par Myriam Berber
Article publié le 22/12/2008 Dernière mise à jour le 22/12/2008 à 16:20 TU
Katsuaki Watanabe, président de Toyota, a annoncé les chiffres de l'entreprise pour l'année 2008.
(Photo : Kim Kyung-Hoon/Reuters)
Après les Américains, c’est au tour des constructeurs automobiles japonais de connaître de sérieux problèmes. Toyota va voir ses performances plonger dans les semaines à venir. L’industriel japonais a annoncé, lundi 22 décembre 2008, qu’il revoyait à la baisse ses prévisions de résultats annuels. Le groupe nippon qui tablait sur un bénéfice d’exploitation de 4,8 milliards d’euros sur l’exercice 2008-2009, prévoit désormais une perte de 1,22 milliard d’euros. Une première depuis soixante-dix ans. «L’environnement qui nous entoure est de plus en plus en plus rude et difficile. C’est une situation d’urgence sans précédent », a reconnu le PDG du groupe, Katsuaki Watanabe, lors d’une conférence de presse à Nagoya, le fief du constructeur au centre du Japon.
Malgré des modèles hybrides peu gourmands en carburant, Toyota est victime d’un affaiblissement de la demande dans les pays occidentaux durement touchés par la crise financière. En novembre, ses ventes ont chuté de 28% au Japon et de 34% aux Etats-Unis, ses deux premiers marchés. Elles ont également baissé de 33% en Europe et donnent de sérieux signes de faiblesse dans les pays émergents. Après huit années consécutives de ventes records, Toyota ne devrait vendre que 7,5 millions de véhicules dans le monde sur l’exercice en cours, contre 8,9 millions en 2007-2008.
Une réduction des investissements mondiaux
En conséquence, Toyota a décidé de supprimer 3 000 postes temporaires dans l’Archipel et de réduire de 10% les bonus des cadres dirigeants. Le groupe a aussi annoncé des réductions de production sur les usines du groupe et notamment sur les sites nippons à Tahara et Kyushu. Il compte également recourir à du chômage partiel dans ses sept usines américaines et canadiennes. Le groupe prévoit aussi de ralentir fortement ses investissements. Le PDG du groupe Katsuaki Watanabe a ainsi annoncé « le gel de plusieurs projets d’accroissement des capacités, comme notamment l’entrée en exploitation d’une usine actuellement en construction dans le Mississipi aux Etats-Unis, prévue pour 2010 ». Les investissements du groupe devraient ainsi passer l’an prochain sous la barre des 8 milliards d’euros.
Autre facteur qui explique ses mauvais résultats: le renchérissement du yen. La monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, a atteint son niveau le plus haut face au dollar et à l’euro et cette envolée du yen menace sévèrement les constructeurs d’automobile, en tant qu’entreprises exportatrices. Les prévisions de Toyota reposaient sur un taux de change de 100 yens pour un dollar. Mais la monnaie japonaise évolue actuellement à ses plus hauts niveaux depuis treize ans face au billet vert et 100 yens s’échangent désormais contre 1,12 dollar.
Détérioration de l’économie japonaise
Les problèmes de Toyota sont une très mauvaise nouvelle pour l’économie japonaise, d’autant plus que l’automobile représente pour le pays, la première source de revenus à l’exportation. Dans leur ensemble, les exportations ont reculé de 26,7% en novembre, soit la plus forte baisse depuis sept ans. La balance commerciale est en déficit d'1,8 milliard d'euros, alors qu'elle était excédentaire l'année dernière.
Le Japon s’enfonce dans la récession. Le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 0,5% au troisième trimestre 2008 par rapport au précédent. En rythme annuel, la contraction atteint 1,8%, soit deux fois plus qu'attendu par les économistes. Et ces derniers prévoient que la tendance va se poursuivre au moins jusqu’au premier trimestre 2009. Pour éviter une crise comme celle de la fin des années 1990, le Premier ministre Taro Aso a donné, le 20 décembre 2008, son accord à une deuxième rallonge budgétaire pour l'exercice 2008-2009. Elle s'élève à 39 milliards d’euros et devrait venir s'ajouter, si elle est acceptée par le Parlement, à celle de 14 milliards d’euros votée en octobre. Parmi les mesures annoncées : des réductions d’impôts, des aides directes aux ménages ou encore, des prêts aux petites et moyennes entreprises.