par Francine Quentin
Article publié le 10/02/2009 Dernière mise à jour le 10/02/2009 à 19:14 TU
La clause « Achetez américain » sur l’acier, contenue dans le plan Obama a déclenché un tollé, notamment au Forum économique mondial de Davos qui était réuni à ce moment-là. Mais cette tendance à réserver les fonds publics à des entreprises nationales n’est pas le fait seulement des Etats-Unis. En Asie, l'Inde a augmenté ses barrières douanières sur les importations d’acier et a interdit, pour une durée de six mois, les jouets de fabrication chinoise. En Russie, il est devenu beaucoup plus cher désormais d'acheter une voiture étrangère. En Amérique latine, l'Equateur est allé encore plus loin, avec une hausse de 5 à 20% de ses droits de douane sur plusieurs centaines de produits.
L’Europe n’est pas en reste et cette fois, c’est le plan de 6,5 milliards d’euros de soutien au secteur automobile français qui est dans la ligne de mire de ses partenaires européens. L’aide de l’Etat est assortie de conditions, portant sur le maintien des sites de production sur le territoire français. La Commission européenne s’en émeut et demande des éclaircissements à la France. Bruxelles considère que si l’aide de la France à son industrie automobile était en contradiction avec le principe du marché unique, elle serait alors illégale et par conséquent ne serait pas autorisée par la Commission européenne.
Des mesures contre-productives
L’Allemagne, la Slovaquie et la République tchèque n’ont pas attendu la réaction de la Commission européenne pour s’élever contre le plan français, dès son annonce lundi par le président Nicolas Sarkozy, alors que les ministres de l’Economie et des Finances de l’Union européenne étaient réunis à Bruxelles. Il ne s’agit pas de protectionnisme, a répété Christine Lagarde, ministre de l’Economie et des Finances, devant ses pairs de la zone euro. Il s’agit plutôt de « relance focalisée sur la recherche, le développement, la qualité de nos industries automobiles et puis les contreparties qui ont été négociées avec les constructeurs ». Nuance...
La Commission européenne, qui s’apprête à examiner en urgence le plan français en faveur de PSA et Renault, tranchera. Mais à l’Organisation mondiale du commerce, on voit venir le danger. La non-discrimination entre produits nationaux et produits en provenance de l’étranger, la circulation sans obstacles des biens, des services et des personnes sont les principes mêmes qui inspirent cette organisation.
Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, prend acte que le commerce international touché par la crise est au point mort. Mais dans cette conjoncture défavorable, il souligne que les pays membres de l’OMC, fragilisés par de mauvaises perspectives économiques, sont devenus particulièrement « vulnérables à l’introduction de mesures susceptibles de fermer l’accès aux marchés ou de fausser la concurrence ». Les pays en développement en seraient les premières victimes. Mais pas les seules. A l’OMC, on rappelle qu’il y a quelques années, lorsque les Etats-Unis ont tenté de protéger l’industrie automobile américaine contre les importations japonaises afin de préserver l’emploi aux Etats-Unis, la réduction des importations en provenance du Japon a finalement provoqué une hausse des prix des voitures aux Etats-Unis. Celles-ci se sont alors moins bien vendues et des emplois ont été perdus.« Il n'y aura pas, a priori, de plan commun mais une coordination pour éviter la concurrence entre banques. »
A Bruxelles, les ministres de l'Economie de l'Union européenne ont entamé des discussions ce mardi.
Réunion de l'Ecofin avec une première avancée : les 27 ont en effet fait des progrès sur«les actifs toxiques des banques».
De « protectionnisme » il a en été question ce mardi à Bruxelles, notamment concernant le plan pour l'automobile annoncé lundi en France par Nicolas Sarkozy. Les 27 vont regarder ce plan de plus près.
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