Article publié le 17/04/2009 Dernière mise à jour le 17/04/2009 à 13:56 TU
Avec notre envoyée spéciale à Port d’Espagne, Stefanie Schüler
On attend ici avec beaucoup d’attention l’arrivée du président américain cet après-midi car c’est le premier grand rendez-vous de Barack Obama avec la région. En fait, l’évènement est d’autant plus attendu que le dernier sommet des Amériques, il y a quatre ans en Argentine, a été un désastre avec le départ anticipé du président George Bush. Faire oublier l’ère de son prédécesseur qui s’est désintéressé du reste du continent américain au profit des guerres en Afghanistan et en Irak, est précisément le défi politique auquel s’attaque, ici, Barack Obama.
Pour ouvrir une nouvelle page des relations entre Washington et ses voisins du sud, le président va, comme il l’a déjà fait lors de sa tournée européenne, éprouver sa nouvelle stratégie diplomatique : « être à l’écoute et tendre la main à ses adversaires », notamment à la gauche latino-américaine qui tient un discours ouvertement anti-américain, avec à sa tête le président vénézuélien.
Dans l’ordre du jour, on trouve des dossiers cruciaux comme la sécurité régionale, la crise énergétique ou encore la dégradation de l’environnement. Mais le sujet qui préoccupe le plus les pays latino-américains, c’est bien sûr la crise économique et financière mondiale. Les voisins de Washington ne veulent en aucun cas faire les frais des erreurs commises par les milieux financiers américains, d’autant plus que l’économie régionale devrait entrer en récession cette année alors qu’elle avait enregistré durant six années consécutives une croissance constante d’environ 6%.
L’inquiétude des Américains
A Washington, on craint en effet que la crise économique se transforme dans les pays les plus pauvres de la région en crise sociale et même politique. Malgré les progrès significatifs réalisés dans la lutte contre la pauvreté, l’Amérique latine reste le continent qui compte les plus grandes inégalités au monde, selon une étude des Nations unies.
Pour rassurer ses homologues latino-américains, on s’attend donc à ce que Barack Obama annonce à Trinité-et-Tobago la mobilisation des fonds du FMI et des banques régionales, ainsi que l’ouverture du marché américain aux produits de la région.
Pour ce petit pays d’un million et demi d’habitants, ce sommet des Amériques est un véritable évènement.
Riche en pétrole Trinité-et-Tobago est le pays le plus industrialisé des Caraïbes.
( Photo : Reuters )
La petite république de Trinité-et-Tobago ne compte que 1 700 lits d’hôtels alors que l’on attend aujourd’hui 4 à 6 000 visiteurs. Rien que la délégation américaine arrive avec environ 1 000 participants, celle du Venezuela avec 200 personnes. Pour loger tout le monde, les autorités ont fait venir deux énormes bateaux de croisière qui ont jeté l’ancre à deux pas du centre du congrès.
Jouer dans la cour des grands
Riche en pétrole Trinité-et-Tobago est le pays le plus industrialisé des Caraïbes, avec une économie qui se porte plutôt bien. Le gouvernement a donc décidé de profiter de ce sommet pour impressionner davantage.
Depuis que Trinité-et-Tobago a été choisi, il y a trois ans, pour accueillir le cinquième sommet des Amériques, il n’a pas hésité à mettre la main à la poche. Rien que le centre-ville de la capitale, Port d’Espagne, a bénéficié d’un embellissement d’environ quatre cents millions d’euros. Trois nouveaux gratte-ciel de luxe ont été construits dont l’hôtel El-Hayat où se déroulera le sommet. Les façades de bord de mer ont été repeintes avec des motifs des Caraïbes, de nouveaux palmiers ont été plantés.
Et pour ne pas gâcher cette bonne impression générale, un mur a été dressé le long de l’autoroute qui mène les chefs d’Etat de l’aéroport au centre-ville. Ce mur a d’ailleurs suscité une polémique chez les habitants de Port d’Espagne, car, derrière se trouve l’un des bidonvilles de la capitale.A lire