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Crise financière

L’Amérique latine, nouvelle victime

par Myriam Berber

Article publié le 26/03/2009 Dernière mise à jour le 27/03/2009 à 11:42 TU

La crise financière, née aux Etats-Unis, s’est propagée à l’Europe, est en train de gagner les pays d'Amérique du Sud.(Carte : RFI)

La crise financière, née aux Etats-Unis, s’est propagée à l’Europe, est en train de gagner les pays d'Amérique du Sud.
(Carte : RFI)

La crise financière, née dans les pays riches, affecte désormais l’Amérique latine. Tout le continent pâtit de l’impact de la récession américaine, en termes de baisse de commandes, de disparition de l’investissement étranger et de chute des transferts de devises envoyées par les émigrés.
Il y a encore quelques mois, l’Amérique latine pensait pouvoir limiter les effets de la crise financière. Le Fonds monétaire international (FMI) estimait encore en janvier dernier que la région allait connaître en 2009 une croissance de 1,1% et qu’en 2010 elle décollerait à 3%. Aujourd’hui, les estimations ne sont plus aussi optimistes. Et même s’il ne chiffre pas cette récession, le directeur du FMI  pour la région Nicolas Eyzaguirre indique que la « situation est assez délicate » et que « les perspectives pour 2010 sont médiocres ». 

La crise, qui est née aux Etats-Unis, puis s’est propagée à l’Europe, est en train de gagner les pays de la région. La plupart de ces Etats n’ont pas investi directement dans les fameux « subprimes » (crédits hypothécaires à risques) à l’origine de la tourmente, mais, par contagion, ils sont confrontés aux mêmes problèmes de liquidités bancaires et à un véritable ralentissement économique. Celui-ci a commencé à se manifester nettement au troisième trimestre de l’année 2008, avec la diminution des exportations et des cours de l’or noir, la dévaluation des monnaies et la dégringolade des envois d’argent ou « remesas » par les émigrés latino-américains.

Des effets sur l’économie réelle.

Le Brésil, la plus grande économie de la région, commence à accuser le coup. Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 3,6% au quatrième trimestre 2008, par rapport aux trois mois précédents, la pire performance depuis 1996. L’impact de la crise commence à se faire sentir sur l’économie réelle. La consommation des ménages a reculé de 2% au premier trimestre 2009. L’Etat de Sao Paulo, le principal pôle industriel du pays, a perdu 236 000 emplois entre octobre 2008 et février 2009.

La situation n'est guère meilleure pour le Venezuela dont la croissance est très liée aux exportations pétrolières. L’industrie pétrolière, numéro un du pays, est frappée par un effondrement des prix. Le baril d’or noir qui s’échangeait en juillet 2008 à plus de 140 dollars, a du mal à décrocher des 50 dollars. Du fait de la chute des cours mais aussi des baisses de production décidées dans le cadre de l’Opep, le Venezuela a dû se résoudre à réduire son budget national de près de 7%.

Chute des « remesas »

A l’instar du Venezuela, l’Equateur et le Mexique souffrent également de la chute du cours du pétrole. Tous les indicatifs virent au rouge pour le Mexique qui paye sa dépendance à l’égard des Etats-Unis, destination de 80% de ses exportations. La chute des « remesas », les devises qu’envoient les émigrés, affecte également l’économie. Au Mexique, ces transferts constituent la deuxième source de devises après les exportations de pétrole. Les autorités estiment qu’elles pourraient diminuer de 2,5 milliards de dollars cette année, soit plus de 10% du total transféré en 2007.

Reste que l’Amérique latine dispose d’atouts pour s’en sortir. Des grands pays comme le Brésil, le Venezuela et le Mexique ont en effet tous remboursé leurs dettes au FMI. Ces puissances comptent également de grandes ressources minières, agricoles ou pétrolières.