Japon

Récession, acte II

par Myriam Berber

Article publié le 09/12/2008 Dernière mise à jour le 09/12/2008 à 17:04 TU

La crise financière internationale pèse de plus en plus sur la deuxième économie mondiale. Le gouvernement a annoncé un recul de 0,5% de l’activité au Japon pour le troisième trimestre 2008. Une mauvaise nouvelle, puisque les prévisions donnaient un chiffre de 0,1%. Certains secteurs sont particulièrement exposés comme l’automobile et l’électronique. Le géant nippon Sony vient d’annoncer la suppression de 8 000 emplois à travers le monde.

Le siège de Sony à Tokyo, le 9 décembre 2008.
( Photo : Reuters )

Le Japon s’enfonce dans la récession. Le produit intérieur brut (PIB) a finalement baissé de 0,5% au troisième trimestre 2008 par rapport au précédent, et non de 0,1% comme annoncé en première estimation.

En rythme annuel, la contraction atteint 1,8%, soit deux fois plus qu'attendu par les économistes. Et ces derniers prévoient que la tendance va se poursuivre au moins jusqu’au premier trimestre 2009.

Pour éviter une crise comme celle de la fin de des années 90, le Premier ministre Taro Aso serait, selon les médias, en train d’envisager un plan de relance pour atténuer les effets de la récession sur le marché de l’emploi. Au mois d’octobre, le gouvernement avait déjà lancé un plan de soutien à l’économie d’un montant de 207 milliards d’euros. Parmi les mesures annoncées : des réductions d’impôts, des aides directes aux ménages, des allocations familiales ou vieillesse ou encore des prêts aux petites et moyennes entreprises.

Le recul des exportations

Deux facteurs expliquent la dégradation actuelle de l’économie nippone :  la faiblesse des dépenses d’investissements et des exportations. Les industriels sont victimes d’un affaiblissement de la demande dans les pays occidentaux durement touchés par la crise financière. Ils révisent à la baisse leurs prévisions de production, et surtout hésitent à investir, de peur de se retrouver avec des stocks excédentaires.

Les exportations, un moteur essentiel de l’économie nippone, ont donc reculé de 7,7% en octobre sur un an, soit la plus forte baisse depuis sept ans. La balance commerciale a enregistré en octobre un déficit de 510 millions d'euros. Les exportations vers l'Amérique du Nord et l'Europe ont ainsi baissé de près de 20%. Le renchérissement du yen n’arrange en rien la situation. La monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, a atteint son niveau le plus haut face au dollar et à l’euro et cette envolée du yen menace les exportations du pays. Cette chute des exportations a frappé sévèrement les grands groupes japonais de l’automobile et de l’électronique.

Sony touché par la crise

Le géant Sony a ainsi annoncé, mardi 9 décembre 2008, un vaste plan de restructuration destiné à réaliser plus de 855 millions d’euros d’économies. En conséquence, Sony annonce la suppression de 8 000 emplois dans le monde sur les 186 000 que compte le groupe. Ce qui se traduira par des suppressions d’emplois via des départs en retraite mais aussi une réduction du nombre d’intérimaires et des contrats à durée déterminée dans le secteur de la production. Le géant nippon prévoit également de geler une partie de ses investissements et de fermer certaines usines, comme celle de Dax, dans le sud-ouest de la France.

Le secteur automobile est aussi ébranlé par la crise. Après Nissan, qui a annoncé en octobre la suppression de 3500 emplois dans le monde, c’est au tour du numéro un mondial Toyota. Le constructeur automobile nippon dont les ventes ont chuté de 34% en novembre aux Etats-Unis a annoncé, mardi 9 décembre 2008, vouloir réduire ses investissements mondiaux de 30% à 40% durant son prochain exercice fiscal. Le géant de l’automobile étudie également une réduction des effectifs de son personnel temporaire. Près de 3 000 postes à contrat temporaire dans l’Archipel seraient menacés.