par Michèle Gayral
Article publié le 16/01/2009 Dernière mise à jour le 16/01/2009 à 22:19 TU
Des supporters du Front Farabundo Marti de Libération nationale, lors de la journée de commémoration pour le 17ème anniversaire de la fin de la guerre civile au Salvador.
(Photo: AFP)
L'ONU fut l'énergique marraine des accords de paix signés le 16 janvier 1992 au Mexique entre, d'une part, le gouvernement de San Salvador et, d'autre part, des rebelles marxistes engagés dans une sanglante lutte armée depuis les années 1970, mais sans connaître les succès de leurs voisins sandinistes du Nicaragua. Il faut dire que les Etats-Unis avaient soutenu très activement le pouvoir salvadorien contre la guérilla. Ce long conflit avait fait 75.000 morts et 7.000 disparus.
Aujourd'hui, on retrouve, sinon exactement les mêmes acteurs, en tout cas les mêmes références collectives qu'il y a 17 ans. Le pouvoir est toujours aux mains du parti de droite ARENA, et l'opposition toujours dominée par le Front Farabundo Marti de Libération nationale, à cette essentielle différence près qu'en principe, il n'y a plus chez le premier de collusion avec des escadrons de la mort, et le second a définitivement déposé les armes. Le haut niveau d'invective que conserve le débat politique montre cependant, comme vient de le déplorer l'évêque auxiliaire de San Salvador Gregorio Rosa Chavez, dans la droite ligne de Mgr Romero l'archevêque assassiné en pleine cathédrale en mars 1980, qu'il n'existe toujours ni « pleine réconciliation », ni « culture de concertation » dans le plus petit pays d'Amérique centrale.
Les guérilleros du FFMLN dans leur camp d'entraînement en avril 1982, à Guacamaya dans le département du Morazán, au nord-est du Salvador.
(Photo: AFP)
La présidence, centre du pouvoir
C'est sur cette scène politique très polarisée que vont se jouer, d'abord ce dimanche 18 janvier, des élections législatives et municipales, puis à la mi-mars, une élection présidentielle opposant deux leaders d'une nouvelle génération qui n'a pas participé à la guerre civile. Mauricio Funes, qui porte les couleurs du Front Farabundo Marti, est un journaliste populaire longtemps très critique, avant qu'il ne choisisse de s'engager en politique, du gouvernement conduit depuis cinq ans par le président d'origine palestinienne Antonio Saca, un si proche allié de George Bush qu'il a envoyé en Irak un petit contingent soutenir les troupes américaines. Antonio Funes affrontera en mars le candidat de l'ARENA Rodrigo Avila, qui étudiait encore aux Etats-Unis lorsque se négociaient les accords de paix.
Pour la première fois, les sondages donnent de bonnes chances à la gauche d'origine révolutionnaire de l'emporter dans l'ensemble des scrutins. Il est déjà arrivé que le Front Farabundo Marti remporte les législatives, par exemple. Ce fut le cas en 2000. Mais le véritable centre du pouvoir salvadorien se trouve à la présidence, qui a jusqu'à présent toujours échappé aux anciens guérilléros. Les élections qui se déroulent dimanche devraient préfigurer, aux yeux des observateurs, le scrutin présidentiel prévu deux mois plus tard. Une sorte de « premier tour » que Washington suivra de près.