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Guinée

Les menaces du capitaine-président

par  RFI

Article publié le 16/04/2009 Dernière mise à jour le 16/04/2009 à 15:51 TU

Le président autoproclamé, le capitaine Moussa Dadis Camara, très remonté, vent-debout, mercredi après-midi, au milieu d'une foule acquise à sa cause, a tenu des propos très durs. Il s'en est pris de front à la classe politique qui, selon lui, manque de respect à l'encontre du  Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), qu'il dirige depuis sa prise du pouvoir au lendemain de l'annonce du décès du président Lansana Conté, en décembre dernier. Ces propos suscitent de nombreux commentaires à Conakry et surtout au sein de la classe politique.

Le Capitaine Moussa Dadis Camara, lors d’une réunion au Camp militaire d'Alpha Yaya Diallo à Conakry, le 27 décembre 2008.(Photo : AFP)

Le Capitaine Moussa Dadis Camara, lors d’une réunion au Camp militaire d'Alpha Yaya Diallo à Conakry, le 27 décembre 2008.
(Photo : AFP)


« Ils ont cherché le pouvoir pendant 24 ans sous le régime de feu le général Lansana Conté, ils ne l'ont pas eu, maintenant que c'est à portée de main, ils se moquent de nous et veulent nous prendre pour des je-ne-sais-quoi » a notamment déclaré, dans son allocution, le chef de la junte militaire guinéenne qui a également dénoncé « un acharnement des leaders d’opinion contre le CNDD ». Dans ce discours très virulent de plus d'une heure qu’il a prononcé lors d’un meeting populaire dans le quartier de Kaloum au centre de Conackry, le capitane Camara a laissé apparaître des signes de son éventuelle candidature à la prochaine présidentielle, théoriquement prévue le 13 décembre 2009.

Le capitaine et président autoproclamé, Dadis Camara

16/04/2009

Cette sortie virulente du président de la junte fait couler beaucoup de salive dans les milieux politiques guinéens. La menace d’ôter son uniforme et d’aller aux élections est prise très au sérieux par une importante frange de la classe politique, contrairement à d’autres qui la mettent au compte de « sauts d’humeur » du capitaine-président.

« C’est vrai, disent certains, qu’il y a des militaires au sein du gouvernement et du CNDD qui ne souhaitent pas quitter les rênes du pouvoir et qui cherchent par tous les moyens et à chaque occasion à se maintenir ». Des leaders d’opinion, interrogés par RFI, ne se reconnaissent pas dans les propos du chef de la junte qu’ils qualifient de « non-événement ». Ils expliquent, à ce sujet : « plus nous avançons vers les élections, plus la température va connaître des variations ».

D’autres, par contre, estiment que le Conseil national pour la démocratie et le développement et son président « méritent respect et considération, assistance et protection jusqu’à la fin de leur mission ». En acceptant déjà officiellement le chronogramme proposé en mars dernier par le forum des Forces vives de la nation – qui a réuni partis, syndicats et organisations de la société civile guinéenne - le capitane Dadis Camara « a fait un grand pas » qu’il faut, selon eux, « capitaliser ».

En tous les cas, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase proviendrait d’un « rapport secret » fait à Moussa Dadis Camara, au lendemain d’un entretien entre les leaders politiques et des responsables de la Banque mondiale qui se sont rendus à Conakry fin mars.