Football – Sénégal

La Tanière attend des jours meilleurs

par David Kalfa

Article publié le 25/02/2009 Dernière mise à jour le 25/02/2009 à 20:01 TU

Le Sénégal attend un nouveau sélectionneur pour que « Le lion rouge » retentisse à nouveau.
(Photo : AFP/François Guillot)

L’équipe du Sénégal est toujours sans sélectionneur. Le Comité de normalisation du football et les instances dirigeantes du sport n’ont pas encore désigné le successeur de Lamine Ndiaye. La Tanière est vide et attend d’être réinvestie dans la perspective de la CAN 2012. Reste à savoir par quels Lions. Le vivier de talents est important, mais des choix délicats restent à faire.

Les Sénégalais lors de leur victoire face à la Tanzanie au CHAN 2009.
(Photo : CAF)

Les dirigeants du football sénégalais esquissent un petit sourire. Les Lions de la Téranga ont débuté le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) en Côte d’Ivoire par une victoire 1-0 sur la Tanzanie et un match nul 0-0 contre la Zambie. Cette Tanière bis, composée exclusivement de joueurs locaux, a fait preuve de ce qui a le plus manqué à la grande sélection ces dernières années : la rigueur.

Guy Stéphan, ancien sélectionneur du Sénégal, s’en félicite d’ailleurs. L’entraîneur français rappelle qu’il avait « mis en place une équipe A’ » et affirme « qu’il faut suivre cette équipe de près, même si le pallier est important avec les A ».

Un sélectionneur en mai 2009 ?

Lamine Ndiaye.
(Photo : AFP/Joe Klamar)

La bonne tenue au CHAN ne saurait toutefois effacer la catastrophe du 11 octobre 2008 : au terme d’un match nul 1-1 face à la Gambie, le pays a été sorti des éliminatoires combinées Coupe d’Afrique des nations/Coupe du monde 2010. Le Sénégal manquera la CAN pour la première fois depuis 1998 et se retrouve sans grande échéance avant l’édition 2012.

Le sélectionneur, Lamine Ndiaye, a donc été limogé. Son successeur tarde pourtant à être désigné. Car une trentaine de techniciens ont candidaté et des problèmes subsistent. L’heureux élu doit-il être Sénégalais ou étranger ? Pour Guy Stéphan, l’essentiel est ailleurs : « L’important, c’est que tout le pays soit derrière le futur sélectionneur. Et il faut que celui-ci vive au Sénégal pour s’impliquer dans le développement du football. » Un consensus existe à ce sujet : les allers et retours d’Henry Kasperczak, en poste de 2006 à 2008, ont fait désordre, de même que son abandon en pleine CAN au Ghana.

El Hadji Diouf et Diomansy Kamara ont sombré durant la CAN 2008.
(Photo : Reuters)

Autre problème, le Comité de normalisation du football (CNF) mis en place en marge de la débâcle et le ministère des Sports se disputent sur la nomination du sélectionneur. Le CNF a déjà fait un choix et attend que le ministère le valide. Mais ce dernier préfère que la future fédération – qui devrait voir le jour en mai 2009 – prenne cette responsabilité. « Le CNF n'a une durée de vie que de 3 ou 4 mois. Il va bientôt partir et sera remplacé par une fédération, souligne Abdoulaye Ndione, un conseiller du ministre. S'il choisit un entraîneur que la fédération rejette, il y aura crise. Or, le Sénégal n'a pas d'enjeu. Il est hors compétition pour trois ans ». Les Lions de la Téranga devront donc patienter encore avant d’avoir un coach.

Avec quels joueurs ?

El Hadji Diouf.
(Photo : Reuters)

Ce dernier devra en retour effectuer des choix douloureux. Des tensions sont apparues au lendemain de la CAN 2008. Mamadou Niang et Souleymane Diawara, les deux Sénégalais en forme, ont pris leur distance. Cette défection au début des éliminatoires CAN/Mondial a provoqué les remarques acides d’El Hadji Diouf, la star nationale : « Pour moi, les joueurs qui ont refusé de porter le maillot national pour aller en vacances ne sont pas des Sénégalais. Si Lamine Ndiaye les avait appelés, moi, je ne serais pas venu. »

Souleymane Diawara.
(Photo : Pierre René-Worms/RFI)

Niang et Diawara ont d'abord répondu par voie de presse. Mais, les deux pensionnaires du championnat de France ne veulent plus évoquer le sujet. Ils attendent une réponse à la question sur toutes les lèvres : le futur sélectionneur s’appuiera-t-il sur la génération qui a atteint les quarts de finale de la Coupe du monde 2002 ? En d’autres termes, qui dirigera la future Tanière : les El hadji Diouf et Henri Camara ou les Mamadou Niang et Souleymane Diawara ? Un choix délicat à effectuer, car la tentation d’une rupture est forte, mais risquée selon Guy Stéphan : « Des joueurs de 2002 ont déjà fait les frais des mauvais résultats. Il faudrait peut-être commencer par les remercier pour tout ce qu’ils ont fait et voir s’ils sont capables de repartir jusqu’en 2012. »

Mustapha Bayal Sall durant la CAN 2008.
(Photo : AFP/Joe Klamar)

Les futurs leaders devront, quoiqu’il arrive, encadrer une nouvelle génération prometteuse. Comme leurs glorieux aînés, la plupart de ces joueurs débutent en France. Le stoppeur stéphanois Mustapha Bayal, le défenseur rennais Kader Mangane, le milieu nantais Guirane N’Daw et l’attaquant nancéien Issiar Dia jouissent déjà d’une bonne cote. Avec le renfort du latéral du FC Séville (Espagne) Abdoulay Konko et de l’attaquant d’Hoffenheim (Allemagne) Demba Ba, il y a tout le talent pour faire une grande équipe. Reste à bien l’exploiter, ce qui n’a pas toujours été le cas au Sénégal.