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Proche-Orient

Après la trêve, un statu quo tendu

par Franck Weil-Rabaud

Article publié le 18/12/2008 Dernière mise à jour le 18/12/2008 à 16:48 TU

Les violences israélo-palestiniennes ont continué ce jeudi, à la veille de l'expiration d'une trêve de six mois dans la bande de Gaza, où les dirigeants israéliens hésitent à lancer dans l'immédiat une opération militaire de grande envergure. Neuf roquettes et obus palestiniens ont été tirés à l'aube vers le sud d'Israël sans faire ni victime ni dégât, selon un porte-parole militaire. La veille, 20 roquettes tirées par des activistes palestiniens depuis la bande de Gaza s'étaient abattues sur le sud de Sdérot, faisant deux blessés légers et endommageant des véhicules.

Des habitants de Sdérot (Israël) trouvent refuge dans un supermarché lors d'une attaque palestinienne à la roquette, le 17 décembre.(Photo : Reuters)

Des habitants de Sdérot (Israël) trouvent refuge dans un supermarché lors d'une attaque palestinienne à la roquette, le 17 décembre.
(Photo : Reuters)

Il n’y aura pas de reconduction de la trêve conclue le 17 juin dernier. Sur ce point, le gouvernement israélien et les responsables du Hamas sont d’accord. Le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum, a estimé qu’il n’y avait pas de possibilités de reconduire un cessez-le-feu qui n’aura été que fragile et provisoire. Dès sa conclusion, cet accord conclu sous l’égide de l’Egypte était voué à une durée de vie limitée dans la mesure où il s’agissait pour Israël comme pour le Hamas d’une décision tactique et non d’une volonté politique commune d’ouvrir un dialogue.

En juin dernier, les deux parties avaient tout intérêt à limiter les risques d’un affrontement direct. Le gouvernement israélien, encore marqué par l’échec de la guerre au Liban à l’été 2006, hésitait à l’époque à lancer une offensive majeure dans la bande de Gaza. De son côté, le Hamas espérait obtenir un allégement du blocus du territoire palestinien. Sans compter que l’Etat hébreu cherchait à obtenir la libération du caporal Gilad Shalit enlevé dans la bande de Gaza en juin 2006 et dont le sort pouvait être menacé en cas d’intervention militaire israélienne massive à Gaza. 

Le Hamas chaque jour plus incontournable

Concrètement, la trêve visait avant tout, pour l’Etat hébreu, à faire cesser les tirs de roquettes des organisations armées palestiniennes vers le sud d’Israël. Sur le plan strictement comptable, cette trêve provisoire a été un succès. Alors que près de 2 700 roquettes avaient été tirées entre janvier et juin 2008, leur nombre est tombé à 65 entre le 19 juin et le 4 novembre. Les groupes armés palestiniens ont toutefois repris les tirs ces dernières semaines. Les islamistes du Hamas affirment que l’Etat hébreu n’a pas tenu sa promesse d’alléger le bouclage des territoires palestiniens. Le principal point de passage, situé à Rafah à la frontière avec l’Egypte, n’a quasiment pas ouvert depuis la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza en juin 2007. Quant aux marchandises, elles n’ont pu entrer dans la bande de Gaza que de manière irrégulière.

La situation humanitaire s’est donc considérablement dégradée au point que les agences des Nations unies chargées de venir en aide aux Palestiniens ont tiré publiquement le signal d’alarme. Les autorités israéliennes affirment de leur côté que le bouclage de la bande de Gaza répond uniquement à des critères sécuritaires. Mais officieusement, il s’agit d’imposer une pression sur la population de Gaza pour affaiblir le Hamas. Sur ce point, la stratégie est un échec. L’Autorité palestinienne dirigée depuis Ramallah, en Cisjordanie occupée, par le président Mahmoud Abbas ne semble toujours pas en mesure d’imposer son pouvoir à Gaza. Sans compter que le mouvement islamiste apparaît chaque jour un peu plus incontournable dans l’optique d’une solution à long terme.

Au lendemain de la trêve

La décision du Hamas de ne pas reconduire la trêve ne signifie pas pour autant un affrontement imminent de grande ampleur entre le mouvement islamiste et Israël. Le ministre israélien de la Défense, le travailliste Ehoud Barak, exclut pour l’heure une offensive majeure. Il a simplement affirmé que l’Etat hébreu répondrait par des moyens appropriés à toute reprise des tirs de roquettes par les groupes armés palestiniens. L’armée de l’air israélienne a d’ailleurs effectué deux raids présentés comme des représailles après que des tirs palestiniens eurent visé le sud du territoire de l’Etat hébreu.

Le statu quo né du compromis conclu il y a six mois sous l’égide de l’Egypte devrait donc perdurer. Ce n’est qu’à l’issue des élections anticipées en Israël en février prochain que la donne pourait changer. L’ancien Premier ministre et chef de file du Likoud Benyamin Netanyaou, toujours favori selon les sondages, est en effet partisan d’une politique de fermeté à l’égard des islamistes du Hamas.