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Etats-Unis / Cuba

Washington lève des restrictions visant la communauté cubaine

Article publié le 14/04/2009 Dernière mise à jour le 14/04/2009 à 14:50 TU

Le président Barack Obama a ordonné lundi la levée des restrictions qui pesaient sur les voyages et les transferts d'argent des Américains d'origine cubaine vers l'île caraïbe. Quelque 1,5 million d'Américains sont concernés. Il s'agit de la première mesure du président Obama depuis son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier, dans le sens d'un allègement des sanctions contre l'île communiste.

Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du

La décision du président Obama permet désormais aux Américains d'origine cubaine de voyager à Cuba et d'envoyer de l'argent à leurs proches restés sur l'île, sans limitation.( Photo : Reuters )

La décision du président Obama permet désormais aux Américains d'origine cubaine de voyager à Cuba et d'envoyer de l'argent à leurs proches restés sur l'île, sans limitation.
( Photo : Reuters )

« Il n’y a pas de meilleurs ambassadeurs de la liberté que les Américains d’origine cubaine », avait affirmé Barack Obama pendant la campagne, en promettant de faciliter les relations entre les exilés et leurs familles restées au pays.

Le mois dernier, le Congrès avait déjà fait un premier pas en autorisant un voyage annuel sur l'île aux Américains d'origine cubaine, au lieu du séjour de deux semaines tous les trois ans accordé par l’administration Bush.

Désormais, ils auront le droit de se rendre sur l’île aussi souvent qu’ils le veulent. La Maison Blanche lève également les restrictions à l’envoi d’argent et de cadeaux aux familles sur place, à condition toutefois qu’elles ne soient ni des membres du Parti communiste ni des responsables du régime en place.

L’annonce intervient fort opportunément, à quelques jours du déplacement de Barack Obama à Trinidad pour le sommet des Amériques. Un autre signal de la volonté américaine de changement dans l’approche des relations avec Cuba avait été donné au début du mois, avec la visite sur place d’une délégation de parlementaires démocrates qui ont rencontré Raul et Fidel Castro.

Une brèche ouverte dans l’embargo qui vise Cuba

« Dans les rues de La Havane, la manifestation la plus visible de l’embargo c’est l’état du parc automobile. Très peu de voitures modernes : elles datent toutes des années 1950. Il faut dire que 70% des Cubains ont toujours connu le blocus américain, le plus long de l’histoire moderne. »

14/04/2009 par Frédérique Misslin


Les Cubains entre ferveur et méfiance

Avec notre correspondant à Cuba, Guillaume Decamme

C’est une mesure que les cubains attendaient depuis très longtemps, l’enthousiasme n’en est que plus grand et pour bien comprendre la portée de cette décision, il faut savoir qu’un million et demi de Cubano-Américains ont de la famille à Cuba et jusqu’ici ils ne pouvaient se rendre sur l’île qu’une fois tous les trois ans et leurs envois d’argent vers Cuba étaient limités à 300 dollars tout les trois mois. Or, c’est justement cet argent, « remesas » comme on le dit à Cuba, qui permet aux Cubains de garder la tête hors de l’eau.

Ici le salaire moyen est de 20 dollars et cela permet à peine de survivre. Désormais, les proches qui sont établis aux Etats-Unis pourront envoyer la somme qu’ils souhaitent, on peut dès lors imaginer la ferveur des Cubains. Par exemple, Maria un médecin de La Havane, confesse « qu’avec l’argent que sa sœur installée à Miami va pouvoir lui envoyer, elle pourra s’acheter une maison ».

Un bémol toutefois, qui n’a rien avoir avec cette mesure, les Cubano-Américains sont tout autant affectés que le reste des Américains par la crise économique et le volume des « remesas » pourraient certainement en pâtir.

Des ambassadeurs de la démocratie

Un des objectifs déclarés de Barack Obama est de faire des Cubano-Américains les meilleurs ambassadeurs  de la démocratie à Cuba.

Ce projet se heurte à une réalité très différente : les Cubains sont très méfiants envers tout changement de système qui viendrait de l’extérieur. Cela vaut autant pour la population que pour le gouvernement de Raúl Castro et encore plus quand c’est la Maison Blanche qui en prend l’initiative.

Ainsi, lorsque Barack Obama demande un geste de la part de La Havane en exigeant la libération des prisonniers politiques, Fidel Castro rétorque que « l’agresseur est Américain et que c’est aux Etats-Unis de lever l’embargo commercial en vigueur depuis 1962 ».

Il n’empêche que bien avant que Barack Obama prenne cette décision à propos des voyages des Cubano-Américains, Washington et La Havane avaient plusieurs fois répété qu’un dialogue à ce propos était possible.