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Méditerranée/Immigration

Recherches difficiles pour retrouver des survivants du naufrage

par  RFI

Article publié le 01/04/2009 Dernière mise à jour le 01/04/2009 à 16:20 TU

Drame de l'immigration après le naufrage, dimanche, d'une embarcation au large de la Libye, à une trentaine de milles nautiques des côtes. Parmi les quelque 260 personnes à bord, seules 23 ont pu être sauvées. Le navire qui les transportait était en route pour l'Italie. Une autre embarcation, avec 350 personnes à bord, a été sauvée mardi par un tanker qui croisait dans la zone. Selon les autorités libyennes, les recherches restaient infructueuses mercredi pour retrouver des corps ou des rescapés du naufrage.
Arrivée au port de Tripoli d'une des quatre embarcations, avec des clandestins rescapés à bord, le 29 mars 2009.(Photo : Reuters)

Arrivée au port de Tripoli d'une des quatre embarcations, avec des clandestins rescapés à bord, le 29 mars 2009.
(Photo : Reuters)


Plus le temps passe et moins il y a de chances de retrouver des rescapés au large de la Libye. Deux cents clandestins sont toujours portés disparus depuis dimanche dernier. 21 corps ont déjà été repêchés. Si aucun autre rescapé n'est retrouvé, ce sera l'un des drames de l'immigration les plus importants de ces dix dernières années. Pour le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) c'est en ce moment que les clandestins tentent leur chance. C'est la saison, pourrait-on dire.

Comment dissuader les clandestins de tenter une traversée qui fait des centaines de morts tous les ans en Méditerranée ? L'Italie a annoncé la mise en place de patrouilles mixtes avec la Libye à partir du 15 mai. Un renforcement des contrôles qui risque toutefois de ne pas être suffisant selon l'Organisation internationale des migrations (OIM). Cet organisme redoute que les clandestins contournent les contrôles en utilisant des routes sans cesse plus dangereuses. L'OIM prône, au contraire, une politique d'assistance pour dissuader les candidats à l'exil.

Jean-Philippe Chauzy

Porte-parole de l'OIM

« Nous avons mis en place en Libye un programme d’assistance humanitaire qui permet à des gens qui reconnaissent être en situation d’échec en Libye (...) de pouvoir rentrer chez eux de manière volontaire ».

01/04/2009 par Alexandra Brangeon

Dans un communiqué, le ministre français de l’Immigration Eric Besson a déclaré, mercredi, que « ce nouveau drame de l’immigration clandestine rend plus nécessaire et plus urgente encore une coopération étroite entre l’Union européenne et les autorités libyennes pour améliorer le contrôle des frontières ».

Le phénomène des « harragas » algériens

La répression des autorités espagnoles sur les clandestins qui essayent d’atteindre les îles Canaries a renforcé le trafic vers l’île italienne de Lampedusa. En 2008, 36 000 clandestins sont arrivés en Italie depuis les côtes d'Afrique du Nord. Les candidats à l'immigration clandestine sont de plus en plus nombreux.

Illustration en Algérie : le phénomène des « harragas » dont on parle de plus en plus. Il s'agit de jeunes qui se jettent à la mer comme on saute d'une tour en feu. L’essentiel étant de partir pour l'Europe. Et à chaque fois ils brûlent leurs papiers et tentent aussi  de « brûler » les frontières à bord d'embarcations de fortune. Le phénomène s'est accentué depuis deux ans.

Ils ne sont pas rares les jeunes Algériens qui se disent prêts à tout pour aller vivre ailleurs, là où la vie est plus douce. Dans la ville d’Annaba, on a même vu un couple de médecins et un enseignant prendre la mer. Il n’y a pas que les très jeunes qui tentent l’aventure. Certains « harragas », comme on les appelle, ont trente ans, voire quarante ans.

L’expérience de Zoubir, un jeune d’Annaba, est parlante. Il a déjà réussi la traversée et séjourné à Marseille durant un an. Puis, attiré par des promesses d’aide à l’emploi des jeunes, il est rentré chez lui en Algérie. Aujourd’hui, il estime qu’on lui a menti et prévoit de reprendre la mer. Pourtant, il s’est marié et gagne sa vie comme chauffeur de taxi.

Mais partir est devenu pour lui une obsession. Le soir, il ne trouve plus le sommeil, raconte-t-il, et avec ses copains il passe la soirée à rêver de son futur voyage en Europe. Zoubir assure qu’aucun d’entre eux n’a peur des contrôles de police. Il répète que là où il veut aller on le respecte et qu’il y a les droits de l’homme. Interrogé sur le risque qu’il court en montant à bord d’une barque, ce jeune nous répond : « je n’ai pas peur, puisque je suis déjà mort ».