Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Conférence internationale sur l’Afghanistan

L'Iran et le Pakistan mis au premier plan à La Haye

Article publié le 31/03/2009 Dernière mise à jour le 31/03/2009 à 13:05 TU

Le président afghan Hamid Karzaï a été reçu à La Haye par le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, le 30 mars 2009.(Photo : Reuters)

Le président afghan Hamid Karzaï a été reçu à La Haye par le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, le 30 mars 2009.
(Photo : Reuters)

Moins d’un an après la conférence internationale de Paris sur l’Afghanistan, les Nations unies organisent une nouvelle conférence internationale à La Haye, aux Pays-Bas. Il s’agit pour les différents acteurs de la reconstruction de l’Afghanistan de relancer la dynamique du développement mise à mal par une intensification de la violence. Pour enrayer cette dégradation de la situation, la nouvelle administration américaine mise sur l’engagement des pays voisins de l’Afghanistan, en particulier, l’Iran et le Pakistan et demande aux pays de l’Otan de redoubler d’efforts, notamment sur le plan militaire.

De notre envoyée spéciale à La Haye, Sophie Malibeaux

Dans les jours qui ont précédé cette conférence, le président des Etats-Unis Barack Obama a dévoilé les grandes lignes de la nouvelle approche américaine du conflit en Afghanistan. Il s’agit d’une stratégie globale, incluant désormais les pays voisins de l’Afghanistan.

Le Pakistan doit intensifier la lutte contre le terrorisme

Le Pakistan figure parmi les préoccupations majeures du président américain. « Le futur de l’Afghanistan est inextricablement lié au futur de son voisin le Pakistan », a rappelé Barack Obama, mettant l’accent sur le rôle joué par al-Qaïda dont les principaux cadres sont suspectés de trouver abris à l’intérieur des frontières pakistanaises, à la limite de la frontière avec l’Afghanistan. « Le Pakistan doit donner la preuve de sa détermination à éliminer al-Qaïda et tous les extrémistes violents qui se trouvent à l’intérieur de ses frontières », a ajouté le président américain, qui toutefois, promet le triplement de l’aide au Pakistan à 1,5 milliard de dollars par an sur cinq ans.

Mais l’élément le plus novateur de cette stratégie pourrait venir de l’Iran, en dépit des importants différends qui opposent Téhéran et Washington sur le dossier nucléaire notamment.

L’Iran, porteur d’espoirs à La Haye

Avant même le coup d’envoi de la conférence, la participation de l’Iran est considérée en soi comme une « avancée » par le conseiller spécial du président américain, Richard Holbrooke. Ce serait pour l’administration américaine, un moyen d’obtenir un « engagement constructif » de ce pays capable de jouer un rôle important dans la stabilisation de l’Afghanistan, notamment sur le terrain de la drogue.

Téhéran est concerné au premier chef par l’écoulement de la production afghane d’opium, qui sert à financer les chefs de guerre et autres leaders de l’insurrection en Afghanistan et au Pakistan. Avant que ne soient abordées des questions plus sensibles, telles que l’ouverture de l’espace aérien iranien, l’Iran pourrait faire partie du groupe de contact sur l’Afghanistan que souhaiterait constituer le président Obama sur le dossier afghan.

Mais l’on ne peut pas s’attendre non plus à un changement d’attitude radical de la part du gouvernement iranien. Le vice-ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Mehdi Akhondzadeh, devrait arriver à La Haye après avoir conduit une délégation iranienne à Moscou vendredi 27 mars 2009, pour la réunion du Groupe de Shanghai. Il en profitait pour rappeler que Téhéran ne se satisferait pas de changements purement rhétoriques, mais attendait de pouvoir ressentir et mesurer l’impact du nouveau discours adopté par  Washington.

L’appel du pied aux Européens

Le président Obama -qui s’est engagé à envoyer 17 000 soldats en renfort, ainsi que 4 000 instructeurs pour la formation de l’armée afghane- attend également un renouvellement des engagements européens. Cette question des effectifs et des moyens mis en œuvre pour aider l’Afghanistan à prendre en charge sa propre sécurité, devrait être discutée à La Haye, en attendant le prochain sommet de l’Otan, début avril.

D’ores et déjà, le secrétaire général sortant de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a annoncé (dans une interview au Financial Times de ce lundi 30 mars 2009), qu’il faudrait réunir deux milliards de dollars par an pour les cinq prochaines années, pour payer les salaires et soutenir l’armée et la police afghanes, dont les équipements restent très rudimentaires.

Divergences d’approche entre Européens et Américains

Six pays de l’Union européenne (France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie et Espagne) se seraient déjà entendus pour autoriser la Force de gendarmerie européenne à soutenir les forces de police afghanes, comme l’annonçait, jeudi 26 mars 2009, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Reste à savoir sous quel commandement ces hommes seraient placés. La Haye pourrait être l’occasion pour les Européens et les Américains de confronter leurs points de vue sur ce thème. Le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer envisagerait de défendre au sommet de Strasbourg-Kehl, vendredi 3 avril 2009, l’idée d’une mission d’entraînement de la police afghane sur le modèle de ce qui s’est fait en Irak. Le secrétaire général de l’Otan plaide pour une coordination centralisée de cette force, assurée par les Américains, mais certaines voix s’élèvent en Europe pour maintenir un commandement séparé sur la gendarmerie.

Jusque-là, le gros de l’effort ayant été fourni par les Etats-Unis, une certaine méfiance règne vis-à-vis des Européens et de leur capacité à dégager les moyens nécessaires.