par Myriam Berber
Article publié le 23/04/2009 Dernière mise à jour le 24/04/2009 à 10:05 TU
Selon le FMI, le Japon connaît en 2009 un recul sans précédent de son produit intérieur brut de 6,2%.
(Photo : Reuters)
Les économistes du FMI ont, une nouvelle fois, révisé à la baisse leurs prévisions économiques pour 2009. La croissance mondiale sera en recul de 1,3%, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. En janvier, l’organisation jugeait qu’une progression de 0,5% était encore possible. Le FMI, qui a publié, mercredi 22 avril 2009, ses « Perspectives de l'économie mondiale », estime que « l'économie mondiale traverse une grave récession causée par une crise financière massive et une perte de confiance aiguë ».
Parmi les principales économies occidentales, le Japon connaît un recul sans précédent de son produit intérieur brut (PIB) de 6,2%. Deux facteurs expliquent la dégradation de la deuxième économie mondiale : la faiblesse des dépenses d’investissements et le recul des exportations. La zone euro s’enfonce également dans la récession avec un repli du PIB de 4,2%. L'économie américaine devrait se contracter de 2,8% « même si le rythme de sa dégradation devrait ralentir au deuxième trimestre et après », estime le FMI.
Chute du commerce mondial
Dans le bloc des pays émergents, la Chine et l’Inde restent en croissance positive, avec 6,5% et 4,5% respectivement. En revanche, l’économie de la Russie devait se contracter de 6%. Pour le FMI, le resserrement du crédit a provoqué un effondrement économique de la Russie, déjà pénalisée par l’affaiblissement de la demande mondiale et la baisse des prix du pétrole. La crise, née dans les pays riches, affecte également les pays en développement. L’Amérique latine et l’Afrique pâtissent de l’impact de la récession mondiale, en termes de baisse de commandes, de disparition de l’investissement étranger et de chute des transferts de devises envoyées par les travailleurs émigrés.
Cette récession se fait sentir également sur le commerce mondial. En 2009, le FMI s’attend à un effondrement de 11% des échanges commerciaux, alors qu’il prévoyait un repli de seulement 2,8% en janvier dernier. Une situation lourde de conséquences pour les pays émergents comme l’explique Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI : « Le sort des pays émergents dépend beaucoup de ce qui se passe dans les économies développées : leurs exportations ne se rétabliront que lorsque la demande reprendra dans les économies développées et ils n’y peuvent pas grand-chose ».
Facture de la crise : 4 054 milliards de dollars
Autre chiffre alarmant : le FMI estime à 4 054 milliards de dollars le coût de la crise pour la finance mondiale sur la période 2007-2010. Le FMI prévient au passage que la stabilisation des marchés financiers sera plus longue qu'initialement prévu.
Le rapport du FMI, prélude aux assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se tiendront les 25 et 26 avril 2009 à Washington, invite les gouvernements à plus d’audace dans la gestion de la crise. Pour l’organisation, les mesures de relance devraient être maintenues voire accrues en 2010, car « tout retrait prématuré des stimulants économiques risquerait d’entraver la reprise ». Une reprise qui devrait être « très lente ».
Comment aider les pays les plus vulnérables ?
Les responsables du FMI et de la Banque mondiale se demandent comment appliquer concrètement les mesures annoncées par le G20 au début du mois, notamment la promesse de vendre une partie du stock d’or du FMI pour aider les pays les plus pauvres. Six milliards de dollars ont été promis, mais Dominique Strauss Kahn, directeur général du FMI, admet que les choses sont difficiles à mettre en place.
« Ces six milliards existeront... à des taux d'intérêt extrêmement faibles et le problème, puisque l'on bonifie, c'est de trouver de l'argent pour le faire. C'est là qu'intervient le problème des ventes d'or... »
55 milliards de dollars destinés aux projets d'infrastructures
« En Amérique latine nous estimons que chaque milliard dépensé dans les projets ruraux et d'entretien des routes, peut permettre la création de 200 000 à 500 000 emplois à travers la création de micro-entreprises. »
A lire
« Le FMI demande des efforts considérables dans le nettoyage du secteur bancaire pour que le crédit circule de nouveau, que les entreprises aient des crédits pour investir... or aujourd'hui ça ne fonctionne toujours pas... les canaux de circulation sont gelés à cause des fameux actifs toxiques.»
24/04/2009