Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Japon / Economie

Le Japon dans la tourmente

par Marie Dupin

Article publié le 16/02/2009 Dernière mise à jour le 16/02/2009 à 17:33 TU

Le pays a subi en 2008 sa pire contraction économique en 35 ans. Le produit intérieur brut du pays a chuté de 3,3% au quatrième trimestre, soit une chute de 12,7% en rythme annuel. Un recul trois fois plus important qu'aux Etats-Unis. Le Japon est d'abord victime de la chute de ses exportations.

Le ministre des Finances japonais Shoichi Nakagawa lors d'une réunion du comité fiscal et financier de la Chambre basse du Parlement, à Tokyo, le 16 février 2009.(Photo : Reuters)

Le ministre des Finances japonais Shoichi Nakagawa lors d'une réunion du comité fiscal et financier de la Chambre basse du Parlement, à Tokyo, le 16 février 2009.
(Photo : Reuters)


Le Japon avait été relativement épargné par la débâcle boursière et financière mondiale. En revanche, la crise de l'économie réelle a des conséquences catastrophiques. En effet, le principal levier de croissance du pays ce sont les exportations, notamment vers les Etats-Unis. Et aujourd’hui, celles-ci sont doublement pénalisées. Tout d’abord par la valeur de la devise japonaise, le yen, qui ne cesse de s’apprécier par rapport au dollar. Ensuite, par la baisse de la consommation dans les pays industrialisés, comme les Etats-Unis, gros consommateurs de produits manufacturés à haute valeur ajoutée en provenance du Japon (appareils électroniques, automobile…). Résultat : les exportations japonaises ont chuté de près de 14% au quatrième trimestre. Une chute très importante qui explique en très grande partie l'ampleur de la récession.

Licenciements

Les conséquences sociales de ces mauvaises performances économiques sont lourdes. Des entreprises, qui étaient habituées ces dernières années à afficher des bénéfices faramineux, licencient à tout-va. Le constructeur automobile Toyota, par exemple, a déjà annoncé qu'il allait afficher des pertes en 2008, et ce pour la première fois depuis plus de 40 ans. Autre exemple : le groupe électronique Panasonic va supprimer 15 000 emplois et fermer 27 usines dans le monde. Panasonic qui a, par ailleurs, mis en place un programme intitulé Buy Panasonic (achetez Panasonic). L'entreprise demande à 10 000 de ses salariés d’empêcher une aggravation de la situation de l’entreprise en achetant des produits de la marque Panasonic d'une valeur allant jusqu'à 1 500 euros. Les plus fortunés devront davantage mettre la main à la poche.

Les intérimaires sont ceux qui souffrent le plus de la situation économique. Plusieurs centaines d'entre eux, qui ont été licenciés, ont déjà manifesté à Tokyo pour exiger une meilleure protection sociale face à la crise. Au Japon, l'intérim a été mis en place, il y a quelques années, pour les emplois à faible qualification. Ce système a précarisé des centaines de milliers d'ouvriers, qui sont aujourd'hui les premières victimes de la crise.

Perspectives

La situation ne devrait pas s’arranger avant de longs mois. Les exportateurs continuent de réduire la production et de supprimer des emplois, tandis que de nombreux distributeurs font état d'une baisse de leurs ventes. Les économistes s'attendent, pour le trimestre janvier-mars, à une baisse d'environ 10% du PIB en rythme annualisé. Pour le ministre de l'Economie, Kaoru Yosano, « il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la plus grave récession de la période de l'après-guerre ».

Pour ne rien arranger, les politiques semblent démunis face à cette situation. Deux plans de relance ont déjà été votés et un troisième serait dans les cartons, mais les mesures tardent à se mettre en place. En effet, le parti au pouvoir, le Parti libéral démocrate (PLD), n’a la majorité que dans l'une des deux chambres du Parlement. Par ailleurs, le gouvernement souffre d'un gros déficit de popularité. Selon un sondage, la cote de sympathie du Premier ministre, Taro Aso, est même passée sous la barre des 10% et les rumeurs sur des élections législatives anticipées se font de plus de plus en plus pressantes.