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Chine

Face à la crise, le Big Deal de Pékin

par Myriam Berber

Article publié le 10/11/2008 Dernière mise à jour le 10/11/2008 à 17:11 TU

Dans le cadre de ce plan de relance, le gouvernement chinois va consacrer plusieurs centaines de milliards de yuans au secteur de la construction.( Photo : Reuters )

Dans le cadre de ce plan de relance, le gouvernement chinois va consacrer plusieurs centaines de milliards de yuans au secteur de la construction.
( Photo : Reuters )

Le gouvernement chinois a annoncé, dimanche 9 novembre 2008, un plan de relance de 455 milliards d’euros sur les deux prochaines années pour soutenir son économie. L’objectif est de dynamiser la consommation intérieure pour compenser la chute des exportations. L’essentiel de cet argent public sera consacré à des grands travaux d’infrastructures et à des politiques sociales. Les Bourses asiatiques et européennes ont accueilli favorablement cette annonce.

Alors que le G20, le groupe des pays industrialisés et émergents, vient d’appeler, dimanche, à une action coordonnée pour faire face à la crise financière, certains pays continuent de mettre en œuvre des plans nationaux. La Chine a annoncé, dimanche 9 novembre 2008, le déblocage avant la fin 2010 de 455 milliards d’euros pour soutenir l’économie menacée de ralentissement par la crise. Pour bon nombre d’économistes, ce plan de soutien « est vraiment le Big Deal de la Chine, à l'aune de laquelle les précédentes mesures fiscales et monétaires ne sont que des gouttes d'eau ».

Contrairement à d’autres pays émergents, comme le Brésil ou la Russie, qui ont souffert de la fuite des capitaux, la Chine a jusqu’ici été épargnée par la crise financière occidentale. Contrôlées par les pouvoirs publics, les banques chinoises sont, en effet, soumises à des limitations pour leurs investissements à l’étranger. Mais depuis le début de l’année, l’économie chinoise donne des signes d’essoufflement. Pékin a ainsi annoncé un produit intérieur brut (PIB) en hausse au troisième trimestre 2008 de seulement 9%, son plus bas niveau depuis cinq ans. Et pour 2009, la Chine devrait se contenter d’une croissance de 8,5%.

La faute aux exportations

Ce ralentissement économique est essentiellement dû au fléchissement des exportations. La contraction de la demande des Etats-Unis et de l’Europe affecte directement l’économie chinoise. L’excédent commercial a enregistré un déclin de 2,6% au cours des neuf premiers mois de 2008. Dans le sud du pays un certain nombre de petites entreprises tournées vers l'export ont déjà commencé à fermer, mettant au chômage des milliers d'employés. Le fabricant de jouets Smart Union qui fournissait de grandes marques américaines de jouets a ainsi fermé à la mi-octobre et licencié des milliers d’ouvriers. De nombreux groupes étrangers comme Adidas et Canon ont aussi annoncé le déplacement de tout ou partie de leur production dans d’autres pays. Autres illustrations de l’impact de la crise : les stocks de voitures invendues ont atteint leur plus grand niveau depuis quatre ans et les ventes d’immobilier sont en net recul sur les trois derniers mois. Les prix des logements ont ainsi chuté de 15 % à 20% dans le pays, même si l’immobilier de luxe continue à se maintenir.

L’enveloppe de 455 milliards d’euros servira à financer durant les deux prochaines années de grands travaux d’infrastructures et des politiques sociales. De nouvelles constructions d’autoroutes, de lignes de chemins de fer et d’aéroports devraient ainsi être lancées. L’inflation des matières premières et des denrées alimentaires ces derniers mois a eu de lourdes conséquences sociales, et notamment sur la propension des ménages à épargner. En raison des insuffisances du système de protection sociale, les Chinois économisent, en effet, plus de 50% de leurs revenus pour pouvoir payer leurs soins, leur retraite et l’éducation de leurs enfants.

Une série de mesures fiscales

Des sommes importantes de ce plan vont donc être consacrées à la protection de l’environnement, aux projets éducatifs et au secteur de la construction. Chaque mois, la Chine doit construire l’équivalent d’une ville d’un millions d’habitants pour répondre à ses besoins en logements. Le gouvernement chinois n’a pas précisé comment il comptait financer ce plan de relance, mais il dispose d’une marge de manœuvre : ses gigantesques réserves de changes. Fin octobre 2008, elles se montaient à 1 900 milliards de dollars, placées principalement en bons du Trésor américains.

Pour soutenir l’activité, le gouvernement a également décidé de jouer sur toute une série de mesures fiscales. La Banque centrale chinoise a déjà abaissé ses taux d’intérêts à trois reprises depuis la mi-septembre. Les taxes à l’exportation pour près de 3500 produits (meubles, jouets, produits textiles) ont été réduites. L’'Etat prévoit aussi de favoriser les prêts aux petites et moyennes entreprises et d'instaurer une réforme de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui devrait permettre aux entreprises d’économiser chaque année 13,8 milliards d’euros en exonérations d’impôts sur leurs investissements en équipements.

A écouter

Philippe Crevel

« ...C'est un plan très axé infrastructure (…) mais il y a également la volonté de construire un système de sécurité sociale, car il y a un véritable défi dans les prochaines années qui se pose à la Chine, c’est le vieillissement de la population… ».

10/11/2008