoir qu’il n’avait pas de problèmes de liquidités pour l’instant. En tous cas, la somme de 14 milliards de dollars est très en-deça de ce qu’avaient réclamé les « Big Three », soit 34 milliards de dollars, mais des aides supplémentaires pourraient être octroyées ultérieurement.

Dans l’immédiat, l’enveloppe de 14 milliards devrait permettre aux constructeurs de faire face à leurs échéances jusqu’à fin mars. Une période qu’ils devront mettre à profit pour présenter des projets de restructuration. En échange de leur renflouement, les groupes automobiles devront en effet devenir « viables, compétitifs et limiter leur impact sur l’environnement », selon les termes du projet de loi. Par ailleurs, l’Etat entrera au capital des constructeurs à hauteur des prêts qu’ils contracteront. Enfin, un administrateur, baptisé par la presse américaine le « tsar de l’automobile », sera chargé de superviser l’application du plan de sauvetage.

Menace d’obstruction au Sénat

Ce plan voté par la Chambre des représentants est destiné à sauver l’industrie automobile de la faillite. Le secteur emploie directement, selon le texte du projet de loi, 355 000 travailleurs et génère 4,5 millions d’emplois indirects. Un argument utilisé par les Démocrates pour faire passer le texte à la Chambre des représentants. Mais le projet de loi risque d’être beaucoup plus difficile à défendre au Sénat, où les Démocrates n’ont qu’une voix de majorité. Les Républicains, qui sont pour la plupart opposés au plan de sauvetage, ont averti qu’ils feront tout pour faire barrage au texte.

« Sans plan de restructuration, il n’est pas sûr que l’aide de l’Etat suffise à rétablir la compétitivité de l’industrie automobile américaine face à ses concurrents allemands et japonais qui produisent des automobiles en Amérique », a déclaré le sénateur républicain John Ensign, qui a menacé de faire obstruction pour retarder le vote. Un de ses collègues, Richard Shelby, qui avait déjà voté contre le plan de sauvetage du système financier de 700 milliards de dollars, s’oppose farouchement au renflouement des constructeurs automobiles, car ils représentent, selon lui, des groupes « qui ont échoué ou qui sont en train d’échouer ».

Les Républicains bénéficient du soutien d’une majorité d’Américains, qui, selon les derniers sondages, se disent contre ce plan de sauvetage de l’automobile. De son côté, la Maison Blanche a promis de s’employer à convaincre les récalcitrants. Selon l’administration Bush, un vote au Sénat dès jeudi apparaît « réaliste ». Un vote rapide, que le président élu Barak Obama a appelé de ses vœux dans une conférence de presse tenue aujourd'hui, à Chicago.