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Sommet social

Sarkozy ne convainc pas

par Mounia Daoudi

Article publié le 19/02/2009 Dernière mise à jour le 19/02/2009 à 17:24 TU

Les principaux syndicats et les organisations patronales se sont retrouvés mercredi après-midi à l'Elysée autour de Nicolas Sarkozy pour un sommet social. Cette rencontre, destinée à répondre aux inquiétudes des Français les plus modestes qui ont vu fondre leur pouvoir d’achat en ces temps de crise, s'est soldée par l'annonce d'une série de mesures qui sont loin de satisfaire les partenaires sociaux.
Bernard Thibault de la CGT (g) et François Chérèque de la CFDT (d), à la sortie de l'Elysée, le 18 février 2009.(Photo : Reuters)

Bernard Thibault de la CGT (g) et François Chérèque de la CFDT (d), à la sortie de l'Elysée, le 18 février 2009.
(Photo : Reuters)


Deux milliards 600 millions d'euros, la facture est lourde pour l’Etat qui va devoir prendre en charge le coût des mesures annoncées mercredi par Nicolas Sarkozy. Des mesures qui comprennent des allègements fiscaux - avec par exemple la suppression des deux tiers restants de l'impôt sur le revenu pour les familles les plus modestes - mais aussi des aides directes, avec notamment le versement d'une prime exceptionnelle de 500 euros pour les jeunes chômeurs qui n'ont pas cotisé assez longtemps. Mais si le chef de l’Etat affirme agir dans un souci de « justice sociale », les partenaires sociaux dénoncent des réponses insuffisantes face à la gravité de la crise.

Les syndicats pointent notamment le peu de moyens débloqués pour venir en aide aux Français les plus démunis. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a ainsi tenu à rappeler que le coût des mesures annoncées par le chef de l’Etat avoisinait à peine les 2,6 milliards d'euros. Un chiffre à comparer, selon lui, à la somme de huit milliards d'euros dont vont bénéficier les entreprises avec la suppression annoncée de la taxe professionnelle. Son homologue de Force ouvrière a, lui, insisté sur la fin de non recevoir faite à la question de la revalorisation du SMIC, le salaire minimum, et à celle des négociations salariales de branches. Jean-Claude Mailly a également vivement critiqué « le refus d’un moratoire sur les 30 000 emplois publics » dont la suppression est programmée cette année. Dans ce contexte, l’heure est plus que jamais à la mobilisation. Et François Chérèque de la CFDT a souligné qu'il fallait continuer à mettre la pression sur le gouvernement et le patronat afin d’« aller jusqu'à un vrai changement de cap ». Les principales organisations syndicales doivent se retrouver lundi 23 février pour déterminer les modalités de la journée d'action qu'ils ont prévu d’organiser le 19 mars.

Pas de changement de cap du gouvernement

Le Medef, le patronat français, pour des raisons bien différentes de celles des syndicats, n’a pas non plus ménagé ces critiques envers les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy. Sa présidente, Laurence Parisot, s’est notamment interrogée sur leur financement. « Je ne sais pas si on peut dire que le compte n'y est pas », comme le disent les syndicats « car je n'arrive même pas à faire les comptes », a-t-elle déclaré. La patronne des patrons a en outre souligné que des millions et des milliards sont en train d’être distribués au risque de « créer une usine à gaz sociale » qui ne correspond pas aux attentes des Français. « Tout ceci se passe au moment où Bruxelles rappelle la France à l'ordre », a-t-elle ajouté.

Bien que très critiquées, les mesures anti-crise annoncées par Nicolas Sarkozy ne constituent pas un changement de cap pour le gouvernement qui avait basé son plan de relance sur l’investissement et non sur la consommation. Les sommes débloquées ne portent en effet que sur 2,6 milliards d'euros là où le plan de relance présenté en décembre se monte, lui, à 26 milliards d'euros, soit 10 fois plus. Sans compter que Nicolas Sarkozy a bien l’intention de poursuivre ses réformes. « Nous sortirons de la crise en modernisant la France, en misant tout sur l'investissement, sur la réforme, sur le travail », a encore martelé hier le chef de l’Etat en s’adressant aux Français.