Article publié le 28/03/2009 Dernière mise à jour le 28/03/2009 à 08:30 TU
Le président pakistanais Asif Ali Zardari (g) et son homologue afghan Hamid Karzaï.
(Photos : AFP/Reuters)
Avec notre correspondant à Kaboul, Nicolas Bertrand
Hamid Karzai, via un porte-parole, approuve le contenu des déclarations de Barack Obama. Deux points sont particulièrement appréciés : le premier c’est quand le président américain pointe du doigt le voisin pakistanais. C’est là, dit Obama, que se trouvent les terroristes d’al-Qaïda. Kaboul applaudit aussitôt. C’est vrai que ça fait longtemps, ici que l’on répète que la menace principale émane du Pakistan et constitue un danger pour la stabilité du pays.
Ensuite, le gouvernement afghan estime aussi avoir été entendu. Une délégation avait été envoyée à Washington avec une série de requêtes. Notamment elle avait demandé que la dimension « régionale » du problème soit prise en compte. Et c’est chose faite, puisque Barack Obama a annoncé qu’il voulait impliquer tous les voisins de l’Afghanistan dans cette « nouvelle stratégie », y compris l’Iran, un pays qui compte dans la région. A Kaboul on s’en dit ravi.
On est moins heureux en revanche quand Barack Obama pointe du doigt la corruption à tous les étages en Afghanistan. Hamid Karzai réagit. Il promet qu’il va continuer les efforts pour « promouvoir une bonne gouvernance » dans son pays. Le problème sera d’ailleurs très certainement au cœur de la campagne électorale pour l’élection présidentielle qui aura lieu au mois d’août prochain.
Avec notre correspondant à Islamabad, Eric de Lavarène
En mars 2004, débordée dans la zone tribale du Sud-Waziristan, l’armée pakistanaise a signé un accord singulier avec les talibans. On a pu voir à l’époque les militaires fraterniser avec les extrémistes, des extrémistes pourtant chassés quelques années avant d’Afghanistan par les forces américaines.
Plus récemment, l’Etat pakistanais considérablement fragilisé, a accepté de mettre en place la charia dans la vallée de Swat après avoir ouvert un dialogue avec des islamistes pourtant responsables d’actes criminels. Pour certains diplomates à Islamabad, des autorités politiques ne savent plus par quel bout prendre le problème taliban.
Les Pakistanais jouent leurs propres cartes
Si le président Asif Ali Zardari a bien accueilli le discours du président américain Barack Obama, c’est aussi parce que son action est critiquée de toute part. Ce sont les services de renseignement qui sont le plus souvent incriminés. L’Otan présente en Afghanistan les accuse d’aider les réseaux jihadistes. Un expert en poste au Pakistan affirmait récemment que les Pakistanais jouent après tout leurs propres cartes dans le conflit afghan. Ils savent que les forces étrangères ne stationneront pas éternellement à Kaboul, il vaut mieux alors pousser les talibans qu’ils ont formés dans les années 90, quitte à jouer avec le feu.
Les attentats au Pakistan ont fait depuis deux ans plus de 2 000 morts. L’attitude d’Islamabad vis-à-vis de l’extrémisme, dans les mois qui viennent, sera donc déterminante.
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