Article publié le 11/02/2009 Dernière mise à jour le 11/02/2009 à 06:17 TU
On a jonglé avec les milliards hier à Washington, et même avec les centaines de milliards. D'abord le Sénat a adopté le plan de relance de l'économie de l'administration Obama par 61 voix pour et 37 contre. Des mesures qui s'élèvent à 838 milliards de dollars. Et puis, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a dévoilé la nouvelle version du plan de sauvetage des banques. Il complète une première version de 700 milliards de dollars votée au mois d'octobre. 350 milliards ont déjà été alloués aux banques. Il s'agissait de verser la seconde moitié, mais le Trésor est allé beaucoup plus loin. Un plan jugé par certains insuffisant, d'autres parlent carrément d'un échec.
Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du
Conférence de presse du secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, qui présente la nouvelle version du plan de sauvetage du système financier, le 10 février 2009.
(Photo : Reuters)
Il avait sans doute espéré mieux, Tim Geithner. A l’issue de sa conférence de presse hier matin, la Bourse de New York a plongé, pour terminer en baisse de 4,6%.
Car l’administration Obama n’a pas voulu se contenter de débloquer la seconde tranche du plan de 700 milliards de dollars voté à l’automne pour éviter le naufrage des banques. Tim Geithner a annoncé un audit complet de tous les établissements financiers, la mise en place de conditions plus strictes pour que ceux-ci obtiennent l’aide de l’Etat, et enfin la création d’un fonds à capitaux privés et publics chargé de racheter les actifs toxiques qui plombent les bilans des banques.
Au bout du compte, des chiffres qui donnent le tournis. A terme jusqu’à 1 000 milliards de dollars pour le fonds, des mesures d’aide au crédit, à hauteur de 1 000 milliards de dollars aussi, bientôt 50 milliards pour aider les propriétaires endettés.
Pendant ce temps-là, le Sénat adoptait le plan de redressement de l’économie, à hauteur cette fois de 838 milliards de dollars. Un plan qui va être rediscuté dans les jours qui viennent pour être adopté dans les mêmes termes par les deux Chambres du Congrès américain. Son chiffrage total devrait donc tourner autour de ce montant. A quelques dizaines de milliards de dollars près.
Wall Street plonge |
Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua
En période de crise de confiance, comprendre et savoir jouer sur la psychologie du marché est très important. Or d’un point de vue purement psychologique le plan annoncé par le Trésor américain est un échec. Il n’a pas donné à Wall Street les détails nécessaires. Notamment on ne sait pas comment fonctionnera le fonds censé avec 100 milliards de dollars de financement inciter les investisseurs privés à racheter 500 milliards de dollars de créances bancaires toxiques.
Des valeurs bancaires du coup à Wall Street ont été particulièrement massacrées avec des plongeons de 15 à 20%. Le scepticisme de Wall Street tient aussi au fait que l’on juge le plan trop modeste. Il faudra plus que 350 milliards de dollars pour venir à bout d’une crise bancaire qui s’aggrave à mesure que la récession elle-même s’aggrave et affecte des finances de foyers et d’entreprises qui hier encore étaient saines.
La hausse de l’or et le refuge des investisseurs vers les obligations d’Etat reflètent également la crainte que le vaste plan de relance, par ailleurs en discussion au Congrès, mettent trop longtemps avant d’avoir un effet concret sur l’emploi. |
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