par Myriam Berber
Article publié le 02/12/2008 Dernière mise à jour le 02/12/2008 à 17:02 TU
Un touriste à Khao San Road, l'une des rues les plus touristiques de Bangkok.
(Photo : Christophe Archambault/AFP)
Même si la paralysie des deux aéroports internationaux Suvarnabhumi et Don Mueang pourrait connaître bientôt son épilogue, la situation politique en Thaïlande devrait rester encore tendue ces prochaines semaines. La Cour constitutionnelle a en effet ordonné la dissolution du PPP, le parti au pouvoir, pour fraude électorale et le Premier ministre Somchai Wongsawat, retranché depuis près d’une semaine dans son fief électoral de Chiang Mai, a accepté de quitter le pouvoir.
Dans ce contexte politique tendu, l’industrie du tourisme est durement menacée. Le tourisme, qui emploie directement 1,8 million de personnes, représente 6% du produit intérieur brut. Du fait du blocage des deux aéroports, ce sont 30 000 passagers qui ratent leurs vols chaque jour. Sans compter les consignes de nombres gouvernements étrangers qui déconseillent formellement à leurs ressortissants de se rendre dans le pays. Selon un premier bilan provisoire, la compagnie nationale Thaï Airways estime ses pertes par jour à 11 millions d’euros. Les hôtels du pays confirment des annulations en cascade. Le nombre de touristes qui était de 14,5 millions l’an dernier pourrait tomber à 13,5 millions cette année. Sans compter le manque à gagner de toute l’industrie para-touristique des conférences et colloques d’entreprises.
Un million de travailleurs menacés
Le reste de l’économie du pays souffre également du blocus des deux aéroports de Bangkok utilisés également pour le transport des marchandises (composants électroniques, produits alimentaires, textile...). Les effets de cette crise politique sont particulièrement mauvais pour le pays, très dépendant de ses exportations. Les premières estimations du Bureau des investissements attestent de cette situation. Cette crise politique a déjà entraîné un manque à gagner de 2,28 milliards d’euros pour l’économie thaïlandaise. Autre chiffre significatif : les baisses des commandes. « Le pays perd environ trois milliards de bahts, soit près de 68 millions d’euros par jour en termes d'exportation et d'importation de produits», a indiqué Tanit Sorat, le vice-président de la Fédération des industries thaïlandaises. Incapables d’honorer les commandes émanant des pays étrangers, les entreprises du royaume font face à des pénalités de retard pouvant atteindre 78 000 d’euros par heure. Depuis le début du blocus, le secteur électronique perdrait près de 20 millions d’euros par jour.
La Bourse de Bangkok a perdu environ 50% depuis que les opposants ultra-royalistes de « l'Alliance du peuple pour la démocratie » ont lancé fin mai une campagne pour renverser le gouvernement élu. A cela, il faut ajouter le contexte de la crise financière mondiale qui affecte désormais toute l’Asie. Le ministre des Finances estime que le taux de croissance devrait tomber à moins de 2% en 2009 contre 4,5% en 2008. La Thaïlande s’inquiète tout particulièrement pour ses grandes entreprises exportatrices, pénalisées par la baisse des marchés occidentaux. Cette chute s’explique par le net recul des exportations vers les Etats-Unis et l’Europe. Entre la mi-septembre et le début du mois d’octobre, les commandes ont chuté en moyenne de 30 à 40% affectant toutes les industries du pays. Le marché de l’emploi risque de payer un lourd tribut. Un million de travailleurs risquent de perdre leur emploi l’année prochaine en raison de cette chute des exportations.
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