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Guinée-Bissau

Toujours des inconnues après la mort de Nino Vieira

par  RFI

Article publié le 02/03/2009 Dernière mise à jour le 03/03/2009 à 09:44 TU

Le président Joao Bernardo « Nino » Vieira est tombé, lundi matin, sous les balles d’hommes armés. Ce meurtre est survenu quelques heures après l’attentat de dimanche qui a tué le chef d'état-major des forces armées, Tagmé Na Waié. Les forces armées bissau-guinéennes ont indiqué, ce lundi, qu'elles respecteront l'ordre constitutionnel et la démocratie. Selon la Constitution, le président de l'Assemblée nationale, Raimundo Pereira, assure l'intérim. Un scrutin présidentiel devra être organisé dans les 60 jours. Un important dispositif militaire a été déployé lundi dans la capitale où la situation est demeurée calme dans la journée mais la population est en état de choc.

 Avec notre correspondant à Dakar, Laurent Correau

Ce lundi après-midi, la capitale, Bissau, est restée calme. Non seulement, les tirs ont cessé, mais l’état-major a assuré, dans un communiqué, que l’armée respecterait l’ordre constitutionnel. Des responsables des trois corps d’armée - air, mer et terre - et des officiers supérieurs ont rencontré dans la matinée le gouvernement de Carlos Gomes Junior qui a décrété un deuil national de sept jours. Il a également demandé au parquet de former une commission d’enquête.

Le chef d'état-major des armées, Tagmé Na Waié.(Photo : AFP)

Le chef d'état-major des armées, Tagmé Na Waié.
(Photo : AFP)

Le communiqué du conseil des ministres place les deux morts sur un pied d’égalité. Aussi bien le président Vieira que le chef d’état-major, Tagmé Na Waié auront droit à une cérémonie officielle de deuil. Les diplomates présents à Bissau se sont concertés, lundi, en prévision d’une rencontre avec le Premier ministre prévue pour le lendemain. Toujours dans la journée de lundi, on a également obtenu des nouvelles de la veuve de Joao Bernardo Vieira. Elle est saine et sauve et se trouve à l’ambassade d’Angola.

A vrai dire, on n’y voit pas encore très clair sur les faits et leur enchaînement, des faits qui se sont produits dimanche soir et lundi matin. Certes, il y a cette chronologie implacable : dimanche, le chef d’état-major, Tagmé Na Waié, meurt dans un attentat ; lundi matin, très tôt, des militaires se mettent en chasse du chef de l’Etat. Mais qui a tué Tagmé Na Waié ou a commandité ce meurtre ? Ça, on ne le sait toujours pas.

Les circonstances de la mort du président bissau-guinéen

Le président Joao Bernardo Vieira, lors des élections législatives qui avaient eu lieu en novembre 2008.(Photo : L. Correau/RFI)

Le président Joao Bernardo Vieira, lors des élections législatives qui avaient eu lieu en novembre 2008.
(Photo : L. Correau/RFI)

Pour ce qui est de la mort de Nino Vieira, on a observé dans la journée une évolution de la version défendue par les militaires. Après avoir annoncé que le chef de l’Etat avait été tué par certains des leurs, par un groupe de soldats proche du chef d’état-major, en représailles à l’attentat contre Tagmé Na Waié, l’un des porte-paroles de l’armée bissau-guinéenne a finalement démenti tous liens entre les deux assassinats. Le président, a-t-il finalement déclaré, « a été tué par un groupe de gens que nous ne connaissons pas ».

Selon nos informations, en tout cas, alors même que des militaires se mettaient en chasse du président Nino Vieira, d’autres sont venus, tôt dans la matinée, libérer les prisonniers enfermés au siège de la police judiciaire, 20 détenus. Et parmi eux, détail important, il y avait six personnes arrêtées après la première attaque contre la résidence du chef de l’Etat, une attaque qui avait eu lieu en novembre dernier.

Portrait du président Vieira

« C'est un homme isolé que personne ne veut ou ne peut défendre qui est tombé hier sous les balles des militaires ! »

03/03/2009 par Olivier Rogez

La Guinée Bissau, plaque tournante du trafic de drogue

Selon des sources dignes de foi, des militaires se sont présentés ce lundi matin au siège de la police judiciaire à Bissau. Ils ont défoncé la porte du bureau de la directrice et ont récupéré un important stock de cocaïne. Il s’agissait d’un stock saisi il y a quelques semaines.

Dans la nuit de dimanche à lundi, au siège de l’état-major cette fois, une bombe télécommandée, cachée sous un escalier, explose. Le chef d’état-major de l’armée est tué. Le mode opératoire n’est pas courant en Afrique. L’attentat à la bombe est une spécialité des trafiquants latino-américains ou de la mafia italienne.

Même si pour l’instant rien ne permet d’impliquer les narcotrafiquants dans l’assassinat du président Vieira, tous les spécialistes s’accordent sur un point : la cocaïne n’a fait qu’aggraver les tensions qui minaient depuis longtemps l’armée bissau-guinéenne.

Les Nations-Unies tirent la sonnette d’alarme. « Le trafic de drogue menace de saper le processus de démocratisation en Guinée-Bissau » note le dernier rapport de l’ONU consacré au narcotrafic en Afrique de l’ouest.

Les barons de la drogue en Colombie ont fait de la Guinée-Bissau l’une de leurs principales bases de transit en Afrique. La drogue traverse l’Atlantique dans de petits avions puis elle est redistribuée dans la région, en Guinée-Conakry, au Sénégal et en Mauritanie avant d’être acheminée vers sa destination finale, le lucratif marché européen.