par Patrice Biancone
Article publié le 06/03/2009 Dernière mise à jour le 06/03/2009 à 18:14 TU
L'UMP est largement majoritaire à l'Assemblée Nationale. Et même si certains gaullistes font entendre leur voix actuellement pour signifier leur désaccord, tel Alain Juppé, qui s'est interrogé publiquement sur « l’utilité qu'il y a pour la France de sauter le pas », ou Dominique de Villepin, qui a considéré qu'il s'agissait tout simplement « d'une faute », on peut penser qu’ils réfléchiront deux fois avant de se ranger du côté de l'opposition.
La décision de François Fillon avait été plus ou moins annoncée, le 17 février dernier, devant les députés UMP réunis en groupe. Le Premier ministre avait expliqué qu'un débat, suivi d'un vote, avait ses faveurs. Il répondait ainsi à une demande des parlementaires socialistes, pour lesquels la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer le commandement de l'OTAN constitue un véritable « retournement stratégique ».
De ce point de vue, François Fillon fait coup double. Non seulement il prive les proches de Dominique de Villepin d'un sujet sur lequel, ils désiraient s'exprimer, le 1er avril prochain, mais aussi, il montre à l'opposition, et par là-même aux Français, que le débat démocratique a lieu au moment où l'on parle beaucoup de la confiscation du pouvoir par Nicolas Sarkozy.
Les thèmes du débat définis
Dans un courrier adressé aux parlementaires, François Fillon définit ce dont il entend débattre. Il rappelle que la pleine participation de la France à la structure militaire de l'OTAN n'est pas une fin en soi, mais un moyen parmi d'autres pour faire prévaloir les intérêts et les objectifs de son pays sur la scène internationale. Et il signale que la place de la France dans l'OTAN ne constitue qu'un des éléments contribuant à la cohérence de sa politique étrangère. En résumé, c'est plus largement sur cette politique que le gouvernement entend saisir le parlement, c'est du moins ce qu'à précisé François Fillon.
C'est assez habile. Et, comme le rappelait Axel Poniatovski, le président de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, cela devrait permettre de légitimer et de renforcer l'initiative de Nicolas Sarkozy. D'une part, ce débat donnera l'impression que les Affaires étrangères sont bien devenues un « domaine partagé ». Et d'autre part, il coupe court à toute polémique selon laquelle le chef de l'Etat fait tout, tout seul...
D'ailleurs, les responsables socialistes, qui dénoncent la dérive atlantiste de Nicolas Sarkozy, ont simplement demandé que le débat dispose de tout le temps nécessaire pour permettre à toutes les opinions de s'exprimer. Ils entendent rappeler qu'il s'agit d'un acte politique majeur qui altérera l'autonomie stratégique de la France, alors que les communistes réclament un référendum sur la question.
Directeur du département opinion politique de l’institut CSA
« On sait que parmi les parlementaires, et notamment parmi les députés UMP, certaines voix se sont élevées contre le projet de réintégration de la France au sein du commandement unifié de l’Otan. »
A lire