Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Cuba / Etats-Unis

Ebauche de dialogue

par Michèle Gayral

Article publié le 06/04/2009 Dernière mise à jour le 06/04/2009 à 17:12 TU

Cuba « n'a pas peur » de dialoguer avec les Etats-Unis. C'est ce qu'a affirmé ce dimanche Fidel Castro dans son dernier éditorial en date. Une prise de position qui intervient alors que les initiatives se multiplient côté américain pour une révision des sanctions américaines contre Cuba.

Les députés américains Barbara Lee (g) et Mike Honda font partie de la délégation américaine présente à Cuba depuis samedi 4 avril 2009.(Photo : Reuters)

Les députés américains Barbara Lee (g) et Mike Honda font partie de la délégation américaine présente à Cuba depuis samedi 4 avril 2009.
(Photo : Reuters)

Le « camarade Fidel », comme on l'appelle en toute simplicité depuis qu'il a renoncé officiellement, le 15 février dernier, à la présidence en faveur de son frère Raul, vient de livrer ses dernières « Réflexions ». Et elles portent sur ce qui est resté le sujet n°1 de la diplomatie cubaine malgré 50 ans de régime castriste : les relations – ou l'absence de relations – avec les Etats-Unis.

A Washington, le sénateur républicain Richard Lugar n'a pas craint d'irriter son propre parti en soulignant l'inefficacité de l'embargo en vigueur depuis 1962, et en réclamant tout à la fois sa révision, la réintégration de Cuba au sein de l'Organisation des Etats américains (OEA) et la nomination d'un émissaire présidentiel spécial chargé de négocier avec La Havane. Fidel Castro rend donc hommage dans son éditorial à cet homme qui « a les pieds sur terre », et il en profite pour prôner le dialogue avec le grand voisin, « seul moyen d'assurer l'amitié et la paix entre les peuples ».

Ce message d'ouverture de l'ancien « Lider Maximo » coïncide aussi avec la présence en ce moment sur l'île d'autres parlementaires américains. Sept élus démocrates de la Chambre des représentants, convaincus que « le temps est venu de parler avec Cuba », sont en effet arrivés samedi dans l'espoir de rencontrer Raul Castro. Ils ont déjà évoqué avec le nouveau ministre des Affaires étrangères cubain, Bruno Rodriguez, et avec le président du parlement, Ricardo Alarcon, l'espoir qu'a fait naître chez les partisans d'une levée de l'embargo l'arrivée à la Maison Blanche d'un président adepte du dialogue dans les relations internationales.

Barack Obama s'apprêterait déjà, à en croire la confidence d'un officiel au Wall Street Journal, à supprimer toutes les restrictions s'appliquant aux Cubano-Américains qui désirent voyager et transférer de l'argent à Cuba. Des restrictions que le Congrès a déjà assouplies il y a quelques semaines. Mais l'essentiel de l'embargo, c'est-à-dire l'interdiction pour les Américains n'ayant pas de famille à Cuba d'y faire du tourisme, ou de commercer avec l'île, resterait conditionnée aux progrès démocratiques du régime. C'est en tout cas la tonalité des propos tenus la semaine dernière à San José de Costa-Rica par le vice-président américain Joe Biden, qui venait de participer à un sommet des dirigeants d'Amérique centrale.

Car les homologues de Barack Obama en Amérique latine exercent sur Washington des pressions de plus en plus fermes en faveur d'une normalisation des relations avec le gouvernement cubain, lequel mène auprès des pays voisins une offensive diplomatique fructueuse, qui a permis à Raul Castro de recevoir à La Havane ces derniers mois une bonne dizaine de leaders de la région. L'une de ces visites, parmi les plus récentes, et quoique passée relativement inaperçue, n'en revêt pas moins une signification symbolique forte : Patrick Manning, premier ministre de Trinidad et Tobago, s'est rendu sur l'île la semaine dernière et a invité Raul Castro à un voyage retour, que celui-ci a accepté.

L'invitation est d'autant plus savoureuse que le président cubain sera dans quelques jours le seul dirigeant de tout le continent américain à être interdit de séjour à Trinidad et Tobago : cette île anglophone des Caraïbes accueille en effet à la mi-avril le Sommet des Amériques, dont Cuba est exclue, ne faisant plus partie de l'OEA. Mais Barack Obama, lui, sera là, et le nom du pays des Castro devrait souvent résonner à ses oreilles.

A écouter

Etats-Unis : la position de Barack Obama sur Cuba

Je conduirai la diplomatie avec Cuba en restant maître du choix du moment et du lieu. Mais seulement quand nous aurons l'occasion de faire avancer les intérêts des Etats-Unis, et plus important encore, de faire avancer la cause de la liberté pour le peuple cubain.

08/01/2009