Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Mexique

Un pays miné par le narcotrafic et la violence

par Stefanie Schüler

Article publié le 09/03/2009 Dernière mise à jour le 09/03/2009 à 21:45 TU

La marine méxicaine a saisi  7 tonnes de cocaïne lors d'une opération à Salina Cruz, le 16 février 2009.(Photo : AFP)

La marine méxicaine a saisi 7 tonnes de cocaïne lors d'une opération à Salina Cruz, le 16 février 2009.
(Photo : AFP)

La violence fait rage au Mexique. Des régions entières sont en proie aux tout-puissants cartels de la drogue. Les Mexicains, victimes d’enlèvements et d’homicides, sont partisans de la manière forte. Pour leur président, Felipe Calderon, le cas de la Française Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prisons pour participation à des enlèvements alors qu’elle clame son innocence, tombe donc au plus mauvais moment.

« Il serait inadmissible que le gouvernement Calderon cède aux pressions et permette le retour de Florence Cassez dans son pays ». L’éditorial, publié ce week-end, dans La Jornada, l’un des plus grands journaux mexicains, reflète l’état d’esprit de toute une nation. En effet, une très large majorité de Mexicains rejette catégoriquement la possibilité de voir la Française quitter leur pays et ainsi, à terme, peut-être la prison. (à lire aussi : la visite de Nicolas Sarkozy commentée par les journaux mexicains dans la revue de presse des Amériques) « Comme les médias la présentent comme coupable, l'opinion publique en a fait une question de principe », explique Agustin Acosta, l’avocat mexicain de Florence Cassez. « Elle est devenue un symbole ».

Pour Felipe Calderon, la situation est pour le moins complexe. Le président, qui a été élu en 2006 sur la promesse d’une politique d’extrême fermeté vis-à-vis du crime organisé, mène depuis deux ans une guerre sans merci contre les cartels de la drogue.

Guerre totale contre le crime organisé

Six mois après l’investiture du président Calderon, en juin 2007, l’administration Bush approuve « L’Initiative de Mérida », un programme de soutien au Mexique dans sa lutte contre le crime organisé.

Pour un coût de 1,6 milliards de dollars, les Etats-Unis procurent au gouvernement Calderon une aide militaire sous forme de fourniture de matériel, de formation et de renseignement. 40 000 policiers fédéraux et de militaires sont actuellement déployés sur l’ensemble du territoire mexicain pour combattre les cartels.

Depuis le début du mandat de Calderon, plus de 70 tonnes de cocaïne ont ainsi été saisies. Pour la seule année 2008, 39 437 armes à feu ont été confisquées, 19 laboratoires clandestins démantelés et 27 791 hectares de cannabis et de pavots détruits.


Mais ces résultats, à première vue encourageants, ne réussissent pas à cacher une autre réalité : malgré l’emploi d’importants moyens, les autorités mexicaines n’arrivent pas à venir à bout des narcotrafiquants. Ces derniers se livrent à un véritable bras de fer avec le gouvernement. « Ils tuent, enlèvent et assassinent à tour de bras, avec des méthodes inimaginables dans un pays civilisé, comme des décapitations, des amputations et ainsi de suite », souligne George Couffignal, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine.

George Couffignal, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine

« Ce n'est pas tant l'héroïne mais la cocaïne qui est en jeu; le Mexique se retrouve aujourd'hui dans la situation de la Colombie lorsque l'Etat avait déclaré la guerre à Pablo Escobar. »

09/03/2009 par Nathalie Amar

Le Mexique miné par la violence

La violence liée au crime organisé a véritablement explosé ces derniers mois. En 2008, 5 400 personnes ont été tuées, 1 000 autres depuis début 2009, ce qui signifie une augmentation de plus de 100% par rapport à l’année 2007.

L’autre phénomène de cette guerre entre le gouvernement et les narcotrafiquants, ce sont les enlèvements. Eux aussi ont connu une augmentation spectaculaire (30%) l’année dernière, avec plus d’un millier de rapts. De plus, ces chiffres ne constituent que la partie émergée de l’iceberg, estiment les experts, car de nombreux enlèvements ne seraient pas déclarés par les victimes.


« La question des enlèvements est un véritable fléau », estime George Couffignal. « C’est quelque chose qui est devenue insupportable parce que toutes les couches de la société, les plus riches comme les plus pauvres, sont soumises à cette industrie de l’enlèvement ».

Dans ce contexte d’extrême violence, les Mexicains s’impatientent. Des affiches au centre de Mexico réclament le retour à la peine de mort pour les auteurs d’enlèvements suivis de meurtres. C’est peu de dire que l’opinion publique n’est guère favorable à Florence Casset qui a été présentée comme coupable de séquestration. Pour certains, cependant, la Française fait les frais d’une politique mexicaine en mal de résultats dans sa lutte contre le crime organisé.