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Sahara occidental

Dakhla, la presqu’île veut séduire

par Léa-Lisa Westerhoff

Article publié le 30/03/2009 Dernière mise à jour le 30/03/2009 à 16:29 TU

Avec ses 40 Km de dunes de 3 à 6 km de large, la presqu’île de Dakhla à 1 700 km de la capitale marocaine et à 300 km de la frontière mauritanienne, est située en plein Sahara occidental. Une région dont le Maroc se dispute l’administration avec le front Polisario depuis plus de trente ans. Depuis quelques années, la région multiplie les initiatives pour attirer les investisseurs.
Le Sahara Occidental.(Carte : S. Borelva / RFI)

Le Sahara Occidental.
(Carte : S. Borelva / RFI)


Les drapeaux marocains bordent l’unique route goudronnée qui s’avance sur la presqu’île de Dakhla. A la sortie de l’aéroport de la ville de 50 000 habitants une banderole donne le ton : « l’autonomie est la seule option démocratique pour un développement durable de la région ». Si le droit international n’a pas encore réglé le statut juridique de cette portion du Sahara occidental, le Maroc, lui, a tranché. Les portraits du roi Mohamed VI et les drapeaux marocains qui flottent au dessus de chaque bâtiment public le rappellent. Le royaume compte bien continuer à administrer ce territoire de plus de 400 000 km², annexé en 1975 après avoir été décolonisé par l’Espagne.

Une aubaine pour les investisseurs qui voudraient s’installer sur la presqu’île, car dans une zone où le droit international n’a pas encore décidé à qui appartient ce territoire, l’implantation d’entreprises n’est pas sans enjeu politique. Depuis cinq ans les mesures incitatives sont nombreuses : le chiffre d’affaires des entreprises n’est pas imposé et un guichet unique a été créé pour simplifier les démarches administratives.

Bernard Vivien, un français de 52 ans, est le premier à être venu construire un hôtel au bord de la lagune, il y a quatre ans. A l’époque, il n’y avait qu’une seule structure pour accueillir les touristes à Dakhla : « J’ai bien senti qu’avoir un étranger qui investit c’est une sorte de moteur pour le développement touristique de l’endroit ; les autorités m’ont encouragé », explique l’entrepreneur désormais propriétaire d’un hôtel de luxe avec 44 chambres et piscine à bord débordant.

Une vingtaine de kilomètres plus loin,  deux frères Othmane et Driss Senoussi, ont construit une série de bungalows plus simples au bord de l’eau turquoise. L’endroit est déjà un spot réputé de kite surf et de planche à voile : « Toute la région sud  est une région stratégique pour le Maroc », explique Othmane Senoussi. « Ça a toujours été une région très agitée avec tous les conflits au Sahara. IL faut donc qu’il y ait des projets structurants pour qu’on ait vraiment une présence renforcée dans la région et puis tout est à faire ici », poursuit le jeune homme originaire de Rabat. Des serres de tomates, trois élevages d’huîtres, le long du goudron qui dessert la presqu’île de 40 km, les nouveaux projets sont visibles à l’œil nu.

Mais leur impact reste encore à mesurer. Certains habitants de Dakhla sont sceptiques : « Les investissements profiteront d’abord aux investisseurs. Nous attendons toujours que les infrastructures se développent », explique un instituteur saharaoui sous couvert d’anonymat faisant allusion à l’absence de salle de concert ou d’université dans la région, la prochaine se trouve à Agadir à plus de 1 000 km de là.

Enfin, la question politique demeure : « Tant qu’il y aura ce problème politique non réglé, Dakhla et le Sahara occidental auront du mal à attirer de gros investisseurs » affirme Rachid Kandy qui a démarré le premier élevage d’huitres à Dakhla il y a quatre ans.

« Mer et désert »

Depuis 2007, le festival de musique « Mer et désert » sert à encourager les visites de touristes et les investissements à Dakhla. Pendant une semaine des ateliers, des concerts et des animations servent à vanter les opportunités de la ville et de sa région. Dakhla située en plein désert vit essentiellement de sa côte poissonneuse. Le port est le 2e plus productif du Maroc juste après Agadir, à 1 000 km plus au nord. « Nous voulons montrer que nous développons notre région », explique El Mami Boussif, président de la région de 140 000 km2 et du comité d’organisation du festival. « C’est une occasion aussi de montrer aux séparatistes et au monde que nous avons choisi l’intégration dans les territoires [marocains]». Coût de l’opération 800 000 euros financés à 30% par l’Etat.

Selon les organisateurs, le festival porte ses premiers fruits : deux hôtels sont sortis de terre ces douze derniers mois et deux autres projets pour accueillir des touristes sont en cours de réalisation. En janvier 2009, soixante projets d’investissements ont été acceptés pour un montant d’environ 300 000 euros, selon le Centre régional pour l’investissement. « Le nombre de visiteurs de Dakhla a été multiplié par deux en 2008 avec 7 000 nuitées enregistrés », rappelle El Mami Boussif.