par Myriam Berber
Article publié le 11/11/2008 Dernière mise à jour le 12/11/2008 à 16:41 TU
General Motors qui emploie 266 000 salariés dans le monde fait pression sur le gouvernement pour obtenir des aides.
( Photo : AFP )
Prenant la mesure des difficultés du secteur automobile, le président américain nouvellement élu, Barack Obama, a, lors de sa visite lundi à la Maison Blanche, exhorté le président Bush à accélérer la mise en œuvre du plan de soutien de 25 milliards de dollars réservés aux constructeurs nationaux. Déjà vendredi dernier, lors de sa première conférence de presse, il n’avait pas caché son intention de s’attaquer au plus vite aux graves difficultés du secteur automobile qui représente, selon lui, « l’épine dorsale de l’industrie manufacturière américaine ». Aux abois, General Motors (GM) qui emploie 266 000 salariés dans le monde et exploite des usines dans 34 pays, fait pression sur le gouvernement pour obtenir des aides.
Si rien n’est fait, le numéro un américain risque la faillite, selon son PDG et ce, dès le début de l’année prochaine. Le groupe a vu ses ventes aux Etats-Unis chuter de 45% en octobre et a annoncé une perte d’exploitation de 2,5 milliards de dollars sur le seul troisième trimestre 2008. Cette situation a conduit GM à annoncer des suppressions d’emploi qui pourraient entraîner la disparition d’au moins 7 000 postes en Amérique du Nord. La crise atteint à son tour la filiale sud-coréenne du constructeur américain. Dans un contexte de ventes en forte baisse, Daewoo a annoncé, mardi 11 novembre 2008, qu’elle pourrait fermer ses usines durant dix jours à compter du 20 décembre. En octobre, Daewoo n’a vendu que 73 180 véhicules, soit une baisse de 11% par rapport à la même période de 2007. Il s’agit de la première fermeture temporaire des usines depuis 2002, quand GM a pris la majorité de Daewoo.
Multiplication des plans sociaux
Le géant américain Ford a, lui aussi, annoncé une perte d’exploitation de près de 3 milliards de dollars au troisième trimestre 2008. Quant à Chrysler, le groupe est confronté au même effondrement du marché, moins 32% en octobre, et sa situation n'est apparemment guère meilleure. Ces derniers mois, les « Big Three » de Detroit ont arrêté leurs offres de crédit-bail ou leasing (location avec option d’achat) qui sont pourtant une incitation cruciale pour les ventes. Près de 20% des véhicules vendus aux Etats-Unis par les trois géants le sont en leasing. Cette décision a été prise alors que les branches financières des constructeurs automobiles américains ont accumulé des pertes en raison de défauts de paiements.
Les Américains ne sont pas les seuls concernés. Les ventes du constructeur automobile japonais Nissan aux Etats-Unis ont ainsi chuté de 37% en septembre. Résultat, Nissan a divisé par deux sa prévision de bénéfice net pour cette année. Il ne prévoit désormais plus que 1,24 milliard d’euros contre 2,64 milliards d’euros. En conséquence, le constructeur nippon annonce la suppression de 3 500 postes dans le monde : 2 500 emplois permanents aux Etats-Unis et en Espagne et 1 000 emplois intérimaires au Japon. Ceci dans le cadre d’un plan de réduction de sa production de 200 000 unités cette année.
Arrêt temporaire de la production en Roumanie
En Europe, la situation apparaît moins préoccupante. Mais les constructeurs du Vieux continent sont également fragiles face à la crise financière et au resserrement du crédit. L’association des constructeurs européens a confirmé un recul des ventes de 8,2% en septembre. Sur le continent européen, l’Espagne et l’Italie sont particulièrement touchées par une forte baisse de la demande. Les ventes ont chuté de 40% sur le marché espagnol et de 18% sur le marché italien par rapport à octobre 2007. L’Allemagne ne fait pas exception. Les constructeurs BMW et Volkswagen pourraient recourir au plan allemand d’aide au secteur financier. L’industriel haut de gamme BMW et le numéro un des poids lourds, Daimler, ont annoncé respectivement la suppression de 8 100 postes dans le monde et de 3 500 emplois en Amérique du Nord.
En France, le marché se dégrade également. Le constructeur Renault a confirmé, en septembre, la suppression de 2 000 emplois en Europe. Ce plan social s’ajoute aux 4 000 départs volontaires annoncés en juillet sur les sites français. Le groupe, sixième constructeur européen en termes de ventes, a également revu à la baisse ses objectifs commerciaux pour 2009, ramenés de 3,3 millions à 3 millions de véhicules par an. Cette situation a conduit le constructeur à réduire drastiquement sa production. La plupart des usines du groupe, en France mais aussi en Europe, sont concernées par des arrêts de travail. L’usine Dacia-Renault en Roumanie, où est fabriquée la Logan, la voiture à bas prix du constructeur, a annoncé des arrêts de sa production du 20 novembre au 7 décembre. Pour faire face à la baisse du marché, Peugeot-Citroën continue d’ajuster ses capacités de production avec notamment des fermetures temporaires d’usines. La direction a ainsi annoncé la fermeture du site de Rennes, dans l’ouest de la France, du 5 décembre au 5 janvier.