Article publié le 27/03/2009 Dernière mise à jour le 27/03/2009 à 23:03 TU
Le président français Nicolas Sarkozy a conclu vendredi sa tournée éclair africaine en plaidant au Niger pour la « rénovation des relations entre la France et l’Afrique, débarrassées des pesanteurs du passé ».
Le président français Nicolas Sarkozy (g) et son homologue nigérien Mamadou Tandja (d), lors d'une conférence de presse à Niamey, le 27 mars 2009.
(Photo : AFP)
Avec notre envoyé spécial, Christophe Boisbouvier
La tournée de Nicolas Sarkozy s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé. Le premier jour au Congo Kinshasa, le président français a affronté un Parlement hostile quand il a parlé de « réconciliation avec le Rwanda ».
En revanche, au Niger, le chef de l’Etat français a eu le plaisir d’entendre son hôte Mamadou Tandja annoncer qu’il ne modifierait pas la Constitution et qu’il ne se représenterait donc pas en novembre prochain.
Dans son discours à Brazaville, le président a tenté de convaincre qu’il avait « tourné la page de la vieille Françafrique », citant en exemple les nouveaux accords de défense qui seront rendus publiques entre la France et ses anciennes colonies.
Cependant, à l’instar de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy se rend en Afrique pour essayer d’y maintenir les positions de la France et, visiblement, c’est plus facile chez les vieux amis comme le Niger ou Congo-Brazzaville que dans le grand Congo-Kinshasa.
Sarkozy rend hommage à la démocratie nigérienne |
Nicolas Sarkozy avait choisi le Niger comme dernière étape de sa tournée africaine. Ce pays est stratégique pour la France, puisqu’il fournit plus d’un tiers de l’uranium utilisé par les centrales nucléaires françaises.
Au-delà de la question de l’uranium, le président Sarkozy en a profité pour rendre hommage à la démocratie nigérienne, rappelant que « la seule période en cinquante ans de démocratie et de stabilité, c’est celle des deux mandats du président Tandja ».
Tandja ne veut pas changer la Constitution
Le chef de l’Etat nigérien a assuré qu’il ne changerait pas la Constitution pour rester au pouvoir après son deuxième et dernier quinquennat qui s’achève fin 2009, sans toutefois écarter de prolonger son règne à la tête du pays pour « boucler » les projets en cours. « Quand la table est desservie, il faut partir », a lancé Mamadou Tandja pendant sa conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy. En prononçant cette phrase, le président nigérien a mis fin d’un seul coup à la campagne du « Tazarce », ce qui en haoussa signifie « Que ça continue ! », campagne que menaient nombre de ministres et de gouverneurs pour que le président Tandja modifie la Constitution et se représente en novembre prochain. Même le colonel Kadhafi s’était associé à cette campagne lors d’une visite à Niamey il y a dix jours. Alors pourquoi Tandja n’a-t-il pas succombé à la tentation du troisième mandat ? Le Niger n’est pas la Libye. Ici, il y a un vrai Parlement où de nombreux députés (y compris de la majorité) et le président de l’Assemblée lui-même, Mahamane Ousmane, ont dit « non » à une telle perspective. Comme la société civile qui a repris le même mot d’ordre lancé en 2005 au Bénin : « Touche pas à ma Constitution ».
Enfin, il y a la personnalité de Tandja lui-même. Cet homme fier est un soldat qui se veut respectueux des règles. A la conférence de presse ce vendredi, il a eu ce mot, « grandir c’est partir la tête haute ». À cet instant, c’est l’officier, le vieux compagnon de l'ex-président Seyni Kountché (1974-1987) qui s’exprimait. |
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