Article publié le 30/01/2009 Dernière mise à jour le 30/01/2009 à 11:42 TU
La CPI avait émis en 2007 un mandat d’arrêt visant Ahmed Haroun, recherché pour des exactions menées au Darfour en 2003 et 2004 alors qu’il était ministre de l’Intérieur.
(Photo : wikipedia)
Un militaire soudanais a été condamné mercredi à 17 ans de prison pour avoir voulu aider la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur le ministre des Affaires humanitaires soudanais, Mohammed Ahmed Haroun, accusé de crimes de guerre au Darfour. Mohammed el-Sari avait été arrêté en juin et accusé d'avoir tenté de recueillir des informations sur des « unités spéciales de la police » les Janjawids. Il a aussi été reconnu coupable d'espionnage pour un pays étranger en voulant transmettre des informations, via un intermédiaire, à la CPI. Mohammed el-Sari, a deux semaines pour interjeter appel. Cette condamnation intervient tandis que cette même CPI doit rendre sa décision sur l’éventuelle poursuite du président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité.
De notre correspondant à Khartoum, Stéphane Aubouard
Le juge de la Cour criminelle de Khartoum-Nord, Abdel Wahab Ismaïl, a reconnu Mohammed el-Sari, un ancien soldat, coupable de quatre chefs d’accusation.
Coupable d’avoir voulu recueillir des informations sur les milices progouvernementales armées par Khartoum au Darfour ; coupable d’avoir collaboré avec un membre de la rébellion darfouri dans le but de collecter ces informations ; coupable d’espionnage pour avoir voulu transmettre ces informations à un pays étranger ; coupable enfin d’avoir en sa possession des documents secrets concernant ces mêmes milices.
Selon un officier des renseignements soudanais appelé à la barre, un Jordanien non identifié et trois personnes ayant la double nationalité soudanaise et américaine auraient aidé l’accusé à faire passer des informations sur Mohammed Ahmed Haroun, l’actuel ministre des Affaires humanitaires soudanais accusé de crimes de guerre par la CPI.
Mohammed el-Sari a écopé de 17 ans de prison et de 2 200 dollars d’amende. Il a deux semaines pour faire appel.
Cette condamnation intervient dans un climat étrange à Khartoum. D’un jour à l’autre, la CPI doit se prononcer sur l’éventuelle condamnation du président soudanais pour crimes de génocide au Darfour.
Des arrestations et des contrôles de police ont eu lieu ces derniers jours tandis que certaines ambassades occidentales demandent à leurs ressortissants de prévoir des vivres pour plusieurs jours en cas de troubles.
Directrice de la coopéation internationale au bureau du procureur de la CPI
« Les autorités soudanaises ont mené une espèce de campagne de ratissage très large, de toutes personnes qui, soit parce qu’ils sont des opposants, soit parce que ce sont des militants des droits de l’homme connus et anciens. Ils ont commencé à arrêter tout le monde et à les taxer de coopération avec la Cour pénale internationale. »
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