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Proche-Orient

Les Etats-Unis s'engagent à oeuvrer pour la paix dans la région, assure l'émissaire d'Obama

par Franck WEIL-RABAUD

Article publié le 30/01/2009 Dernière mise à jour le 30/01/2009 à 18:41 TU

George Mitchell à son arrivée à Ramallah le 29 janvier 2009.(Photo : Fadi Arouri/Reuters)

George Mitchell à son arrivée à Ramallah le 29 janvier 2009.
(Photo : Fadi Arouri/Reuters)

La trêve est on ne peut plus précaire au Proche-Orient tirs de roquettes contre raids aériens un scénario bien connu, rejoué ce jeudi entre les groupes armés palestiniens et l'armée israélienne et face au regain de tension, pas de déclarations fracassantes de George Mitchell l'émissaire américain est en tournée dans la région qui a néanmoins averti que « de nouveaux contretemps sont à craindre dans la recherche d'un règlement de paix entre Israël et les Palestiniens après le conflit de la bande de Gaza ».

En attendant d’éventuels résultats concrets, le nouveau président américain n’a pas été avare de symboles destinés à illustrer un regard neuf sur le dossier du Proche Orient. A peine investi le 20 janvier dernier, il consacre son premier coup de téléphone à un dirigeant étranger au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Et ce avant même de s‘entretenir avec le Premier ministre israélien, considéré jusqu’alors comme le principal allié des Etats-Unis. Quelques jours plus tard, nouveau signal à destination du monde arabe et musulman : Barack Obama choisit la chaîne satellitaire Al-Arabya basée à Dubaï pour son premier entretien télévisé depuis son entrée en fonction. L’objectif est clair : convaincre que « les Etats-Unis ne sont pas les ennemis des musulmans » et qu'ils espèrent « restaurer le respect et le partenariat avec le monde arabe et musulman qui prévalait il y a 20 ou 30 ans ».

Ce discours tranche résolument avec celui de son prédécesseur pour qui les Etats-Unis devaient mener la lutte contre « la terreur islamiste » et contribuer de manière active à l’instauration de la démocratie dans le monde arabe. C’était du moins la justification de l’invasion de l’Irak en 2003. Mais les populations arabes et musulmanes ont rapidement constaté que ce discours était à géométrie variable. Les Etats-Unis n’ont ainsi jamais pris de mesures concrètes contre l’Egypte en dépit des atteintes aux droits de l’homme commises par le régime de leur allié le président Hosni Moubarak.

C’est donc avec une politique très décriée que le nouveau président américain entend rompre. Avec une volonté affichée « d’écouter et non d’imposer ». Et s’il y a bien un dossier sur lequel Barack Obama est très attendu c’est évidemment le conflit israélo-palestinien.

Le Proche-Orient, dossier prioritaire ?

Si la crise économique née de la faillite d’un système financier dispensé de toute régulation demeure la priorité du nouveau président, le dossier du Proche-Orient n’est jamais bien loin des préoccupations d’un président américain. La récente offensive israélienne contre le Hamas à Gaza est venue confirmer cette réalité. Pour aborder cette question, Barack Obama devrait tirer les leçons des stratégies totalement divergentes adoptées par ses deux prédécesseurs que sont Georges Bush et Bill Clinton. Le premier a longtemps refusé de faire du conflit israélo-palestinien une priorité de sa diplomatie, préférant se concentrer sur la lutte contre le terrorisme. Ce n’est qu’en 2007, à l’occasion de la conférence d’Annapolis qu’il s’engage pour promettre la création d’ici la fin de 2008 d’un Etat palestinien indépendant et viable. Une promesse qui n’a pas été tenue. Pour justifier le peu d’empressement à se saisir du dossier, George Bush a toujours rappelé que Bill Clinton n’avait guère fait mieux en dépit d’un engagement personnel très fort auprès des Israéliens et des Palestiniens.

Pour l’heure Barack Obama semble avoir opté pour une voie médiane. Sans s’engager directement dans les pourparlers, le président américain a désigné un nouvel envoyé spécial chargé du Proche-Orient en la personne de George Mitchell. Ce choix est loin d’être anodin. Le nouveau locataire de la Maison Blanche n’a ainsi pas souhaité nommer des personnalités appartenant à la communauté juive, telles que Martin Indik ou Dennis Ross, qui occupa ce même poste sous la présidence de Bill Clinton. Il a choisi néanmoins un homme rompu à la diplomatie et dont Israéliens et Palestiniens se souviennent qu’il fut à l’origine d’un rapport sur les causes de la seconde intifada. Rapport dans lequel il mettait en cause les responsables palestiniens mais où il demandait également au gouvernement israélien de cesser la colonisation en Cisjordanie occupée. Le rapport avait été rapidement enterré par le président Bush, à la demande d’Ariel Sharon, alors Premier ministre israélien.

A peine nommé George Mitchell s’est rendu en Israël et dans les territoires palestiniens « avant tout pour écouter les deux parties. L’objectif étant toujours de parvenir à une paix durable ». L’émissaire américain a toutefois reconnu que « la violence tragique à Gaza et dans le sud d’Israël viennent rappeler la gravité des défis et malheureusement les revers à venir » dans la recherche d’un règlement définitif. George Mitchell a pu mesurer l’ampleur des difficultés en rencontrant Benyamin Netanyahou. Le chef de file du Likoud, le principal parti de droite israélien et favori pour devenir Premier ministre à l’issue des élections législatives du 10 février prochain, a clairement indiqué qu’il ne se sentait pas lié par les promesses faites par Ehud Olmert.

L’actuel chef du gouvernement a laissé entendre qu’en cas d’accord de paix avec les Palestiniens, Israël pourrait accepter d’évacuer quelque 60 000 des 282 000 colons israéliens vivant actuellement en Cisjordanie occupée. La bonne volonté affichée par le nouvel envoyé spécial de Barack Obama se heurte à une autre difficulté. Le nouveau gouvernement américain n’entend pas à l’image du précédent, entamer pour l’instant sous quelque forme que ce soit un dialogue avec les islamistes  du Hamas. Cela rend donc très hypothétique toute solution globale dans la mesure où le Hamas contrôle toujours la bande de Gaza.  A moins que ce dialogue puisse se faire de manière indirecte par le biais d’une reprise des relations politiques avec l’Iran.

Trente ans après, les Etats-Unis vers un dialogue avec l’Iran

Au cours de sa campagne électorale, c’est sur le dossier iranien que Barack Obama avait été le plus critiqué. Il avait à l’époque affirmé qu’il était prêt à un dialogue direct et sans condition avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Désormais élu, Barack Obama est toujours partisan d’un dialogue interrompu il y a tout juste trente ans, après la révolution islamique. Dans son interview à la chaîne de télévision satellitaire Al-Arabya, le président américain a assuré que « si des pays comme l’Iran sont prêts à ouvrir le poing, ils trouveront une main tendue de notre part ». Le président iranien n’a pas encore formellement répondu à cette offre de dialogue. Il exige avant toute chose, « des excuses pour les crimes commis contre la nation iranienne ».

L’heure apparaît toutefois à la détente même si le gouvernement américain sait qu’il devra attendre le résultat des élections présidentielles en Iran prévues en juin prochain pour savoir avec qui entamer un éventuel dialogue. En attendant, Barack Obama a rappelé qu’il était hostile comme son prédécesseur à l’acquisition par la République islamique de l’arme nucléaire. Il a également souligné qu’en la matière toutes les options y compris militaires étaient à l’étude. Reste que le discours américain vis-à-vis de l’Iran a évolué. Il faut désormais attendre pour savoir si, sur ce dossier comme sur l’ensemble des questions proche-orientale, la volonté de trancher avec la politique de George Bush suffira pour obtenir des avancées concrètes.