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Etats-Unis / Diplomatie

Le Proche-Orient au coeur de la politique étrangère américaine

par Franck WEIL-RABAUD

Article publié le 24/02/2009 Dernière mise à jour le 24/02/2009 à 22:54 TU

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell et l'émissaire pour les pays du Golfe et l’Asie du Sud-Ouest, Dennis Ross.(Photo : AFP, Reuters)

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell et l'émissaire pour les pays du Golfe et l’Asie du Sud-Ouest, Dennis Ross.
(Photo : AFP, Reuters)

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a nommé Dennis Ross comme nouvel émissaire pour les pays du Golfe et l’Asie du Sud-Ouest. Même si le pays n’est pas nommément cité c’est bien l’Iran qui sera le principal objet du travail de ce diplomate longtemps chargé du Proche-Orient sous la présidence de Bill Clinton. Dans le même temps, le nouvel émissaire pour le Proche-Orient, George Mitchell, est attendu mercredi en Turquie, avant de se rendre en Israël et en Cisjordanie. Une tournée régionale qui précède la première visite officielle de Hillary Clinton en Cisjordanie et en Israël prévue les 3 et 4 mars prochains. 

Confronté à l’une des plus graves crises économiques qu’ait connues le pays, le nouveau président américain aurait souhaité pouvoir attendre quelques mois avant de se pencher sur les dossiers internationaux et plus particulièrement sur celui du Proche-Orient. L’offensive israélienne dans la bande de Gaza est venue contrecarrer cette volonté. Même si la première tournée de la nouvelle secrétaire d’Etat l’a conduite en Asie, afin d’y évoquer la crise économique mondiale, Hillary Clinton a dû rapidement inscrire le Proche-Orient sur son agenda. Elle se rendra début mars en Israël et dans les Territoires palestiniens. Car c’est bien ce conflit qui est une nouvelle fois au cœur des préoccupations internationales. La nomination par Barack Obama d’un envoyé spécial chargé du dossier était donc très attendue.

Rompant avec la tradition de ses prédécesseurs qui avaient systématiquement choisi des diplomates régulièrement critiqués pour des positions jugées trop favorables à Israël, le président a cette fois fait appel à George Mitchell connu pour ses talents de négociateur. C’est lui qui, en tant qu’envoyé spécial des Etats-Unis en Irlande du Nord, est à l’origine de la paix signée dans cette province britannique en 1998. En 2000, le président Bill Clinton lui confie déjà une mission au Proche-Orient. L’objectif est d’aider Israéliens et Palestiniens à résoudre le conflit qui les opposent depuis des décennies. Son rapport publié en 2001 provoque la colère du gouvernement israélien. Il estime en effet que la poursuite de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés constitue un obstacle au processus de paix. Ce rapport souligne également que contrairement aux affirmations du gouvernement israélien, il n’existe pas de preuve de l’implication directe de l’Autorité palestinienne dans le déclenchement de la seconde Intifada en 2000.

Si la personnalité de George Mitchell laisse penser que Barack Obama entend rompre avec une politique proche-orientale considérée par les Palestiniens et les pays arabes comme trop favorable à Israël, la rupture ne devrait toutefois pas être aussi marquée. Comme son prédécesseur, le nouveau président des Etats-Unis a affirmé qu’il n’était pas envisageable de négocier avec le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, tant que cette organisation, considérée comme terroriste, ne reconnaîtrait pas officiellement l’existence de l’Etat hébreu et ne renoncerait pas à la violence. Dans ce contexte et alors qu’Israël s’apprête à se doter d’un des gouvernements les moins enclins à la négociation politique avec les Palestiniens, George Mitchell aura fort à faire pour transposer au conflit proche-oriental, une méthode qui a fait ses preuves en Irlande du Nord

L’Iran, dossier épineux pour Barack Obama

La volonté de sortir les négociations entre Israéliens et Palestiniens de l’impasse n’a pas pour autant occulté un autre dossier crucial : l’Iran et son programme nucléaire. Mais contrairement à la question israélo-palestinienne, le nouveau gouvernement américain a choisi de ne pas en faire un dossier spécifique. Officiellement du moins, Hillary Clinton a désigné un émissaire en charge des pays du Golfe et de l’Asie du Sud-Ouest. Mais c’est bien l’Iran qui sera au centre de l’activité de Dennis Ross. Ce diplomate a l’habitude des dossiers délicats. Longtemps chargé de la question israélo-palestinienne, émissaire infatigable de Bill Clinton dans les années 90, son nom avait été évoqué pour reprendre cette charge dans la nouvelle administration. Mais c’est finalement sur l’épineuse question iranienne que Dennis Ross va désormais plancher. Il lui faudra d’abord définir avec le président et la secrétaire d’Etat la stratégie à adopter vis-à-vis de la République islamique.

Durant la campagne électorale, Barack Obama avait affirmé qu’il était prêt à dialoguer sans condition avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Depuis son élection, le nouveau locataire de la Maison Blanche s’est montré moins affirmatif. Mais l’administration américaine semble bien décidée à rompre avec la politique d’isolement à l’égard de l’Iran en vigueur depuis la Révolution islamique de 1979. Le gouvernement américain pourrait toutefois attendre le résultat de l’élection présidentielle en Iran en juin prochain avant de finaliser sa stratégie. En attendant, Dennis Ross va poursuivre les contacts avec les alliés des Etats-Unis pour définir une approche commune à l’heure où l’Iran n’entend toujours pas renoncé à son programme contesté d’enrichissement d’uranium.