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Iran / Russie / Nucléaire

Téhéran fait un pas de plus vers la «nucléarisation»

Article publié le 25/02/2009 Dernière mise à jour le 25/02/2009 à 18:29 TU

L'Iran disposerait désormais de sa première centrale nucléaire. Sa construction, à Bouchehr dans le sud du pays, a été achevée ainsi que l'a annoncé un responsable russe, Moscou étant en charge de ce chantier. La mise en service de cette centrale devrait toutefois avoir lieu dans plusieurs mois seulement. Des tests de fonctionnement et de sécurité de tous les systèmes doivent être menés.

Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi

Sergueï Kirienko (g), chef de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique de la Russie et son homologue iranien Gholam Reza Aghazadeh lors d’une conférence de presse à la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran, le 25 février 2009.(Photo : Reuters)

Sergueï Kirienko (g), chef de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique de la Russie et son homologue iranien Gholam Reza Aghazadeh lors d’une conférence de presse à la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran, le 25 février 2009.
(Photo : Reuters)


Le chef de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique Sergueï Kirienko qui se trouvait à Bouchehr, dans le sud du pays, le long du golfe Persique pour assister à des tests, a officiellement déclaré que « la construction de la centrale nucléaire était terminée ».

Les Russes ont signé au milieu des années 1990 un accord d’un milliard de dollars avec l’Iran pour achever la centrale de Bouchehr. Les travaux avaient commencé avec l'Allemand Siemens dans les années 1970 avant d’être interrompus après la Révolution islamique de 1979.

Sergueï Kirienko qui a assisté au « chargement d'imitations des barres de combustible dans la zone active » du réacteur, a déclaré qu’il s’agissait de faire marcher la centrale avec du combustible fictif pour vérifier que tout le système fonctionne correctement.

La centrale de Bouchehr, la première du pays, est destinée à produire de l’électricité. Après ces premiers tests, d’autres devraient intervenir dans les mois à venir pour permettre d’introduire du combustible nucléaire dans la centrale.

Des essais devraient se dérouler pendant « quatre à sept mois » avant la mise en service de la centrale, prévue en principe à la fin de l’année, a déclaré le chef de l’Agence iranienne de l'énergie atomique Gholam Reza Aghazadeh. « S'ils se déroulent bien, ce délai pourrait être plus court », a-t-il affirmé. Son homologue russe a parlé quant à lui de « délai court » pour la mise en service de la centrale.

La Russie a fourni le combustible nécessaire pour la centrale. Il est actuellement conservé près du site de Bouchehr, sous scellés de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Selon Mohamad Saïdi, vice-président de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, la Russie avait livré 87 tonnes de combustible pour le démarrage de la centrale. Ce chargement est « composé de trois parties et chaque année une partie doit être remplacée » pour que la centrale continue à fonctionner.

Les craintes des Occidentaux

La construction de la centrale a été retardée à plusieurs reprises sur fond de tensions autour du programme nucléaire iranien, les Occidentaux craignant qu'il ne dissimule un projet militaire. Ce que Téhéran a toujours démenti.

Malgré cinq résolutions du Conseil de sécurité, dont trois assorties de sanctions, l’Iran refuse toujours de suspendre son programme nucléaire sensible en particulier l’enrichissement d’uranium.

Si les Occidentaux ne se sont jamais opposé à la mise en service de la centrale de Bouchehr, en revanche, pour l’Iran, l’achèvement de celle-ci est une victoire. Les Iraniens s'attachant à souligner qu’ils poursuivent vaille que vaille leur programme malgré les pressions et les sanctions internationales.

En effet, le test technique de la centrale intervient quelques jours seulement après le lancement d’un satellite en orbite et une série de tests de missiles ces derniers mois. Sans compter les activités nucléaires, en particulier celles de l’enrichissement d’uranium, qui se poursuivent malgré les résolutions du Conseil de sécurité. Autant d’éléments qui poussent les dirigeants iraniens à penser que l’Iran est désormais devenu une puissance régionale incontournable.

Dix ans de retard

Avec notre correspondant à Moscou, Thierry Parisot

Ce qui compte c'est le résultat, comme le dit le chef de l'Agence russe de l'énergie atomique, l'essentiel donc, c'est que la construction de la centrale de Bouchehr soit maintenant terminée. La Russie se présente ainsi comme un partenaire fiable, ce dont les Iraniens ont parfois douté. Car, au niveau du calendrier en tout cas, Moscou n'a absolument pas tenu ses engagements.

Le contrat signé en 1995 prévoyait une mise en marche de la centrale très précisément le 8 juillet 1999. On en est donc à près de dix années de retard. Mais les Russes jurent qu'ils ne sont pas les seuls responsables. Ils mettent en avant des arguments d'ordre technique : c'est un chantier particulier qu'ils n'ont pas eux-mêmes commencé, ils l'ont repris en effet à l'Allemand Siemens qui avait dû tout abandonner au moment de la Révolution islamique.

Le retard s'est encore accru quand Moscou a suspendu les travaux parce que l'Iran ne payait plus (ce que Téhéran a toujours démenti) et surtout, la Russie a dû affronter une levée de boucliers aux Etats-Unis : les Américains sont convaincus que l'Iran a des objectifs militaires.

Les pressions de Washington ont pu ralentir le projet. Mais les Russes ne veulent pas sacrifier Téhéran, pour se rapprocher des Etats-Unis. Ils espèrent maintenant que ce dossier appartiendra au passé avant leurs premiers contacts avec l'administration Obama.