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France/Antilles

Le ton monte en Guadeloupe

par Didier Samson

Article publié le 16/02/2009 Dernière mise à jour le 17/02/2009 à 08:20 TU

Douze personnes ont été interpellées, ce 16 février, suite aux barrages érigés dans de nombreuses communes de l’île. Plusieurs dizaines de personnes sont également entendues par des gendarmes. Il s'agit de manifestants qui ont dressé des barrages sur les routes. Neuf barrages au total bloquent les principaux axes routiers et des ponts stratégiques. Selon le cabinet du préfet, des sommations par haut-parleurs suffisaient par endroit à lever les barrages ou à éloigner les manifestants, mais le durcissement du mouvement a conduit à de nombreuses interventions des forces de l’ordre.
Un blindé léger de la gendarmerie dégage un barrage érigé par des manifestants, le 16 février 2009 à Gosier, en Guadeloupe.  (Photo : AFP)

Un blindé léger de la gendarmerie dégage un barrage érigé par des manifestants, le 16 février 2009 à Gosier, en Guadeloupe.
(Photo : AFP)


Neuf barrages au total ont été répertoriés par les forces de l’ordre et les ponts seraient les infrastructures les plus visées par les manifestants. Les axes principaux et reliant à Pointe-à-Pitre sont visés par les manifestants : Sainte-Rose dans le nord, Capesterre Belle-Eau dans le sud, Morne-à-l’eau dans le centre et Gosier à l’est. Ces barrages érigés avec des manifestants sur toute l’île constituent la suite et le durcissement du mouvement  contre la vie chère initié par LKP « Lyiannaj Kont Pwofitasyon » qui maintient par ailleurs la grève générale, tant que sa principale revendication, une hausse de 200 euros du salaire minimum, ne sera pas satisfaite.

Alex Lollia, un des responsables du LKP, le « Collectif contre l'exploitation »

« Ils nous harcelaient et quand ils ont commencé à nous frapper vraiment, ils nous ont dit : « sales chiens, sales nègres. »

16/02/2009 par RFO

Pour continuer les négociations, alors que le gouvernement n’accède pas aux revendications des grévistes, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo est flanqué de deux médiateurs. Les Guadeloupéens attendent des réponses immédiates et satisfaisantes, alors que les autorités parient sur une réforme à long terme de l’économie l’île. « Il y a un problème de monopole, celui d’une économie insulaire qui est l’héritière des comptoirs », a déclaré Yves Jégo. Le gouvernement travaillerait à l’élaboration d’une loi pour favoriser le développement l’économie de la Guadeloupe, « cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de réponses sociales », a précisé le ministre.

Pour le délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, Patrick Karam, « si la grève continue, tout ce que l’on pourra obtenir ne compensera jamais ce qu’on aura perdu », a-t-il déclaré à l’AFP en faisant remarquer toutefois « un chômage multiplié par trois, un revenu par habitant divisé quasiment par deux, par rapport à l’hexagone, (…). Comment peut-on dire que la République a intégré les DOM dans l’ensemble national ? », s’est-il interrogé.

Le Premier ministre François Fillon, en déplacement dans le Pas-de-Calais, a condamné le principe des barrages érigés par les grévistes qui entravent « la liberté de circulation en Guadeloupe ». Il a également annoncé qu’il fera prochainement de nouvelles propositions aux partenaires sociaux, sur la base des négociations engagées par les médiateurs dépêchés en Guadeloupe.

La contestation gagne les autres départements d’outre-mer

En Martinique, malgré quelques accords signés avec la grande distribution pour une baisse de 20% des prix d’une centaine de produits de première nécessité, les grévistes maintiennent la pression avec des manifestations qui pointent les inégalités entre les grandes familles riches, les békés, descendants des colons esclavagistes et la grande majorité des Antillais. En Guyane, trois syndicats se concertent déjà pour une plateforme commune de revendications. A la Réunion « les revendications viennent seulement d’émerger, mais les tensions sont tout à fait palpables », a déclaré le député PS de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg de retour d’un voyage dans l’océan Indien.

Outre-mer français : taux de chômage les plus élevés de l’UE

Les quatre départements français d'outre-mer (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane) sont les régions de l'UE ayant enregistré les plus forts taux de chômage en 2007, selon des chiffres publiés lundi par Eurostat. Selon l'office européen des statistiques, la Réunion a connu en 2007 un taux de chômage de 25,2%, la Guadeloupe de 25%, la Martinique de 22,1% et la Guyane de 21%. Derrière les quatre départements français d'outre-mer viennent les enclaves espagnoles au Maroc, Ceuta (20,3%) et Melilla (18,2%).La Guadeloupe, paralysée depuis trois semaines par une grève générale contre la vie chère, est également la région de l'UE connaissant le plus de chômage des jeunes (15 à 24 ans), avec 55,7%.Même si Eurostat précise que ce chiffre est moins fiable en raison de la taille réduite de l'échantillon. A l'opposé, la région de Zeeland, aux Pays-Bas, est la région européenne au chômage le plus faible (2,1%), devant Prague (2,4%). AFP

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